Cependant, l’agence a maintenu la notation BAA1 car elle estime que l’économie mauricienne s’est montrée résiliente face à un environnement extérieur peu favorable.
Ce rapport, rédigé par Lucie Villa, assistante vice-présidente de Moody’s, a été rendu public sur le site de l’agence ce vendredi 29 mai. Il revêt toute son importance à la suite de la crise intervenue après la résiliation du permis d’opération de la Bramer Banking Corporation et la chute de sa holding, la BA Investment. Une crise qui démontre, selon le rapport, les défis auxquels les autorités de supervision sont appelées à se confronter.
L’agence rappelle que le dernier rapport de Financial System Stability Assessment du FMI, en décembre 2008, recommandait que des progrès soient faits afin d’améliorer le système de régulation, plus particulièrement au niveau du secteur bancaire. Il identifiait aussi les délais et les défis liés à la supervision.
Établissant la genèse de la crise financière à la BAI Co. Ltd et la BA Investment, Moody’s s’attend à ce que les autorités rendent publiques toutes les informations relatives à cette affaire. D’autant plus que ce cas met en évidence des failles dans la capacité de réglementation et de supervision de ces mêmes autorités.
L’agence de notation écrit : «While regulation imposes a limit on related parties exposure, the BAI has been known by the FSC to be breaching this requirement for several years. Related parties exposure was reduced at the request of the supervisory body, from its 85% (of total assets) level to 58% lately, but remained well above the 10% regulatory requirement.»
Du coup, la décision du gouvernement de sauver les détenteurs de police d’assurance aura eu le mérite d’être rapidement appliquée, estime Moody’s. Ont pu ainsi être évités des scènes de panique et un «run» vers les dépôts. En revanche, cette démarche a augmenté l’aléa moral.
Pour expliquer la note Baa1 qu’elle a attribuée à Maurice, Moody’s s’appuie sur l’économie diversifiée et à hauts revenus. Notamment sur la capacité du pays à attirer des investissements directs étrangers dans un certain nombre de secteurs (finances, tourisme et immobilier) et à sa stratégie de diversification des exportations.
C’est pourquoi l’agence de notation accorde une note stable aux perspectives économiques du pays. «The economic outlook remains healthy, helped by accommodative policies», écrit Lucie Villa. Elle prévoit que la croissance économique en 2015 et 2016 tournera autour de 3,6 % – une prévision inférieure à celle établie par le nouveau gouvernement dans son exercice budgétaire 2015-2016.
Par ailleurs, Moody’s juge élevée la capacité institutionnelle du pays (High +) sur la base des indicateurs de bonne gouvernance définis par la Banque mondiale. L’agence se réjouit à cet effet de la position de Top Performer par rapport à l’indice Mo Ibrahim en Afrique.
En revanche, l’agence montre du doigt la gouvernance des entreprises publiques. Elle cite le Word Economic Forum qui a identifié l’inefficience bureaucratique du gouvernement comme la principale contrainte affectant le «ease of doing business».
Quant à la dette, Moody’s est d’avis qu’elle est modérément élevée mais soutenable. Fin 2014, la dette gouvernementale représentait 56 % du PIB contre 44 % en 2008. La dette, selon l’agence de notation, est essentiellement en monnaie locale, ce qui réduit son exposition à des risques liés au taux de change.
Toutefois, Moody’s reconnaît qu’elle est élevée par rapport aux autres pays ayant une note Baa, le ratio dette-revenu étant le plus fort parmi ceux-ci. Par conséquent, l’agence a revu cette note à la baisse.
Quant aux risques de manque de liquidité, Moody’s estime qu’il n’y en a pas, vu que le gouvernement a accès à un large fonds de financement domestique. Parallèlement, les autorités ont déployé des efforts pour rehausser le profil de maturité de la dette, réduisant ainsi les risques de manque de liquidité du gouvernement. Commentant ce rapport hier, le ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo a déclaré que selon Moody’s, Maurice fait partie des dix pays ayant la croissance potentielle la plus soutenue.