Mauriciens à Qatar, Dubaï et Arabie Saoudite: L’envers du Décor

10 years ago - April 02, 2014
Mauriciens à Qatar, Dubaï et Arabie Saoudite...
En début d’année, Solange Poraka, une Malgache de 34 ans, est décédée dans descirconstances obscures alorsqu’elle travaillait pour une famille riche d’Arabie saoudite.

Son décès, rapporté par la presse malgache et Radio France Internationale, remet sur le tapis les conditions de travail désastreuses des migrants dans les pays du Golfe. Maltraitance, viol, sous-alimentation, conditions de vie déplorables… Des Mauriciennes parties travailler comme bonnes à tout faire pour des familles aisées au Liban, en Arabie saoudite et même à Dubaï dans l’espoir d’une vie meilleure, racontent leur calvaire.

Azra Modarbaccus, plus connue comme Waida, a vécu une dizaine d’années «d’enfer» au Liban et en Arabie saoudite alors qu’elle y était employée en tant que domestique. Elle déconseille qui que ce soit de suivre ses pas. Aujourd’hui âgée de 47 ans, elle vit à Rodrigues. Cette mère de trois enfants revient avec beaucoup de peine sur cette époque.

Elle explique qu’à l’âge de 19 ans, après s’être séparée de son époux alcoolique, elle trouve du travail chez une famille au Liban avec ses trois enfants en bas âge sur les bras. Elle gagnait alors 150 dollars, soit Rs 2 550 par mois.

C’était en l’an 2000. Au Liban, dans un premier temps, puis en Arabie saoudite, Waida devait s’occuper des tâches ménagères, du repas et des enfants. 

«Là-bas, une bonne ne sort que pour faire les courses avec son patron ou pour promener les enfants, toujours en compagnie des parents», poursuit Waida, la voix marquée par ces années cauchemardesques. Elle raconte qu’elle était à l’époque une belle jeune femme, toujours soignée et coquette. Raison pour laquelle elle subira tout de suite la jalousie de la maîtresse de maison libanaise. Pleuvent alors les maltraitances en tous genres et des heures indues de corvées. Lasse de la situation, Waida décide de tout plaquer et de s’enfuir.  Sauf que pour récupérer son passeport resté entre les mains de son patron, elle devra travailler au noir sans permis de travail ni permis de séjour plusieurs années durant et pour plusieurs familles à la fois, afi n de rembourser les 3 000 dollars, environ Rs 50 000, réclamés par son premier employeur au Liban. Une somme couvrant le billet d’avion et les amendes après la rupture du contrat de travail.

En prison pendant trois mois

Un jour, elle est arrêtée et jetée en prison pendant trois mois. Elle recouvre la liberté avec l’aide du représentant mauricien d’alors. «Le consul m’a beaucoup aidée et a tout fait pour que tous ceux pour qui j’ai travaillé payent mon billet d’avion pour Maurice ainsi que les amendes qui m’ont été imposées à cause du travail au noir», dit-elle. Du groupe des 18 Mauriciennes recrutées au début des années 90, seulement deux d’entre elles travaillent toujours au Liban. «Mes deux amies ont eu la chance de tomber sur des gens bien. Il existe aussi de bons patrons qui prennent leur café à la même table que vous ou qui vous offrent à manger», fait ressortir Waida.

La quadragénaire explique qu’elle a vécu une autre mauvaise expérience chez une famille d’Arabie saoudite qui lui imposait des conditions très strictes. «Je n’avais le droit ni de sortir, ni d’aller sur le balcon, ni même de regarder par la fenêtre. Et je devais me couvrir de la tête aux pieds», soutient la mère de famille, qui n’y a pas fait long feu.

À côté, au Qatar, ce pays qui, selon le ministre du Travail Shakeel Mohamed, vise à attirer comptables, personnel hôtelier, ingénieurs et enseignants mauriciens, les conditions de travail donnent aussi à réfléchir. Il pleut chaque jour des rapports alarmants sur les conditions de travail des migrants y exerçant en tant que domestiques ou ouvriers sur les chantiers en vue de la Coupe du monde de football de 2022.

