Fusion MPCB-NCB: les Défis de Sridhar Nagarajan à la MauBank

8 years, 7 months ago - September 15, 2015
Fusion MPCB-NCB: les Défis de Sridhar Nagarajan..
La MauBank. Sridhar Nagarajan est l’homme fort de cette nouvelle institution, née de la fusion entre la Mauritius Post & Cooperative Bank (MPCB) et la National Commercial Bank (NCB), ex-Bramer Bank du groupe BAI.

Après 15 années – dont sept en tant que Chief Executive Officer (CEO) de la branche locale – à la Standard Chartered Bank, une banque tournée vers l’offshore, Sridhar Nagarajan sera à la tête d’une grosse institution bancaire comprenant plus de 600 employés... et surtout confrontée à des prêts toxiques se comptant en milliards de roupies.

La MPCB, dont le CEO était jusqu’à tout récemment Rajiv Beeharry, un nominé de l’ancien régime, accuse des prêts toxiques de Rs 1,7 milliard, selon les résultats d’une Strategic Review réalisée sur son portefeuille de prêts par le cabinet d’audit Ernst &Young. Des prêts que se partagent quatre hommes d’affaires, dont les deux frères Gooljaury pour un montant de Rs 839 millions. Ce qui donne du coup un ratio de NPL (Non-Performing Loan) de 12 % par rapport au montant de prêts, un pourcentage excessivement élevé par rapport à la norme recommandée par la Banque de Maurice, qui est de 1 à 2 %.

Pour le moment, la MPCB n’est pas techniquement en situation de faillite mais elle pourrait l’être si la nouvelle équipe décide de faire provision pour ces prêts toxiques. D’où la décision gouvernementale de créer une agence pour prendre en charge ces dettes.

Plus de Rs 3 milliards de dettes pour la NCB

Quant à la NCB, elle traîne toujours l’image de l’ex-Bramer Bank, avec des dettes de plus de Rs 3 milliards (prêts non remboursés, découverts bancaires et financements sous leasing) qui sont toujours sous la responsabilité du cabinet d’audit Pricewaterhouse- Coopers. Celui-ci s’emploie toujours à les récupérer.

Cette banque demeure du reste financièrement fragile après notamment des retraits massifs des dépôts des organismes parapublics évalués à Rs 4 milliards sur un total de Rs 15 milliards, effectués en début d’année. Une tendance suivie par les clients au moment de la suspension de la licence d’opération de la Bramer Bank en avril, dont on ne connaît pas encore l’impact sur la trésorerie de l’institution.

Sridhar Nagarajan n’a donc pas droit à l’erreur. Sa feuille de route est assez claire: accompagner ces deux entités bancaires (la MPCB et la NCB) vers une fusion qui sera totalement effective en janvier 2016. «On peut lui faire confiance pour redresser cette nouvelle institution bancaire. Il saura insuffler un nouveau dynamisme pour turn around MauBank Holdings Ltd», estime Gerald Lincoln, Managing Partner chez Ernst &Young.

Ingérence politique

Or, en un quart de siècle, la MPCB, principale entité de cette fusion en devenir, sera passée par de nombreuses renaissances, changeant plusieurs fois de nom. «Le mal de cette banque est qu’elle est trop soumise aux ingérences politiques. Tous les CEO ont été confrontés à cette dure réalité et souvent, sans pouvoir changer le style de gouvernance face à ces pressions», affirme Siva Palayathan qui a dirigé cette institution bancaire de 1992 à 1994.

Le nouveau CEO saura-t-il résister aux dirigeants politiques pour gérer cette banque en toute indépendance et de manière professionnelle ? «Il semble être capable d’y mettre bon ordre vu que c’est un professionnel du secteur qui means business», lâche-t-on dans son entourage.

La priorité de Sridhar Nagarajan demeure sans doute le positionnement de la nouvelle banque comme une banque commerciale capable de grignoter de nouvelles parts de marché dans un secteur hautement compétitif. D’ores et déjà, il démarre avec 420 000 clients dont plus de 80 % proviennent de la MPCB.

Mais il ne contentera pas du marché local. Son ambition est d’aller au-delà du territoire mauricien pour s’implanter en Afrique. Son passage à la Standard Chartered Bank, dont le continent noir est un des principaux marchés, sera un atout dans cette tâche.

Entre-temps, le nouveau CEO aura à prouver qu’il est l’homme de la situation pour assurer le décollage de la MauBank et éliminer la perception qu’une banque d’État est souvent synonyme de mauvaise gestion, de passe-droits et d’ingérence politique.

Text by lexpress.mu

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