Il faudra trouver d’autres moyens de produire de l’énergie dès 2018. En attendant, des mesures intermédiaires doivent être appliquées afin de faire face à la demande en hausse car il risque bien d’y avoir des «Capacity Gaps» (lorsque le pays n’arrive pas à répondre à la demande en période de pointe) durant la période 2015-2017. C’est là le constat de la Banque mondiale qui a livré son rapport sur le secteur énergétique. Parmi les mesures proposées : une réduction du voltage durant cette période.
Cette réduction devrait être appliquée uniquement durant les heures de pointe, indiquent les experts de la Banque mondiale. Ils soulignent, du reste, dans un précédent rapport, que la demande pourrait baisser de 5% en appliquant cette solution. Or, des réductions plus importantes peuvent être réalisées puisque la plus forte demande de courant vient surtout du secteur commercial, arguent-ils. «Il faut que Maurice évalue jusqu’à quel point le pays peut réduire le voltage et ce, dès début 2016. Cela permettra de réduire la pression lorsque la demande est au plus fort», recommande la Banque mondiale.
Autre mesure préconisée : qu’un plan de maintenance soit élaboré afin de ne pas pénaliser la production. D’autant plus que les IPP procèdent à un tel exercice en dehors de la saison de coupe et que c’est justement à cette période que la consommation d’énergie est à son niveau le plus haut, soit, en été avec l’utilisation de climatiseurs.
Evoquant le partenariat avec les IPP comme recommandé par la Banque mondiale, le ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo, indique, lui, que le CEB est déjà en négociation avec Beau-Champ ou encore Omnicane. Pour lui, le CEB est sur le bon chemin car les mesures préconisées par la Banque mondiale «se exactement sa ki CEB inn fer».
L’Etat a également déjà avancé sur le projet de centrale fonctionnant à base de gaz naturel liquéfié. Un appel à expression d’intérêt vient d’être lancé pour une étude de faisabilité.
Cette nouvelle centrale, aussi appelée «Combined Cycle turbine Plan» alliant turbine à combustion et turbine à vapeur, aura à terme une capacité de production de 150 MW. Et dans un premier temps, elle fonctionnera à l’essence. La conversion vers le gaz naturel liquéfié s’étalera sur une période de 3 à 4 ans, l’obstacle majeur actuel étant le stockage du gaz dans le port.
Le lieu a déjà été délimité : les Salines de Port-Louis. Ce site a été privilégié en raison de sa proximité avec le port qui sera un avantage quant à l’approvisionnement en essence. La distance avec la centrale de Saint-Louis pour l’évacuation du surplus d’électricité a aussi été décisive.
Des consultations publiques
Un point sur lequel la Banque mondiale s’est appesantie porte sur la nécessité de consultations publiques quant à la politique énergétique du pays. «La meilleure approche quant à l’extension de la capacité de production du pays reste des consultations publiques formelles sur ce sujet si sensible pour l’environnement et la société. Cela devrait être la priorité immédiate de Maurice», insistent les experts.
Sur le long terme
Les mesures définies pour la période 2015-2017 afin de pallier ce que la Banque mondiale appelle le «capacity gap» ne suffiront cependant pas sur le long terme. Pour les experts, il faut enclencher les procédures afin de mettre sur pied d’autres moyens de production d’énergie avant janvier 2016 pour un résultat dès 2018 notamment, puisque le projet CT Power n’a pas abouti.