Me Rutnah : Il Faut une Réforme en Profondeur dans le Judiciaire et la Police

9 years, 1 month ago - March 02, 2015
Me Rutnah : Il Faut une Réforme en Profondeur....
Satyaprakashsing Rutnah ou Ravi pour les intimes, est député de la circonscription N° 7 (Pamplemousses-Rivière-du-Rempart).

Colistier de sir Anerood Jugnauth et Vishnu Luchmeenaraidoo, il est également Deputy Chief Whip de la majorité gouvernementale. Cet ex-membre du Mouvement militant mauricien (MMM) fait notamment partie de l’équipe du Muvman Liberater (ML) dirigé par le vice-Premier ministre et ministre des Utilités publiques, Ivan Collendavelloo.

Dans l’interview qui suit, cet avocat revient sur son parcours lors des dernières élections générales et livre ses impressions sur la situation qui prévaut au sein du Parti travailliste (PTr) et au sein du MMM. En outre, dans le cadre des débats portant sur le discours-programme, le troisième député de la circonscription N°7, parle de la nécessité de mettre sur pied un Judicial Complaints Bureau pour le contrôle de conduite des juges et des magistrats et préconise une réforme en profondeur au sein de la police. Il s’exprime aussi au sujet de l’abandon du système d’accusation provisoire mais insiste que ce n’est toufetois pas prévu pour bientôt. – Propos recueillis par Jean-Denis Permal

>Vous avez recueilli plus de 61% de suffrage dans la circonscription N° 7 (Piton-Rivière-du-Rempart) lors des dernières élections générales. A quoi attribuez-vous cette performance ?

D’abord, je dois préciser que je ne suis pas un inconnu de la circonscription N° 7. Je pense que ma bonne performance dans cette circonscription lors des dernières élections générales, est surtout due au fait que je sois une personne de proximité. Je suis, en effet, un candidat de proxi-mité, accessible aux habitants de ma circonscription. D’ailleurs, je côtoie tout le monde dans ma circonscription. En sus de cela, je suis le colistier d’un des plus grands, sinon le plus grand homme politique, que le pays ait jamais connu en l’occurrence, Sir Anerood Jugnauth et du plus grand ministre des Finances de Maurice en la personne de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Par conséquent, ces trois aspects ont, certes, contribué, à une victoire sans appel de 3-0 dans la circonscription.

De plus, mon combat pour une île Maurice meilleure a été fait au niveau de ma circonscription aussi bien que sur le plan national. Et bon nombre de personnes savent que mon combat était avant tout dirigé contre le système préconisé par l’ancien régime, pour le respect des droits fondamentaux de l’homme et pour la liberté de la presse, etc. Sans compter que les habitants de ma circonscription connaissent aussi très bien ma famille qui est très ancrée et impliquée dans la circonscription N° 7. A vrai dire, ils me voient tous, dans la circonscription, comme étant un fils de la localité, qui a fait beaucoup de sacrifices pour devenir l’homme qu’il est aujourd’hui. Aussi, il est bon de rappeler que sur le plan politique, j’ai également fait carrière dans le régional du MMM dans la circonscription N° 7. L’écart entre moi et le quatrième candidat de la défunte alliance PTr-MMM est de 10 000 voix dans cette circonscription.

>Maintenant que vous êtes devenu député de la circonscription, quel constat faites-vous de la situation sur le terrain ?

Depuis que l’alliance Lepep a pris le pouvoir, je dois dire que le ‘mood’ dans le pays a changé. La population n’est plus stressée. Le sourire est revenu aux lèvres des Mauriciens. Mais cela ne s’arrête pas là. Maintenant les attentes sont beaucoup plus grandes du côté de la population, sur les plans social et économique. Cela fait seulement trois mois depuis que nous sommes au pouvoir et nous avons déjà commencé à implémenter un certain nombre de promesses électorales. Parmi, l’on compte l’inclusion sociale et l’amélioration du pouvoir d’achat de la po-pulation. La pension de vieillesse est déjà passée à Rs 5 000 et les pensions des veuves et des orphelins ont été, elles aussi, ajustées en conséquence.

