La presse internationale a abondamment médiatisé la sortie houleuse de l’arbitre mauricien, pris à partie par le camp tunisien à la fin du match, et parle de «honte pour le foot africain», de «match volé» et de corruption.
Du coup, le football mauricien se retrouve dans une position inconfortable bien malgré lui, même si les personnes du giron que nous avons sollicitées hier, lundi 2 février, pour une réaction, sont solidaires de Rajindraparsad Seechurn, 44 ans, qui en est à sa 4e CAN.
Sameer Sobha, président de la Mauritius Football Association (MFA), est d’avis que l’arbitre mauricien a été à la hauteur et qu’il est même incorruptible. «Je trouve que Seechurn a parfaitement arbitré le match et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je le soutiens. Je dois également préciser que l’arbitrage mauricien est l’un des meilleurs en Afrique et c’est la raison pour laquelle beaucoup de fédérations ne veulent pas d’arbitres mauriciens à leur tournoi car il est impossible de corrompre les Mauriciens. Concernant ce fait de jeu, il y a eu effectivement faute car le joueur équato-guinéen avait déjà été bousculé avant de tomber dans la surface.»
Ramlochun Sohan, responsable de l’arbitrage au sein de l’instance dirigeante du football mauricien, a un avis bien tranché sur les responsabilités de chacun dans cette affaire, même s’il n’a pas vu la vidéo du penalty litigieux qui a fait basculer le match à la 94e minute en faveur du pays hôte.
«Etre arbitre n’est pas une mince affaire», avance-t-il. «J’ai à maintes reprises pu constater que les décisions du corps arbitral peuvent être, dans bien des cas, discutables. Je ne connais pas exactement la nature de la faute, mais il incombe, désormais, à la Confédération africaine de football de se réunir pour savoir si c’est une faute technique qui a été sifflée», analyseSohan.
Pour Saoud Lallmohamed, directeur du comité technique de la Mauritius Professional Football League (MPFL), Seechurn a eu raison de siffler car il y avait bien penalty. «C’est une faute oui. Elle est subtile, mais c’est une faute. J’ai revu les images et même pris une photo de l’action litigieuse et je suis convaincu qu’il y avait bien faute, comme je l’avais dit à la télé, sur la MBC. Mais je tenais à revoir les images et je suis convaincu que Seechurn a pris la bonne décision. Après c’est vrai que le joueur de la Guinée équatoriale en rajoute beaucoup quand il tombe pour obtenir le penalty. Il n’empêche que c’est une faute réelle, passible de la sanction suprême.»
Toute cette polémique ne serait, donc, qu’une tempête dans un verre d’eau? Non, Saoud Lallmohamed ajoute que «l’arbitre Rajindraparsad Seechurn a été pris dans la tourmente en raison du manque de crédibilité des instances du football africain et se retrouve mêlé à tout ça malgré lui. Cette polémique met en exergue le mauvais fonctionnement de la FIFA, des Confédérations et par extension des fédérations nationales, c’est pourquoi on essaie en ce moment d’opérer des changements dans le football mauricien et on peut dire que le plan prend forme».
Pour finir, la parole à un entraîneur étranger, le Congolais Joe Tshupula, actuel deuxième du championnat mauricien avec le Cercle de Joachim. «C’est dommage que cela soit arrivé à un arbitre mauricien dans un contexte de professionnalisation du football local… Toutefois, dans un match à élimination directe, il est normal que cela soulève une vague d’indignation qui peut déboucher sur des conséquences graves.»
Alors, il y avait penalty ou pas? Notre interlocuteur préfère botter en touche: «Personnellement je ne me prononce pas sur l’action qui mène à la faute qui est difficile à interpréter, mais je salue cependant le courage de Seechurn. De plus, il est important qu’il reste maître de ses choix.»