Travaux Parlementaires: Rentrée Explosive

Avant de s’asseoir, Raj Dayal salue des membres de la galerie publique. Le député Salim Abbas Mamode, visiblement content de le voir, lui lance un joyeux «ki pozision mo frer ? Mo ti vinn lakaz pou rod twa». Le député Dayal écourte la conversation et va à la rencontre de Showkutally Soodhun.

C’est alors que le leader de l’opposition Paul Bérenger fait son entrée dans l’hémicycle, accompagné de Veda Baloomoody, Reza Uteem et du sulfureux Rajesh Bhagwan. Ce dernier lance sur le ton de l’humour : «Chor (voleur en hindi) partou ! Ghar ke chor ! (Le voleur est dans la maison).» Showkutally Soodhun sourit. Roshi Bhadain en fait de même.

À 11 h 22, Pravind Jugnauth arrive. Il dépose ses affaires et ressort. Au même instant, Raj Dayal sort. Entre-temps, Stephan Toussaint s’installe à la place qui était jusqu’ici celle de Roubina Jadoo-Jaunbocus.

Quelques secondes plus tard, le Premier ministre (PM) fait son entrée et son épouse Lady Sarojini Jugnauth rejoint la galerie des invités. C’est possiblement l’anniversaire de son époux qui l’a motivée à se rendre à l’Assemblée nationale. Roshi Bhadain se lève et va souhaiter un joyeux anniversaire au PM.

Quelques minutes avant le début de la séance, fou rire dans l’hémicycle. Tout le monde, y compris les membres de la presse, avait oublié que la sonnette de l’Assemblée nationale retentissait pour annoncer le début de la séance et non la venue de la Speaker. Du coup, au son de cloche, toute l’assistance s’est mise debout pensant voir venir Maya Hanoomanjee. Il est alors 11 h 33.

Enter the Speaker

La Speaker fait son entrée quelques secondes après. Elle est suivie de Fazila Daureeawoo. L’hymne national retentit dans l’hémicycle. Tous les parlementaires sont debout, les bras le long du corps. Tous, sauf Ivan Collendavelloo. Il était le seul à avoir les bras croisés et le visage fermé.

Ce n’est qu’à ce moment que les membres du Mouvement patriotique (MP) arrivent au Parlement. La séance débute sans Dan Baboo, ministre des Arts et de la culture. Vishnu Lutchmeenaraidoo, ex-ministre des Finances et actuel ministre des Affaires étrangères, est également absent. Le siège de Sangeet Fowdar est vide aussi…

Maya Hanoomanjee passe brièvement sur trois annonces. Premièrement, elle salue la délégation sud-africaine qui assistera à cette séance parlementaire. Ensuite, elle annonce l’installation d’une nouvelle caméra dans l’hémicycle à l’arrière des membres de l’opposition. L’appareil est à l’essai ; il sera utilisé dans le cadre de la prochaine retransmission en direct des travaux parlementaires. Elle évoque également l’élection du Deputy Speaker Adrien Duval à l’Inter-Parliamentary Union lors de la 134e assemblée qui s’est tenue à Lusaka, en Zambie.

SAJ choque

La Speaker laisse la parole à Paul Bérenger qui, sur un ton des plus taquins, se met à énumérer tous les portefeuilles ministériels qui sont sous la responsabilité de sir Anerood Jugnauth (SAJ). Il enchaîne avec tous les titres honorifiques de Raj Dayal. Ce qui pousse plusieurs parlementaires à sourire, sauf Raj Dayal. Ce dernier ne desserrera pas les dents jusqu’à la fin des questions adressées au PM.

Entre-temps, Sangeet Fowdar fait son entrée. Il est suivi de Dan Baboo. Vishnu Lutchmeenaraidoo est toujours absent. Cependant, Shakuntala Jugmohun, ancien bras droit du ministre Lutchmeenaraidoo, assistera à la séance.

SAJ poursuit sa réponse. La salle est silencieuse jusqu’à ce que le PM ne dise : «We have a mandate to clean up…» L’opposition pousse des rires moqueurs. Le chef du gouvernement s’emporte une première fois : «You can laugh !» Paul Bérenger répond : «Na pa grinsé !»

