Ce dossier dort dans le tiroir depuis des années, affirment les syndicalistes. Ils souhaitent que le nouveau ministre de la Fonction publique réactive ce dossier en priorité.
«Un Public Service Bill aura le mérite de créer une ligne de démarcation entre le pouvoir du chef politique et les chefs administratifs au niveau des ministères », explique Rashid Imrith, président de la Fédération des Syndicats du secteur public. Un avis que partage le président de la Government Services Employees Association, Radhakrishna Sadien. Ils pensent qu’une telle législation assainira la situation dans la Fonction publique.
Programme-Based-Budgeting
Le Programme-Based-Budgeting (PBB) introduit par le gouvernement Ramgoolam en 2006, est la hantise des syndicalistes de la Fonction publique. Pour Rashid Imrith : « Ce programme est à la base d’une détérioration des services offerts par le secteur public. » Il déplore le fait que, depuis son introduction, les ministères souffrent d’une coupure drastique au niveau de leurs budgets de fonctionnement. D’où des manquements relevés par le directeur de l’Audit dans ses différents rapports. Une autre conséquence du PBB, dit-il, est un manque aigu de personnel au niveau des ministères.
Il cite, entre autres, le département de l’inspectorat du ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi. Il fait référence à un rapport du directeur de l’Audit, qui déplore que le nombre des inspections sur les sites de travail ait diminué de près de 50 %. Il regrette aussi que dans beaucoup de cas, les procédures ne sont pas respectées. Il souhaite que le nouveau ministre de la Fonction publique, fasse un audit complet du service civil pour connaître l’ampleur des irrégularités avec l’introduction du PBB. Il lance un pressant appel au nouveau gouvernement pour une refonte complète de l’allocation des fonds aux ministères. Rashid Imrith fait aussi une violente sortie contre le Performance Management System, qui dit-il, n’est pas compatible avec l’esprit d’équipe dans la Fonction publique.
8 000-10 000 postes vacants
Rashid Imrith fait état de 8 000 à 10 000 postes vacants au sein de la Fonction publique. C’est aussi l’une des conséquences du PBB, dit-il. Il parle aussi de 1 800 postes vacants dans l’administration publique à Rodrigues. Il souhaite que ces postes soient remplis au plus tôt. Toutefois, il souhaite la plus grande transparence au niveau de la Public Service Commission lors des exercices de recrutement. Il suggère que, dans les cas où la sélection se fait à travers un examen écrit, que les résultats soient rendus publics. Il demande aussi que les interviews des candidats soient filmées et qu’une copie puisse être produite devant la justice, au cas où un candidat malheureux décide de contester l’exercice en question.
Lutte contre les gaspillages
Le président de la Fédération des syndicats du secteur public accueille favorablement l’annonce de l’introduction d’une Commission permanente pour contrôler les dépenses dans la Fonction publique. Rashid Imrith rappelle qu’il a longtemps réclamé un renforcement du Public Accounts Committee et la mise sur pied d’un organisme qui interrogera les hauts fonctionnaires pointés du doigt pour gaspillage des fonds publics. Il souhaite une refonte en comble de la Fonction publique. Les autres demandes de ce syndicaliste sont : la mise sur pied dans le plus bref délai du Civil Service College, plus de transparence au niveau des exercices de recrutement et des promotions, une meilleure politique au niveau de la formation, une nouvelle politique gouvernementale visant à moderniser la Fonction publique.
Public Gathering Act
Le président de la Government Services Employees Association, Radhakrishna Sadien, lance un appel au nouveau gouvernement pour une révision de la Public Gathering Act. Il déplore que cette loi affecte grandement la liberté syndicale à Maurice et rappelle que le Bureau International du Travail avait même demandé à l’Etat mauricien de revoir cette législation. Il lance aussi un appel pour une meilleure politique de formation dans la Fonction publique et pour remplir les postes vacants. Il souhaite que le gouvernement honore sa promesse en autorisant les policiers à se syndiquer. Il profite enfin de l’occasion pour féliciter Toolsiraj Benydin, pour son élection comme député. « C’est une grande fierté pour toute la classe syndicale », dit-il. Rashid Imrith et Radhakrishna Sadien attirent l’attention que la grosse attente dans la Fonction publique est le Rapport du PRB en octobre 2015 et qui entrera en vigueur en janvier 2016.