Par ailleurs, la classe laborieuse a eu droit à une compensation salariale de Rs 600. Nous avons aussi revu les terres de l’Etat qui avaient été louées à bail aux industriels qui n’ont rien fait jusqu’ici. Je cite l’exemple des terres de Jin fei à Riche-Terre. Le gouvernement sortant avait berné la population avec ce méga-projet industriel qui devait créer 40 000 emplois. Et rien n’a été fait à la fin de leur mandat. Nous avons également repris les terres allouées aux promoteurs de Neotown et nous avons résilié le contrat de Betamax qui coûtait au pays beaucoup trop d’argent pour le transport des carburants. Maintenant, le ministre des Finances est venu annoncer qu’il mettra à la disposition des jeunes, une somme de Rs 10 milliards, et ce pour qu’ils puissent démarrer leurs business, sans pour autant s’inquiéter des garanties bancaires insurmontables.

>Vous qui êtes député du Parlement, quel regard portez-vous sur la performance de l’opposition actuelle ?

Le Parti travailliste ne dispose que de quatre députés actuellement. Le PTr qui, par le passé, revendiquait d’être le plus grand parti de l’île Maurice ne représente désormais que 4 % de l’électorat. De plus, le deuxième petit parti à Maurice actuellement est le Mouvement militant mauricien. En effet, le MMM se fait maintenant ronger de l’intérieur, car les membres de ce parti ne sont pas d’accord avec la ligne directive de leur leader, Paul Bérenger. Alors que le député Jean-Claude Barbier a, lui, élevé sa voix, d’autres souffrent encore à l’intérieur du parti, à l’instar de Joe Lesjongard. Je suis d’ailleurs parfaitement d’accord avec Steve Obeegadoo qui a refusé un poste de dernier larron au sein du parti, alors qu’il a été auparavant secrétaire général. En effet, en faisant l’alliance avec le PTr, Paul Bérenger savait d’ores et déjà qu’il commettait une grave erreur, car le PTr était en perte de vitesse. C’est d’ailleurs pour cela qu’il avait demandé aux militants d’oublier le passé. Mais maintenant, avec cette cuisante défaite lors des dernières élections, Paul Bérenger ne sait plus quel visage montrer aux militants. De plus, les mesures contenues dans le discours-programme de l’alliance Lepep n’ont fait qu’enfoncer le clou davantage dans le cercueil de l’opposition. En effet, il n’y a qu’à écouter les discours des parlementaires de l’opposition. Tout le monde est félicitent le travail qu’accomplit le gouvernement. Rajesh Bhagwan, Ezra Jhuboo, Franco Quirin, Ritesh Ramful, tous ces parlementaires de l’opposition ont trouvé que le discours-programme contient des mesures concrètes qui aideront à amélio-rer la qualité de la vie des mauriciens.

>Il me semble que le leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, veut récupé-rer Jean-Claude Barbier au sein de son parti. Qu’en pensez-vous ?

Le leader du parti, Ivan Collendavelloo, n’a pas, pour ainsi dire, lancé un appel à Jean-Claude Barbier pour qu’il intègre le ML. Ivan Collendavelloo, Jean-Claude Barbier et moi-même avons l’habitude de nous parler en tant qu’ancien militant du MMM. Nous sommes donc toujours amis avec ce dernier. Nous n’encourageons pas le transfuge au sein du ML. De l’autre côté, je pense que le ML a un bel avenir devant lui, c’est pourquoi je le dis dès maintenant, que ceux qui se sentent frustrés au sein du MMM et du PTr, commencent à se rallier au ML. Au niveau du parti, nous avons déjà commencé à organiser une série de réunions sur le terrain. En effet, nous avons été, la semaine dernière, à Gris-Gris pour une campagne d’explications et nous sommes en train d’organiser davantage de réunions de notre parti sur le terrain.

>Vous avez frappé fort durant la dernière campagne électorale. Vous avez dit que vous ne vouliez pas d’un “Premier ministre bibelot” en la personne de Paul Bérenger. Pourquoi avez-vous dit cela ?

