Deux directeurs de Sybrin Ltd, compagnie installée à Johannesburg en Afrique du Sud, sont actuellement à Maurice. Ils espèrent bloquer le projet de Cheque Truncation System (CTS) par le truchement d’une injonction de la Cour suprême. Ils veulent aussi relancer l’enquête de l’ICAC sur l’allocation du contrat pour la mise en œuvre de ce système de vérification de chèque à une firme suédoise, la CMA Small Solutions.
L’affaire a été rapportée à la Commission anti-corruption (ICAC) au début du mois d’août dernier. Sybrin Ltd reproche à la BoM d’avoir annulé, en 2008, un exercice d’appel d’offres concernant la mise en place du CTS, pour finalement allouer le contrat à l’entreprise suédoise qui travaille déjà avec la BoM.
Le CTS concerne la gestion électronique de l’autorisation à payer les chèques des banques du pays. Les soumissionnaires devaient proposer le logiciel approprié ainsi que les services après-vente nécessaires à la bonne marche du système informatique.
Il faut dire que malgré la contestation de l’allocation du contrat et les allégations de malversations formulées à l’ICAC, la BoM a mis en œuvre le projet. Le système proposé par la firme suédoise a été officiellement lancé, le 6 septembre dernier. C’est le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui avait présidé à la cérémonie de lancement.
Sybrin Ltd était l’un des soumissionnaires au premier exercice d’appel d’offres en 2008. Elle avait alors fait une proposition de Rs 23 millions. Au moins trois soumissionnaires ont participé à l’exercice d’appel d’offres en août 2008 : la compagnie mauricienne Blanche Birger, la firme américaine Unisys et Sybrin Ltd. L’offre sud-africaine comprenait le coût du logiciel, les frais de licence pour cinq ans ainsi que les services après-vente.
Toutefois, quelques mois plus tard, la Banque centrale informe les soumissionnaires que l’exercice d’appel d’offres a été annulé. Ils s’attendent alors à ce qu’il y en ait un deuxième.
Ce n’est que deux ans plus tard, soit en 2010, que Sybrin Ltd aura des nouvelles du CTS mauricien. La Banque centrale s’apprête à allouer le contrat à l’entreprise suédoise CMA Small Solutions qui travaille déjà avec la BoM.
La firme sud-africaine accuse le régulateur du secteur bancaire mauricien de ne pas avoir respecté les procédures établies pour l’allocation des contrats publics. Elle entame, donc, une nouvelle étape dans la contestation de l’allocation de ce contrat. Elle demandera à la Cour suprême de bloquer le projet en attendant les conclusions de l’enquête de l’ICAC. C’est Me Manish Gobin qui défend les intérêts de Sybrin Ltd.
Daniel Parreira, Sales Manager chez Sybrin Ltd, avait affirmé en août dernier, dans une déclaration à lexpress.mu, qu’un responsable de la BoM leur avait fait comprendre, après une première évaluation, que leur offre « était de loin la plus attrayante ».
Par ailleurs, le leader de l’opposition, Paul Bérenger, s’intéresse de près à ce dossier. A la fin de la semaine dernière, il a eu une longue séance de travail avec les deux directeurs de Sybrin Ltd. Il n’a pas souhaité commenter cette rencontre pour l’instant. Il affirme, cependant, qu’il étudie sérieusement la possibilité de porter cette affaire à l’Assemblée nationale par le biais d’une PNQ.