Encore plus maintenant que le projet de centrale aux Grandes Salines est en butte aux considérations écologiques, depuis que le ministère de l’Agro-industrie a admis l’existence de marécages sur le site identifié.
Si le pays n’est pas encore dans une situation critique en matière de production énergétique, il risque d’être confronté à des éventualités de black-out en 2018 si rien n’est fait d’ici 2016. Or, le projet de centrale à charbon de 100 MW CT Power à Pointe-aux-Caves a été mis aux oubliettes. Sans compter que le remplacement de quatre moteurs à la centrale thermique de St-Louis est en suspens à cause d’un litige opposant la firme danoise Burmeister & Wain Scandinavian Contractor au Central Electricity Board (CEB). Les autorités s’étaient donc rabattues sur la centrale à gaz naturel liquéfié des Grandes Salines, considérée comme un plan B.
CEB dans l'impasse
Mais maintenant que ce projet est lui aussi contesté, le CEB est dans l’impasse. Les autorités n’ont pas d’alternative, admet le directeur de l’organisme Gérard Hébrard, interrogé par l’express. «La centrale thermique de CT Power était une option sur laquelle comptait le CEB. Depuis que le projet a été abandonné, il a fallu trouver une alternative. Si la centrale des Grandes Salines tombe à l’eau, nous n’avons pas d’alternative pour le moment.»
Pour ce projet, le CEB n’a pas encore fait de requête pour un permis Environment Impact Assessment (EIA) au ministère de l’Environnement. D’où la récente démarche du directeur du CEB d’envoyer une lettre au ministère de l’Énergie pour demander que les restrictions imposées dans le permis EIA obtenu pour les cuves de stockage soient révoquées. Dans sa missive, Gérard Hébrard insiste sur la nécessité pour le CEB de respecter les délais pour la réalisation du projet comprenant la construction de la centrale et l’installation des trois cuves.
Quid des marécages se trouvant sur le site ? Gérard Hébrard explique que le terrain délimité est de six hectares. Les marécages occupent un hectare, tout comme la zone tampon. Selon lui, l’espace restant est suffisant pour la centrale des Salines. Celleci, d’une capacité de 135 à 150 MW, devrait coûter environ Rs 7 milliards, incluant l’installation des cuves, au coût de Rs 540 millions.
Selon Ivan Collendavelloo, le CEB recherche toujours un consultant. Le ministre estime qu’il est urgent de démarrer la construction de la centrale des Grandes Salines car «nous avons les capacités pour faire face à la demande jusqu’en 2018. Après, le risque de black-out sera bel et bien là».
De son côté, le leader de l’opposition n’a pas changé de posture. Pour Paul Bérenger, les autorités devraient lancer un appel d’offres international sans préciser la technologie à être utilisée. Elles feraient ensuite leur choix une fois que tous les soumissionnaires auraient fait leur proposition.
Propositions préconisées par la Banque Mondiale
La Banque mondiale (BM) avait émis un rapport faisant état de la situation énergétique du pays. Elle y préconisait aussi des solutions à court et long terme. La première était d’établir un calendrier pour la maintenance afin que la production ne soit pas pénalisée. L’extension du «Power Purchase Agreement» avec le groupe CEL Beau Champ serait aussi souhaitable, selon la BM. Ont aussi été évoquées la baisse de tension aux heures de pointe ainsi que, à long terme, la construction de nouvelles unités de production.
Les unités de production
Outre les Independent Power Producers, le CEB possède 13 unités de production : quatre stations à énergie fossile et neuf stations hydroélectriques. L’usine de Fort Georges, qui fonctionne à l’huile lourde, fournit 25 % de la demande électrique. Autre unité : la centrale de Saint-Louis, où trois moteurs avaient été remplacés en 2006. Quant aux moteurs de Fort Victoria, ils ont été remplacés en 2011 et ont une durée de vie de 25 à 30 ans. La Nicolay Power Station est la seule qui fonctionne au kérosène.