Mais la proportionnelle risque de ne pas franchir les frontières de la prochaine élection de l’Assemblée régionale, qui devrait logiquement se tenir à l’issue du mandat actuel qui expire le 5 février 2017.
L’élimination probable de la proportionnelle a été annoncée dans une phrase à peine voilée par sir Anerood Jugnauth (SAJ). «Avant la tenue des prochaines élections, une réforme électorale sera enclenchée pour satisfaire tous les Rodriguais», a-t-il dit. C’était le samedi 9 juillet, à la suite d’une séance de travail avec le Chef commissaire Serge Clair, à Port-Mathurin. Il était évident que le Premier ministre (PM) ciblait la proportionnelle en utilisant l’expression «satisfaire tous les Rodriguais».
L’application de ce système a été un élément déstabilisateur pour les deux plus grandes formations politiques de l’île, à savoir l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR) et le Mouvement rodriguais (MR). C’est sans aucun doute une des rares fois où Serge Clair et Nicolas Von Mally, leaders respectifs de l’OPR et du MR, sont sur la même longueur d’onde.
Elément perturbateur
La proportionnelle a démontré sa capacité à réduire considérablement une majorité issue des urnes en ramenant sa marge à un niveau où la victoire peut changer de camp. À quelques exceptions près, Rodrigues ne veut plus de la proportionnelle. D’autant plus que l’expérience vécue dans l’île n’a pas été répliquée à Maurice.
L’élément perturbateur préjudiciable à une majorité simple n’est pas le seul facteur qui inquiète le plus Nicolas Von Mally. «C’est la porte ouverte aux maîtres chanteurs qui n’ont pas l’intérêt de l’île à cœur. Certains vont jusqu’à inciter des électeurs à ne pas voter pour les candidats de leur propre parti qui briguent les élections afin de bénéficier d’un siège à travers la proportionnelle.» Au pire, ajoute-t-il, le MR serait en faveur d’un retour à la case départ.
Il n’y a pas eu de réaction de la part du Chef commissaire suivant un appel pour un commentaire à ce propos. Mais, comme il l’a annoncé lors d’un point de presse, vendredi, Serge Clair a abordé la question de la dissolution de l’Assemblée régionale avec SAJ avec, en point de mire, le problème qu’avait posé le recours à la proportionnelle, considérée comme déstabilisatrice envers la majorité déterminée par les urnes.
Quant à Johnson Roussety, leader du Front patriotique rodriguais (FPR), il a critiqué le retournement de veste des deux leaders sur sa page Facebook. Il estime aussi que le moment n’est pas opportun pour un tel changement. «Éliminer la proportionnelle équivaudrait à apporter des amendements constitutionnels importants que personne n’est mandaté à faire à ce stade.»
Avec seulement 2 332 bulletins de vote en sa faveur lors des élections du 5 février 2012, le FPR ne pouvait prétendre à aucune représentation à l’Assemblée régionale. Mais grâce à l’application de la proportionnelle, ce parti s’est vu octroyer deux sièges, un pour son leader et l’autre pour un autre dirigeant du parti, Allan Ladd Émilien.
L’intention du gouvernement de revoir la Rodrigues Regional Assembly Act de 2001 a fait beaucoup de progrès, à en croire le PM. Il a indiqué qu’un comité ministériel a déjà rédigé un rapport à cet effet et que ses recommandations seront examinées.