«Deal» proposed to Rawat: Incriminating soundtrack

«The deal is once we get this agreement out, they don’t touch you, they don’t touch your children, they don’t touch your sons-in-law and they leave the executive alone…» C’est ce qu’on peut entendre sur un enregistrement en circulation depuis que l’hebdomadaire Sunday Times en a fait état la semaine dernière. Cette bande-son, longue de quatre heures, fait état d’une conversation se déroulant entre quatre personnes. Il s’agirait de l’enregistrement de la rencontre ayant eu lieu entre Sattar Hajee Abdoula, ancien administrateur du groupe British American Investment (BAI), Swadeck Taher, président de Bramser Services Group et l’ex-Chairman Emeritus du groupe, Dawood Rawat. C’est en tout cas ce qu’affirment plusieurs de nos sources.

Reste que lors de cette conversation, plusieurs autres personnes sont mentionnées. Dont des membres du gouvernement. Dans la bande sonore, qui a été authentifiée par une des personnes présentes lors de cette réunion tenue en avril 2015, un des protagonistes affirme : «What has started will die of natural death.» À cela, une voix féminine répondra : «Quelle garantie a-t-on ?» La réponse : «C’est la seconde partie de l’arrangement. Nous devons savoir qui va signer l’accord…»

Plus loin dans la bande sonore, on entend un des intervenants insister sur le fait que le gouvernement voudrait pouvoir dire à la population que tous les biens de Dawood Rawat qui se trouvent à l’étranger ont été «secured». Et qu’il fallait l’accord du principal concerné. À cela, une autre personne fera comprendre que Dawood Rawat pense à ses enfants et aux biens qu’il veut leur laisser. Le négociateur ajoutera : «Nous n’allons pas leur donner tout ce qu’ils demandent et ils ne vont pas nous donner toutce que nous demandons… Ils auront à sauver la face et vous devez protéger votre famille et l’exécutif…» «Pourquoi fait-on cela ? Suis-je coupable ?» entend-on dans l’enregistrement. Une autre personne répondra : «Il y a bien eu des transferts d’argent…»

Au passage, une des deux personnes proposant le deal parlera de l’ancien administrateur, André Bonieux, qui avait été nommé par le gouvernement, en affirmant que ce dernier avait dit qu’il ne parlerait pas de Ponzi. Mais qu’il se rangerait du côté du ministre.

Après une heure de conversation, le nom d’Eshan Khodabux est aussi mentionné. L’intervenant affirme que ce dernier aurait parlé à sir Anerood Jugnauth (SAJ) pour lui dire qu’il fallait se méfier de Roshi Bhadain. Il ajoute que selon ses informations, SAJ n’aurait fait qu’agir sous les conseils de Vishnu Lutchmeenaraidoo.

Vers la fin de la conversation, un des deux négociateurs recevra un appel téléphonique qui viendrait, selon ses dires, de Pravind Jugnauth et qu’il appellera «boss». Il ajoutera qu’ils auraient été envoyés pour négocier par Roshi Bhadain et Pravind Jugnauth. Nous avons sollicité les deux personnes mentionnées ci-dessus. Seule une source bien placée au bâtiment du Trésor a affirmé : «Il faut traiter cela avec beaucoup de prudence. Certaines personnes sont devenues des champions dans l’art de dénoncer tout aujourd’hui.» Et de préciser que le contenu de la bande-son n’a pas été discuté au niveau du Prime Minister’s Office parce que «personne ne l’a écoutée».

Pourquoi maintenant ?

Nous nous sommes évidemment interrogés sur les motivations de ceux ayant fait circuler la bande-son. Dawood Rawat avait, dans un journal en ligne, évoqué la présence d’un «deal» que des personnes lui auraient proposé, en précisant avoir des preuves, sans pour autant en divulguer les détails. Selon des sources proches de ce dernier, il a fait comprendre qu’il ne voulait pas que les éléments de cette conversation soient divulgués, par peur de représailles contre ses enfants. Quel intérêt alors pour les autres participants à cette réunion ? Il nous revient qu’il s’agirait en fait d’un ami-ennemi à qui l’enregistrement aurait été confié et qui aurait ensuite changé de camp au fil du temps.

Réactions

Sattar Hajee Abdoula : «En tant qu’administrateur, j’avais pour mission de sauver les entreprises ainsi que les emplois. Toute cette affaire est devant différentes instances, y compris un tribunal d’arbitrage. J’ai un devoir de réserve et je ne peux en dire plus à ce stade.»

Swadeck Taher : «Je ne nie pas être parti rencontrer Dawood Rawat pour trouver une solution aux problèmes auxquels faisait face la BAI avec la nomination des conservateurs. Tenant en compte de l’impact que ça aurait eu sur l’économie mauricienne. D’ailleurs, deux ans après, vous constatez vousmême l’impact de cette décision sur l’économie. En ce qui concerne la bande enregistrée, je vous demande de vous assurer que la voix que vous entendez est bien la mienne et que la source est légale.»

Eshan Khodabux : «Je n’ai aucun souvenir que j’ai parlé à ‘bolom’ Jugnauth au sujet de Bhadain. C’est moi qui irais le prévenir de Roshi Bhadain? À l’époque, j’ai parlé à beaucoup de personnes. N’importe qui peut prendre le nom de n’importe qui et dire n’importe quoi.»

André Bonieux : «Je connais Swadeck Taher depuis 25 ans et on a travaillé ensemble sur plusieurs dossiers. S’il a choisi de raconter une conversation qu’il a eue avec moi, it’s fine. Je n’ai aucun problème avec cela. Je pense que dans le rapport que j’ai soumis, je ne parle pas de Ponzi, mais je parle des faits qui font état de la situation de la BAI à l’époque.»

Shakeel Mohamed, avocat de Dawood Rawat : «Mon client maintient que tout cela a été un complot contre lui et sa famille, orchestrée par le gouvernement. Il est plus que temps d’avoir une commission d’enquête sur tout cela pour confirmer qui sont les auteurs de ce complot. It’s only the tip of the iceberg.»