Interrogée, une compatriote qui vit au Qatar avec sa famille ne passe pas par quatre chemins. «Ne postulez

surtout pas pour devenir bonne à tout faire ou domestique ! Les conditions sont effroyables ! L’hôtellerie c’est l’idéal, car les Mauriciens sont les meilleurs», déclare-t-elle. Pour être bien payé et bien traité, indique-t-elle, il faut être qualifi é et avoir ses diplômes. «Il faut bien vérifier son contrat, conseille-t-elle. Par exemple, certains ont droit à un billet d’avion gratuit une fois par an pour rentrer à Maurice, à un logement payé par l’employeur et peuvent faire venir leur famille. Il faut également que le nombre d’heures et de jours de travail soit bien défi ni», indique-t-elle.

Cette compatriote indique aussiqu’il est important de bien connaître les conditions de vie au Qatar. «Le concubinage, les relations sexuelles hors mariage sont interdits par la loi. Nous avons un sponsor qui décide de notre droit de quitter le territoire, même pour un week-end, et qui décide de notre droit de changer d’employeur ou pas», précise la Mauricienne. 

Toujours selon elle, les conditions strictes concernent aussi les hôtesses de l’air : couvre-feu pour sortir le soir, pas le droit de tomber enceinte avant cinq ans de contrat, pas le droit de se marier non plus sans l’autorisation de la

compagnie aérienne.

Travailler à Dubaï peut être tout aussi pénible. Depuis ces cinq dernières années, le nombre de migrants mauriciens embauchés dans l’hôtellerie, l’aviation civile et à bord des catamarans de la marina, entre autres, a explosé. Ils seraient des milliers. Un chiffre que le ministère des Affaires étrangères n’a pu confirmer car il n’existe aucune statistique à ce sujet étant donné que le pays n’a pas de représentant mauricien officiel.

Interrogés, la plupart des Mauriciens travaillant pour Emirates Airlines ou pour de prestigieux hôtels disent qu’ils mènent la belle vie à Dubaï. Il faut toutefois «respecter à la lettre les lois et les conditions de travail», laissent-ils entendre.

Sideen Joorun, lui, n’est pas de ceux-là. Cet ancien employé d’hôtel à Dubaï dénonce le «cover-up» des autorités dans certains cas de décès de migrants survenus à Dubaï.  Employé aujourd’hui comme directeur de salle d’un grand groupe hôtelier aux Maldives, Sideen Joorun se rappelle la mort de son colocataire, également Mauricien, dans des «circonstances étranges» en 2007. «Alors qu’il était allé chez une  dentiste indienne, c’est son corps que j’ai récupéré moins de deux heures plus tard. Il n’avait que 28 ans. Il était un jeune homme actif, bosseur et il était à Dubaï pour économiser des sous pour son mariage», raconte Sideen.

À ce jour, les causes du décès sont toujours floues, dit Sideen, qui déplore également le service médical auquel ont droit les employés d’hôtels. «À chaque fois que nous nous rendons à l’infirmerie, on nous donne des antidouleur. J’ai moi-même échappé de très près à la mort à cause d’une gastrite. Je me suis rendu à une clinique privée où j’ai tout de suite été admis pour une intervention chirurgicale urgente sans laquelle je risquais de mourir», témoigne-t-il.

Shakeel Mohamed : «Ceux qui ont signé un contrat savent ce qui les attend»

Le ministre du Travail trouve ridicule que des Mauriciens partis travailler dans ces pays se plaignent. «Ils doivent réfléchir à tout cela avant de signer un contrat. Je leur recommande de venir à mon ministère pour se faire conseiller avant de partir», réplique Shakeel Mohamed. Son ministère, poursuit-il, n’a rien à voir avec le recrutement de domestiques mauriciens dans les pays du Golfe et «n’y participera jamais».

Pour le ministre du Travail, chaque employé recruté à l’étranger se doit de respecter les conditions de travail appliquées par le pays, comme c’est le cas pour les travailleurs étrangers ici à Maurice.

En ce qui concerne les offres d’emplois proposées au Qatar, à Dubaï et à Abu Dhabi, dans le cadre de la migration circulaire, Shakeel Mohamed précise que «les conditions de travail sont passées en revue par (son) ministère et expliquées aux travailleurs pour qu’il n’y ait aucun problème».

 

Text by lexpress.mu

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