Contrairement à ce qui s'était passé il y a huit ans, les sirènes d'alarme ont retenti et les autorités ont procédé aux évacuations de millions de personnes vivant sur les rivages de l'océan Indien. Les dégâts provoqués directement par le séisme sont restés limités, selon les évaluations disponibles. Surtout, aucune vague sismique n'a déferlé sur le littoral. D'après les autorités indonésiennes, cinq personnes au moins ont été tuées.
En décembre 2004, aucune alerte n'avait été émise. Des communautés entières avaient, à l'époque, été prises de court par l'arrivée de la vague. En Thaïlande, au plus fort de la saison touristique, le mur d'eau s'était abattu sur des stations balnéaires surpeuplées. Le tsunami avait fait 230 000 morts, dont 170 000 dans la seule région du nord de l'Indonésie.
La chance a également joué
Mais si l'événement de mercredi a permis de tester l'efficacité des mesures mises en oeuvre depuis dans cette région du monde particulièrement exposée aux séismes et aux risques associés, la chance a également joué: si une vague avait déferlé sur le littoral, la situation aurait pu de nouveau tourner au drame. Ainsi, dans la province indonésienne d'Aceh, les routes ont rapidement été congestionnées, bloquant l'évacuation des populations, et des coupures du réseau d'alimentation électrique ont réduit au silence les sirènes d'alarme. Il a fallu également une demi-heure entre le séisme et le déclenchement des alertes, alors que dans l’idéal, il faut alerter les populations d'un risque de tsunami dans un délai de cinq à dix minutes après un tremblement de terre. Mais ce mercredi, le réseau électrique a été totalement coupé et les opérateurs ont eu peur de basculer sur le réseau de secours parce que qu’ils ont vu des câbles qui se balançaient dangereusement dans les rues, a dit Armia, un responsable de l'agence de gestion des crises.
"Le message est simple: dans des circonstances aussi critiques que cela, il est impossible d'évacuer tout le monde à temps", note Keith Loveard, analyste risque pour la société Concord Consulting basée à Djakarta."Le système d'alerte au tsunami a fonctionné jusqu'à un certain point. Mais si la prise de conscience s'est améliorée, renforcée par le précédent de 2004, il y a encore des choses à améliorer par le biais de l'éducation de la population et de campagnes gouvernementales."
L'exemple de Banda Aceh démontre que les infrastructures routières ne sont pas adaptées à une évacuation massive. Keith Loveard juge même qu'il faudrait déplacer les villes actuellement trop exposées à un tsunami.
Sri Lanka : 3 millions de personnes évacuées en 20 minutes
Le Système d'alerte au tsunami de l'océan Indien, qui repose sur un réseau de stations sismographiques et de capteurs océaniques immergés, a été inauguré en juin 2006. Lorsqu'un tremblement de terre est enregistré, les données sont d'abord adressées au Pacific Tsunami Warning Centre de Hawaï et à l'Agence météorologique du Japon, qui se coordonnent avec les autres centres nationaux de la région. Un délai de quinze à vingt minutes peut être nécessaire pour analyser les données et lancer une alerte au tsunami. Les autorités nationales ont alors plusieurs moyens pour relayer l'information: radio, télévision, sms, sirènes, et jusqu'aux haut-parleurs des mosquées.
Au Sri Lanka, le système d'alerte est centralisé depuis Colombo, la capitale, où il suffit de presser un bouton pour que 75 tours de relais soient activées à travers le pays. Mercredi, trois millions de personnes ont ainsi été évacuées du littoral vers l'intérieur des terres en 20 minutes. La Thaïlande s'est dotée elle d'un Centre national d'alerte aux catastrophes installé à Bangkok. Des procédures d'évacuation, indiquant les routes à prendre et des points de rassemblement, ont été finalisées.