Dans les milieux concernés, l’on indique que le Nine-Year Schooling, c’est avant tout neuf années de basic schooling, de l’âge de cinq ans à 14 ans (de la Std I à la Form III). Exit les termes «Standard» et «Form» ; sous la réforme, toutes les classes seront désignées en termes de «grade». Les six premières années, soit du grade 1 au grade 6, seront effectuées dans les écoles primaires.
Toutefois, même si l’Etat a dévoilé les grandes lignes de cette vaste réforme éducative, de nombreuses questions se posent notamment en ce qui concerne l’élitisme. Est-ce vraiment un élément incontournable dans l’éducation? Disparaîtra-t-il avec l’entrée en vigueur du Nine-Year Schooling ? Des spécialistes du domaine se sont confiés à l’express.
Pour Surendra Bissoondoyal, directeur de la TEC, «l’élitisme a plusieurs significations. Cela n’implique pas uniquement ce qui se fait à l’école, c’est-à-dire le côté académique. Il faut plusieurs types d’élite dans une société, dans différents domaines. Les collèges devraient pouvoir former différents types d’élite : les sportifs, les musiciens ou autres artistes. Nous avons tous des capacités innées, il faudrait que le système éducatif puisse nous aider à les développer. Je ne suis pas d’accord avec l’association de l’élitisme avec l’aspect académique. Moi, je dirai que l’élitisme a sa place tant qu’il donne des chances égales à chaque élève dans un domaine où il excelle.»
Dharam Gokhool, ancien ministre de l’Éducation, avance de son côté qu’«il faut savoir avant tout qu’il existe deux types d’élitisme. Le premier est basé sur l’hérédité, l’héritage ou encore le statut professionnel des parents. L’autre catégorie comprend ceux qui ont intégré l’élite à travers leurs efforts. Quand on parle d’élitisme dans le système scolaire, il faut faire attention car actuellement nous avons des élites basées en grande partie sur l’hérédité. C’est pourquoi, en 2008, j’ai apporté des changements et augmenté le nombre de National Colleges de 8 à 16. Je suis pour l’élitisme s’il permet aux élèves qui font des efforts de réussir et permet de rehausser le niveau d’autres collèges. Une élite basée sur l’effort, c’est essentiel pour une société. L’élitisme existe, c’est une réalité et on ne peut pas l’ignorer.»
Faizal Jeeroburkhan, pédagogue et membre de Think Mauritius, pense quant à lui que «l’élitisme basé sur la supériorité de certains et l’infériorité des autres est un faux concept. Tous ont les mêmes qualités, la différence est faite par des critères tels que le parcours scolaire, l’environnement ou les parents. L’élitisme basé sur la capacité académique seule et qui fait l’impasse sur les capacités artistiques, humanistes etc. n’a pas sa place. Tout comme l’élitisme qui favorise des personnes jugées comme étant supérieures, en dévalorisant les late developers. Ce type d’élitisme peut être bénéfique pour 15 % des élèves mais néfaste pour les 85 % restants. À Maurice, on croit que la finalité de l’éducation est de réussir aux examens quand le but réel est de façonner des citoyens productifs, des entrepreneurs… Je pense qu’une petite dose d’élitisme est acceptable mais elle ne devrait pas se pratiquer au détriment des autres.»