Alors que les écologistes hurlent au massacre de notre faune endémique et que les planteurs voient en l’abattage de ces bêtes leur salut éventuel, lui y a trouvé son compte. Gardien d’une chasse qui se situe non loin de son village, quand il ne cuisine pas le mammifère, il le monnaye à Rs 50.
Ce n’est pas pour faire du commerce, se défend-il, mais plutôt pour donner l’occasion à ses voisins d’en profiter. «Si mo ti lé kass, mo ti pou vann au poids!» rétorque Monsieur V. lorsqu’il est questionné sur le prix relativement bas du mammifère. De plus, l’animal est déjà nettoyé et coupé au moment de la vente.
Pourquoi cet engouement autour du mammifère ? «Il faut goûter pour comprendre. C’est un animal qui ne mange que des fruits.» Après la saison de mangues et de litchis, il n’y en aura plus, fait valoir le gardien, c’est donc le moment d’en profiter. «Mais si vous ratez la marinade, cela gâche tout», prévient-il.
Est-ce que n’importe qui peut lui en acheter ? Du moment qu’il en a en réserve, l’affaire est conclue, raconte le gardien. Et s’il n’en a pas ce jour-là, il fera de son mieux pour en obtenir auprès de ses amis qui habitent les villages avoisinants. D’ailleurs, outre l’abattage, l’habitant d’Amaury arrive toujours à trouver de quoi faire plaisir à ses amis et voisins. Même s’il concède que la quantité n’est pas la même.
Comment s’en procure-t-il ? L’exercice de la Special Mobile Force (SMF) se déroule, en grande partie, sur son lieu de travail. Monsieur V. a pu négocier avec les paramilitaires pour en récupérer quelques-unes. «L’autre jour, ils en avaient abattu environ 1 300. J’en ai pris un peu. Pa kapav saryé tousala», explique-t-il. «Éna ki may dan filé. Nou al tir zot. Mais à ce moment-là, nous ne prenons que les bêtes blessées», explique Monsieur V.
Quid du plomb que contiennent les chauves-souris ? «Mo pran zis ban kinn gagn kout bal dan zot lézel», explique le gardien. De cette manière, il s’assure que la chair que ses amis consomment n’est pas contaminée.