Robin Mardemootoo: «Tirons l’affaire NMH au clair»

il y a 7 ans, 1 mois - mars 27, 2017
Robin Mardemootoo: «Tirons l’affaire NMH au clair»
C’est un homme de loi qui s’intéresse de près au droit boursier. Il est convaincu de son combat, qui consiste à faire la lumière sur la vente controversée des actions de New Mauritius Hotels. Me Sivakumaren, Robin pour les intimes, de «Mardemotoo Solicitors», nous donne son point de vue. Qui, insiste-t-il, n’engage que lui...

>On vous croyait avocat et pas actionnaire ou directeur…

Je suis avoué de profession. Et j’ai le droit d’être entrepreneur. J’investis dans l’aviation, l’hôtellerie et la mer. Mais je n’investis pas d’argent comme on le fait normalement, je mise plutôt sur l’effort. Cela veut dire que je me sers de mon cerveau et de mon carnet d’adresses. Bien sûr, il y a toujours un peu d’argent en jeu, mais je suis avant tout un «sweat equity investor».

>Quid de Sunnystars ? Qui vous y a conduit ?

Personne. Sunnystars est mon entreprise. Je l’ai créée et j’ai invité mes partenaires, Anthony et Duncan. Anthony est un banquier d’entreprise originaire de Trinité-et-Tobago qui a étudié à Dartmouth et qui est basé à Hong Kong. Duncan, maintenant retraité, était Audit Partner chez PricewaterhouseCoopers, à Cape Town.

>Quel est le but de Sunnystars ?

Investir sur le marché boursier de Maurice.

>Peut-on savoir combien vous avez investi jusqu’ici ?

Sérieusement ? En bourse ? À peine Rs 25 000. J’ai acheté 1 008 actions de New Mauritius Hotels (NMH) en premier. Et j’ai été étonné de ce que j’ai vu.

>Qu’avez-vous vu ?

C’est privé. Il faudra mener votre propre enquête.

>Quelques pistes alors…

(Sourire hésitant) Tirons l’affaire NMH au clair. J’ai vu une société qui a 484 millions d’actions. Chaque action, je pense, était cotée à Rs 20, ce qui nous amène à environ Rs 9,6 milliards. Pourtant, NMH possède 10 hôtels de luxe dont le Royal Palm à Maurice et à Marrakech, Le Paradis, Trou-aux-Biches Hotel etc. Je me suis dit que ce chiffre était beaucoup trop bas pour une société comme NMH. Après, il y a les dettes. NMH en a plus de Rs 15 milliards. Comment peut-on avoir d’aussi belles propriétés pieds dans l’eau, sur les meilleures plages de l’île, et pourtant valoir si peu et avoir autant de dettes ? Enfin, c’est leur problème.

>Vous voyez ce piètre tableau et vous décidez quand même d’acheter plus d’actions en février 2016 ?

Bien sûr. Vous achetez un bien quand le prix est le plus bas, en espérant qu’il va remonter bientôt. Enfin pas qu’en espérant, il y a des facteurs à prendre en considération.

>Ainsi, vous étiez sur le marché pour acheter des actions de NMH ?

Oui. Et puis nous sommes tombés sur ce courtier qui nous a offert 4 % et plus tard, encore 4 %. Et on connaît la suite…

>C’est-à-dire ?

Un courtier nous a expliqué qu’un de ses clients voulait vendre 4 % des actions de NMH. Nous avons négocié le prix et les modalités de vente. Nous sommes une SPV (NdlR, Special Purpose Vehicle soit une entité subsidiaire à une plus grande corporation et dont la fonction principale est de réduire les risques de perte de capital), il fallait donc que nous nous organisions financièrement. Pour cela, nous avons demandé un délai de trois mois.

L’action était à Rs 23–24 à ce moment, donc Rs 28–29 était une bonne affaire pour le vendeur. Quelques semaines avant exécution, le courtier nous dit qu’un autre client vendait environ 4 % de ses actions. Et nous sommes parvenus au même accord. Et puis, Hector Espitalier-Noël s’est intéressé à ces actions et a entrepris de les acheter toutes. Les vendeurs, à travers le courtier, m’ont demandé si j’étais prêt à abandonner l’option sur trois mois et je leur ai dit non. C’est ainsi qu’Hector Espitalier-Noël s’est procuré ces actions.

>Et vous n’acceptez pas cela ?