SAJ affirme qu’il a lu la transcription de la bande sonore qui incrimine Raj Dayal et qu’il était choqué. Ce qui explique qu’il a demandé à ce dernier de démissionner. Dans un élan qu’on ne comprend pas, Raj Dayal se met à taper sur la table comme tous les autres députés du gouvernement démontrant leur soutien au PM.

Paul Bérenger demande alors pourquoi Raj Dayal a bénéficié d’un traitement de VVIP et a pu se rendre à la police pour porter plainte pour complot. «Le leader de l’oppposition me fait rire…» répond le PM. Il est interrompu par Rajesh Bhagwan:«Déor dimounn pé riy zot !» Mahen Juggroo s’en mêle. SAJ accuse Paul Bérenger de «traître».

«Shut up!»

«Sur quoi se base le commissaire de police pour procéder à des arrestations ? Quand il s’agit de membres de l’opposition, des arrestations ont lieu avant que l’enquête ne soit bouclée», demande Shakeel Mohamed en guise de question supplémentaire. Le PM commence à répondre : «As far as I am aware…».

Shakeel Mohamed ajoute ironiquement : «…I am not aware !» «Shut up !» réplique SAJ sur un ton cassant. Ce qui provoque la colère de Shakeel Mohamed et des membres de l’opposition. «Who are you to tell me to shut up ?» rétorque le député, rouge de colère.

«Shame, shame!»

La Speaker tente désespérément de calmer les parlementaires mais Showkutally Soodhun se joint à la partie. Paul Bérenger soulève un Point of Order. «Je dois dire que je n’ai pas entendu», affirme Maya Hanoomanjee, qui dit qu’elle va réécouter l’enregistrement et prendre les mesures qui s’imposent.

Le ministre Soodhun continue à s’en prendre à Shakeel Mohamed. Les députés de l’opposition, surtout Rajesh Bhagwan, lancent : «Shame, Shame !» à l’encontre de Maya Hanoomanjee. Pendant ce temps, dans la galerie des invités, Lady Sarojini affiche une mine inquiète alors que de l’autre côté, la délégation sud-africaine semble s’amuser de ce spectacle.

Maya Hanoomanjee tente toujours de calmer les parlementaires. «Do you want me to suspend the sitting? You are losing the time of the House», affirme la Speaker. Showkutally Soodhun renchérit à l’encontre de Shakeel Mohamed : «To enn saint twa, c****? Pa fer mwa amerdé la.» Ce à quoi Maya Hanoomanjee déclare à l’intention du ministre : «Honourable Soodhun, don’t get overexcited!»

Maunthrooa reste

Rajesh Bhagwan voulait connaître les allocations, les déplacements et les boards sur lesquels siègent les conseillers Prakash Maunthrooa et Dev Beekharry. Paul Bérenger devait ajouter que c’est le PM qui nomme les conseillers et que dans ces deux cas précis, c’était SAJ.

Ce qui a donné lieu à une question supplémentaire de Rajesh Bhagwan : «Prakash Maunthrooa est impliqué dans l’affaire Boskalis. Quand allez-vous vous débarrasser de lui ?» Dans le brouhaha que cette question a provoqué, Rajesh Bhagwan a fait comprendre à Pravind Jugnauth qu’il n’avait pas sa place dans l’hémicycle. À cela, Pravind Jugnauth a répondu : «Twa ki pou vinn dir mwa si mo bizin la ? Ki to été twa ?»

Reza Uteem fera ressortir que c’est Ivan Collendavelloo qui avait soulevé l’implication de Prakash Maunthrooa dans l’affaire Boskalis. «Hé pa met mwa ladan !» rétorque Ivan Collendavelloo. Cette réponse sera suivie d’un lourd silence. Après quoi SAJ précise : «I am not removing Prakash Mauntrooa as Adviser.»

La rentrée parlementaire, la Speaker Maya Hanoomanjee a eu du mal à calmer les élus des deux côtés de la Chambre.