La Bourse «Continuera» de Chuter Après 2015

8 years, 4 months ago - November 24, 2015
La Bourse «Continuera» de Chuter Après 2015
La priorité : déterminer les raisons qui poussent les investisseurs étrangers à migrer vers d’autres marchés financiers. On évoque la dépréciation de la roupie face au dollar américain.

Mais les spécialistes sont unanimes : le phénomène de désinvestissement, qui frappe les places financières, n’est pas près de s’arrêter.

Jusqu'ou ira la chute de la Bourse de Maurice ? C’est la question que se posent courtiers et spécialistes financiers actuellement. D’autant plus que le principal indice, SEMDEX, ne cesse de baisser, ayant perdu un peu plus de 12 % de sa valeur depuis le début de l’année. D’ailleurs, vendredi il s’affichait à 1 816,34 points.

Alors, s’agit-il d’une simple correction du marché ou de l’effet d’une crise conjoncturelle internationale? Prem Beejan, un conseiller indépendant en investissement, y voit une combinaison des deux facteurs. Pour lui, c’est la vente des titres détenus par des investisseurs étrangers qui a précipité le marché boursier dans cette chute vertigineuse.

«Les investisseurs craignent le pire, surtout en ce qui concerne la valeur de leurs investissements suivant la dépréciation de la roupie vis-à-vis du dollar.» Du coup, explique Prem Beejan, ils préfèrent se retirer et engranger des bénéfices sur les titres vendus, en attendant que les marchés se stabilisent dans d’autres zones géographiques.

La preuve, en un an, c’est-à-dire d’octobre 2014 à octobre 2015, nombre d’étrangers se sont désengagés du marché boursier. Ils ont vendu les titres qu’ils détenaient dans les deux principales banques, MCB Group (MCBG) et SBM Holdings (SBMH), ainsi que dans des groupes hôteliers, tels que NMH Ltd, pour un montant total de Rs 9,5 milliards. Les investisseurs étrangers ont, certes, acquis Rs 4 milliards de titres, entre-temps. Mais ils en ont vendu plus qu’ils n’en ont acheté.

Pour d’autres spécialistes, comme Ajay Gujadhur, les investisseurs étrangers ont commencé à vendre massivement à partir d’octobre 2014. Soit quelques semaines avant que Moody’s ne rabaisse de deux crans la note des deux principales banques du pays listées en Bourse. «Du coup, ces titres ont quitté les portefeuilles d’investissements de certains fonds, contraignant ainsi des investisseurs à vendre ou, à défaut, réduire leur degré d’exposition aux deux valeurs bancaires MCBG ou SBMH», indique l’analyste financier.

Mauvais signal

Et certaines décisions, prises au sommet de l’État, n’ont pas aidé à rassurer le marché. À commencer par la série de mesures, annoncées par le ministre des Finances lors du dernier exercice budgétaire et visant à réglementer le business des jeux. Parmi, l’on compte la suppression de la publicité autour de la Loterie nationale et l’interdiction de vendre des cartes à gratter.

Résultat des courses : le cours des actions de Lottotech a enregistré une forte baisse. Depuis le début de l’année – surtout depuis mars –, il a chuté de plus de 70 %. Cette dégringolade implique que si un petit porteur avait, par exemple, investi Rs 100 000 dans cette société en janvier, il se serait, aujourd’hui, retrouvé avec un fonds évalué à seulement Rs 30 000. Raison pour laquelle, souligne un courtier interrogé, de nombreux petits porteurs se sont désengagés auprès de Lottotech pour éviter que la valeur de leurs investissements ne se réduise comme peau de chagrin.

Une des priorités des spécialistes, pour l’heure, est de déterminer les raisons qui poussent les investisseurs à migrer vers d’autres marchés financiers. «Il y a forcément un lien avec le fait que la roupie se soit dépréciée de 12 % face au billet vert, depuis le début de l’année. Cette situation est loin de rendre attrayant le marché des capitaux. Notamment pour quelqu’un qui a converti ses investissements libellés en dollars en roupies», analyse l’économiste Swadicq Nuthay.

Mais il existe d’autres raisons, comme le mood général des stakeholders ou encore l’environnement économique du pays. Des conditions qui sont loin d’inciter les investisseurs à prendre le risque d’investir dans la Bourse de Maurice.

Une chose est sûre : ce phénomène de désinvestissement, qui frappe toutes les places financières, n’est pas près de s’arrêter. Notamment en raison des pressions exercées sur la valeur du dollar américain. «Avec la normalisation du taux d’intérêt aux États-Unis – qui devrait intervenir bien avant 2016 –, tous les spécialistes mondiaux s’attendent à ce qu’après sept ans, la Federal Reserve Bank réajuste son taux d’intérêt pour l’amener à 25 points de base», constate l’analyste financier Ajay Gujadhur.

Or, si cette décision intervient, la valeur du dollar pourrait grimper davantage. Celui-ci serait alors appelé à s’apprécier face à d’autres devises, comme l’euro, le yen et les monnaies de pays émergents comme le yuan, la roupie indienne et le peso brésilien. La dépréciation de la roupie mauricienne est, quant à elle, liée à des facteurs internes.

Selon Ajay Gujadhur, il est évident qu’une hausse du taux d’intérêt aux États-Unis, qui est d’ailleurs accueillie avec inquiétude par le marché là-bas, pèserait lourd sur la croissance américaine. «Celle-ci est encore fragile même si un début de reprise est ressenti. Mais les risques inflationnistes aux États-Unis sont réels, surtout l’impact des logements locatifs sur les coûts de la vie. Les spécialistes prévoient que le taux d’inflation aux États-Unis devrait atteindre 1,5 % à 2 % d’ici 2016.»

Text by lexpress.mu

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