Je maintiens toujours ce que j’ai dit. J’avais, en fait, déclaré que si par malheur Paul Bérenger devait devenir Premier ministre par le biais de l’alliance PTr-MMM, le rôle de ce dernier aurait été réduit à celui d’un bibelot, voire un paillasson pour la simple et bonne raison qu’il aurait été tenu en otage entre les mains de Navin Ramgoolam. L’ancien Premier ministre aurait joui d’une immunité indescriptible avec beaucoup de pouvoirs. On aurait eu droit à un pays dirigé par un dictateur où le Serious Fraud Office aurait été utilisé comme mesure d’oppression pour persécuter les politiciens, comme cela avait été le cas avec l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) dans le passé. Avant même de songer à gagner les élections, Paul Bérenger avait commencé à menacer les journalistes et menaçait même de s’en prendre aux radios privées. La liberté d’expression aurait été réduite à néant si jamais Navin Ramgoolam et Paul Bérenger avaient été au pouvoir aujourd’hui.

>Maintenant que vous êtes devenu député, seriez-vous en faveur d’obtenir un maroquin ministériel ?

J’aime le poste de député que j’effectue actuellement. Etre ministre et député, pour moi cela ne fait pas de différence. Ce qui incombe pour moi, c’est de servir mon pays et les habitants de ma circonscription. Ministre ou pas, le travail doit se faire, car c’est le peuple qui a voté pour qu’on puisse faire partie du gouvernement. Je suis député et je suis également Deputy chief whip. Il faut savoir que récemment, mon leader m’avait offert un portefeuille ministériel. J’avais toutefois répondu que je n’étais pas intéressé pour le moment, car au sein du parti, il y a des gens plus ‘seniors’ qui méritent amplement un maroquin ministériel. Je pense que lorsque mon heure viendra, j’accepterai alors volontiers un maroquin ministériel pour continuer à servir mon pays.

>Lors de votre intervention la semaine dernière au Parlement sur le discursprogramme, vous avez évoqué la nécessité d’une reforme en profondeur au sein de la police et du judiciaire. Pouvez-vous nous en dire plus?

J’avais débuté par mon intervention pour dire que la télécommunication informatique est le moteur de la modernisation de notre pays. En effet, selon moi, les télécommunications feront de Maurice un pays phare dans cette partie du monde. Les télécommunications constituent un outil pour nous rapprocher davantage du reste du monde. J’avais aussi préconisé, dans mon discours, une réforme en profondeur de nos institutions, tels que le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), la police et le judiciaire. Je pense qu’il faut moderniser encore plus la force policière. Il faudra également revoir le mode de recrutement au sein du DPP, dont la façon de recruter les magistrats, les juges, les prosécuteurs et le Solicitor General. Il faudra aussi à mon avis venir de l’avant avec la mise sur pied d’un Judicial Complaint’s Bureau, ceci surtout afin d’avoir un contrôle sur la conduite des juges et magistrats. Par ailleurs, les cours de justice devraient aussi être équipés de caméras de surveillance et des équipements adéquats pour enregistrer le déroulement des travaux dans les Cours de justice. Donc, pour revoir tout cela, il faudrait créer un High Powered Committee pour apporter des réformes nécessaires dans le judiciaire pour qu’il reflète la réalité.

>Seriez-vous en faveur de l’élimination des charges provisoires logées à l’encontre d’un suspect ?

Les charges provisoires ont été introduites depuis l’ère coloniale pour persécuter les individus. Ce système est malheureusement toujours en vigueur à Maurice. Cependant, ce système a fait son temps, tout comme les vieux bâtiments en décrépitude de l’ère coloniale qui sont d’ailleurs toujours utilisés comme Cour de justice. Oui, je pense qu’un jour, il faudrait abandonner le système d’accusation provisoire. Mais pas maintenant, car l’ancien régime a utilisé ce système comme mesure d’oppression. Le leader du MSM, Pravind Jugnauth en a fait les frais. J’ai été moi-même arrêté par la police. Une vingtaine de CID et une équipe héliportée m’ont arrêté à cause de ce système d’accusation provisoire. Donc, que ceux qui ont utilisé ce système d’oppression en fassent maintenant les frais. Ils sauront enfin, le tort que cela peut causer aux gens.

Text by Le Matinal

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