Attendez. J’accepte le fait que je ne pouvais pas acheter les actions et qu’il ait pu le faire, lui. Je n’ai aucun problème avec cela. Mais il y a un souci. Dans son cas, cependant, pour l’achat de ces 9. 4 % d’actions, il ne pouvait pas payer «que» pour celles-ci. Compte tenu des actions de NMH que les sociétés d’Hector Espitalier-Noël détiennent déjà, il aurait aussi dû faire un Mandatory Offer. Cela veut dire qu’il aurait dû faire une offre aux autres actionnaires, soit les actionnaires minoritaires, qui constituent les autres 60 %, pour qu’ils lui vendent leurs actions. C’est ce que la loi exige. Mais il ne l’a pas fait. Voilà le problème. Il savait qu’il devait faire une offre aux autres actionnaires à hauteur de Rs 29.55 mais il n’a pas fait de Mandatory Offer. Comme le stipule le terme, il était «mandatory» qu’il le fasse, mais il a décidé de ne pas le faire. Nous sommes dans un pays où règne le Rule of Law, on ne peut pas y échapper. C’est une loi, pas une option. Il faut la respecter. Et les autorités doivent y veiller.

>Quelle est la prochaine étape ?

Le gouvernement doit décider si nous vivons dans un État de droit ou pas. La loi ne peut pas s’appliquer à certains et pas à d’autres. C’est inacceptable. Il n’y a pas de place pour les émotions. C’est le marché boursier. NMH n’est plus une compagnie privée. Elle est maintenant cotée en bourse, il faut donc qu’elle respecte la loi. C’est ce que je les entends dire tous les jours. Je suis désolé, ceci n’est pas juste. Pas selon ma lecture de la loi. Voilà pourquoi je demande que les autorités enquêtent.

>Est-ce que vous réalisez la portée de vos propos ?

Oui. J’ai étudié le droit, et je crois que j’en fais une bonne lecture. En supposant le contraire, enquêtez et démentez mes affirmations.

>Qu’est-ce que cela implique pour la Financial Services Commission (FSC) et Maurice ?

La FSC est responsable du marché des capitaux. Cela veut dire qu’elle doit s’assurer que les règles qui régissent ce marché sont respectées. Elle doit donc comprendre quelles sont ces règles et s’assurer qu’elles soient respectées. Elle doit enquêter en cas de rumeurs et d’allégations et prendre des actions si ces enquêtes révèlent des possibilités d’infraction.

À Maurice, la FSC est très présente dans le monde des affaires. Avec l’affaire BAI, elle est aussi connue du secteur de l’assurance. Mais elle est assez invisible dans le secteur du marché des capitaux. Je pense personnellement qu’elle est trop passive dans ce secteur.

Le marché des capitaux d’un pays est extrêmement important pour le développement et le bien-être de son économie. Ce marché est un point de rencontre pour ceux qui veulent investir de l’argent et ceux qui veulent en emprunter.

Le succès d’un marché des capitaux repose sur la confiance ; ce qui implique la confiance que les parties prenantes peuvent avoir dans le système. Si le marché est manipulé, le système est manipulé et donc défectueux.

Que fait la FSC à Maurice dans ce secteur ? N’y a-t-il pas de délit d’initié à Maurice ? Je n’ai jamais vu un marché plus incestueux que le marché mauricien. Il suffit de jeter un coup d’œil aux conseils d’administration des compagnies listées pour comprendre. On aurait imaginé que la FSC s’amuserait à enquêter sur ces délits d’initié et à faire respecter nos lois.

La FSC devrait se réinventer en ce qui concerne le marché des capitaux. Son personnel a besoin de formation. Je pense qu’elle ne réalise pas l’importance de ses fonctions et de ses responsabilités légales. Elle a l’obligation d’entreprendre les actions nécessaires pour protéger les investisseurs. Comment protège-t-elle les intérêts de ces derniers à Maurice ? Comment est-ce qu’elle mène ses enquêtes après des allégations de mauvaise conduite ? Qui mène ces enquêtes? La FSC devrait recruter des enquêteurs et des avocats spécialisés en droit des affaires et de la finance. Elle ne peut pas employer un jeune fraîchement diplômé. La FSC ne peut faire preuve d’amateurisme quand il s’agit du recrutement si nous voulons être un centre financier respecté.

S’il y a des rumeurs, la FSC doit tout tirer au clair. Si elle ne le fait pas, nous ne saurons jamais si ces rumeurs sont vraies et les perdants sont les investisseurs et le pays.

>Sur qui repose donc cette responsabilité de s’assurer que le système marche ?

Le gouvernement. Le Premier ministre est avocat ainsi que le vice-Premier ministre (…) Je comprends l’ampleur du pouvoir des Espitalier-Noël à Maurice. Nous devons beaucoup à cette famille. Mais est-ce que, à cause de ce qu’ils ont fait pour notre île, nous devons fermer les yeux s’il y a soupçon d’une violation de la loi ? Je ne crois pas. No one is above the law. Peu importe le nom, peu importe les amis que l’on a au gouvernement, la loi c’est la loi. Et elle est là pour être respectée.

Text by lexpress.mu

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