Si ces compagnies redoublent d’efforts pour recruter des animateurs à travers les médias et le Web, les publicités ne mentionnent pas la nature du travail, avertit Pascal (prénom fictif), qui a fait trois mois dans un centre d’appels spécialisé dans la ‘hot’ à Ebène. «Le recrutementmarche aussi beaucoup par le bouche à-oreille», souligne cet homme de 26 ans.
Quel profil d’animateurs recherchent ces centres d’appels qui opèrent par appel téléphonique ou encore sur une plateforme de discussion en ligne et dont la clientèle est étrangère ? «Le postulant doit avoir une bonne maîtrise de la langue française parléeet écrite et avoir une bonne vitesse de frappe afin parler avec plusieurs clients simultanément», répond un responsable d’un centre d’appels situé dans les Plaines-Wilhems et spécialisé dans ce qu’il appelle «l’animation-chat, plus précisément de l’animation ‘hot and soft’». «Il y a un test d’aptitude lors de l’entretien pour le langage ainsi que pour l’imaginationet la créativité. Nous donnons aussi une petite formation aux débutants», dit-il.
Notre interlocutrice Priyanka, quant à elle, soutient que les recruteurs ne s’attardent pas sur les qualifications académiques. «Ils nous testent sur le nombre de messages que nous arrivons à faire entrer», précise celle qui a été recrutée à la fin de ses études secondaires.
Ce nombre de messages détermine même la rémunération. «Il y a un quota.Dans notre compagnie, il faut au moins 500 messages par jour. Plus l’animateur augmente ce nombre, plus son salaire grossit», souligne le responsable. Selon lui, la prime peut aller jusqu’à plus de Rs 2 500 alors que le salaire de base, lui, avoisine les Rs 6 000 pour la majorité de ces centres d’appels.
Le fonctionnement est relativement simple ; chaque employé a un compte avec environ dix pseudonymes. « nous faire passer pour ces dix filles fictives et répondre aux messages qu’elles reçoivent, donc être dix personnes différentes à la fois», indique Priyanka.
Être plusieurs personnes à la fois peut cependant s’avérer difficile. «A la minute,on pouvait recevoir beaucoup de messages etécrire à plusieurs clients à la fois. Il faut êtreconcentré et vigilant pour ne pas s’emmêler les pinceaux et garder le fil d’une conversation», témoigne Pascal.
Les clients voient, eux, un nom, des détails comme la mensuration de la «femme» et parfois une photo. To u t e s l e s conversations sont enregistrées sur un serveur central où les superviseurs ont accès aux discussions. «L’historique des conversations reste. Quand un animateurs’en va, quelqu’und’autre peut alors continuer la discussion», explique Priyanka. Pour plus de sécurité, les animateurs sont sommés de signer une clause de confidentialité.
Interrogé à propos de ces centres d’appels, Roshan Seetohul, président de l’Outsourcing and Telecommunications Associationof Mauritius (OTAM), déclare : «Je sais qu’ils existent à Maurice mais je n’ai que des compagnies enregistrées auprès del’OTAM fonctionnent de cette façon.»