Trafic D’armes À Maurice : Bras de fer Austin/ICAC pour un “Safe Legal Passage”

Tout semble indiquer que le déplacement à Maurice de la représentante de Conflict Awareness Programme annoncé pour le mois mars en vue d’une audition au QG de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) sera de nouveau reporté. En effet, Kathi Lynn Austin sollicite des garanties formelles sous forme d’immunité contre des tracasseries judiciaires de tierces parties, les négociations entre les deux parties n’ont pas abouti jusqu’ici.

Dans une communication officielle en date de New York, émise dans la nuit d’hier à ce matin, le CAP dénonce ce qu’il considère le laxisme des autorités au niveau de l’enquête initiée formellement en vue de faire la lumière sur le réseau de trafic d’armes transformant Maurice en tant que plaque tournante. Ce développement intervient en marge de la United Nations Arms Trade Treaty Conference se déroulant à New York jusqu’à jeudi prochain.

« The ICAC inquiry appears delayed, however, since the government has yet to grant the report’s author, Kathi Lynn Austin, a safe return as an expert witness », souligne le CAP avec le Deputy Director Greg Hittleman s’appesantissant sur le fait que « this lack of assurance is simply not acceptable. When Ms Austin travels to Mauritius to assist the ICAC investigation and other government inquiries as a friendly witness and expert, she should not need to do so at personal or legal risk ».

Le principal hic dans l’arrivée à Maurice de Kathi Lynn Austin est que Me Zakir Mohamed, dont le nom est cité au sein d’une des entités incorporées et en quête d’un Air Operation Certificate (AOC) par le tandem russe Andrei Koslapov et Sergey Denisenko, pourrait saisir cette présence pour des procédures en vue d’un procès en réclamations en Cour suprême de plusieurs millions de roupies.

Prenant à témoin, la déclaration du Premier ministre, Navin Ramgoolam, à l’Assemblée nationale le 15 novembre de l’année dernière à l’effet que « if ever Ms Austin is to travel to Mauritius, she will be given all the necessary security and protection », Greg Hittelman regrette la dernière prise de position des autorités.

Lors des échanges de correspondance et dans un e-mail en date du 4 février dernier adressé à William Gardner de l’International Senior Lawyers Project à New York, conseil légal du CAP, le directeur des Investigations de l’ICAC, Chimunlall Ghoorah, a précisé que « that the government, while offering physical security, would not protect Ms Austin from legal harassment or possible nuisance lawsuits from individuals named in the CAP report ».

Justifiant cette démarche, la partie mauricienne affirme que « ce genre d’immunité n’existe pas et nous allons tout faire par rapport à ce qui est prévu dans la loi ». À ce jour, l’audition de Kathi Lynn Austin par l’ICAC au sujet de cette affaire de trafic d’armes a été reportée en pas moins de quatre occasions, soit en octobre et décembre de l’année dernière et en janvier et mars de cette année en raison de l’absence de cette garantie pour un « Safe Legal Passage » à Maurice.

Lors de des échanges, la possibilité visant à organiser ces séances de travail entre Kathi Lynn Austin et les limiers de l’ICAC dans les locaux d’une mission diplomatique à l’étranger avait été proposée par la partie mauricienne. Mais il semblerait qu’aux dernières nouvelles, elle n’a pas été retenue avec la directrice générale du CAP réaffirmant son intention de faire le déplacement à Maurice.

« CAP is committed to returning to Mauritius, to engage not only with the government but also with civil society and the national press and we will make every effort to support a thorough official investigation. There is a call for justice from the people of Mauritius, and we stand ready to answer that call », soutient Kathi Lynn Austin de New York.

Plus loin, la directrice générale du CAP, qui a annoncé la mise sur pied d’un Legal Defense Fund, fait ressortir que « the people and institutions of Mauritius were unwitting victims of an international operation intent on using their country as a platform for illicit arms trafficking. We will not be frightened off or bullied, and we know the people of Mauritius are ready to stand up alongside us as we seek accountability and justice ».

En conclusion, le Conflict Awareness Project fait un appel aux autorités en avançant que « it’s disappointing that our attempts to assist the government face threatening conditions, delays and a lack of official protection ». À ce stade, aucune indication n’a transpiré quant à la suite de cette High Profile Investigation, car les derniers échanges de correspondances sur cette deadlock sur les garanties remontent au 6 mars dernier.