“Manque de Considération Pour le Marché Africain”

Tels sont les propos du président du conseil d’administration d’Enterprise Mauritius, Amédée Darga, qui s’exprimait jeudi soir, au lancement de la troisième édition d’Origin Africa à l’hôtel Labourdonnais. Concernant l’industrie du textile et de l’habillement à Maurice, il soutient que les grandes entreprises locales se concentrent uniquement sur les marchés européen et américain. “L’Afrique n’est pas une préoccupation pour elles comme un marché”, dit-il. 
Pour lui, le continent africain peut être vu sous deux perspectives, notamment comme une base de production pour l’exportation. Il estime que les Turcs ont déjà jaugé le potentiel qui existe en Afrique et investissent massivement en Ethiopie qui est un acteur majeur sur le continent. “Après Maurice, l’Ethiopie deviendra le deuxième plus grand exportateur du textile et de l’habillement au monde”, mentionne-t-il.

En outre, quelques entreprises locales qui ont déloca-lisé leur production à Madagascar peuvent bien répéter ce qu’elles ont fait en Afrique, selon lui. “Pour les petites et moyennes entreprises (PME), l’Afrique doit être perçue comme un marché”, avance-t-il. Et d’ajouter qu’avec l’émergence de la classe moyenne, les Africains ont maintenant de l’argent à dépenser. Il cite l’exemple du Ghana et de l’Ethiopie. Si les grandes compagnies ne se soucient pas d’opportunités qui existent en Afrique, les entreprises de deuxième catégorie, après les grandes, elles, se diversifient en allant sur le marché sud-africain, dit Amédée Darga.

Il fait ressortir qu’il existe de grandes opportunités pour approfondir la présence locale en Afrique du Sud. Hormis ces entreprises de deuxième catégorie, il avance que les petites et moyennes entreprises locales vendent non seulement sur le marché domestique, mais trouvent aussi des opportunités dans des pays de l’Afrique de l’Est. Celles qui sont parties dans plusieurs pays africains arrivent maintenant à exporter vers ces pays. De son côté, Hemraj Ramnial, président du comité textile et habillement à la Mexa, évoque la présence d’une délégation éthiopienne à la Mexa, la semaine dernière, visant à renforcer les relations avec le continent africain et préparer la voie afin d’accélérer l’établissement des liens commerciaux avec la région africaine.

“Nous croyons fortement que le secteur du textile et de l’habillement en Afrique peut être un moteur de croissance en Afrique”, dit-il. Dans ce contexte, il avance que l’Afrique a deux points importants. Le premier c’est qu’elle produit le meilleur coton au monde mais l’exporte dans les pays asiatiques et européens. Le deuxième, c’est que l’Afrique est le deuxième continent le plus peuplé au monde. “La disponibilité de la main-d’œuvre n’est pas un problème, mais le défi est de motiver et de former la main-d’œuvre disponible et en même temps de construire une équipe de cadres pour soutenir la capacité de croissance”, ajoute-t-il.

Si l’industrie du textile a passé une année difficile en 2013, Hemraj Ramnial avance qu’une croissance de 5% dans les exportations totales du textile et de l’habillement a été notée au premier trimestre de cette année. Par ailleurs, il espère le renouvellement de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) pour encore 15 ans pour le développement d’un secteur du textile et de l’habillement verticalement intégré et aussi pour la croissance économique en Afrique.