Quatre Morts à Belle-Rive: le Gourou Entendu par les Enquêteurs

8 years, 10 months ago - June 15, 2015
Quatre Morts à Belle-Rive: le Gourou Entendu ...
Un rescapé raconte et écarte la thèse de l’empoisonnement par le générateur

Quatre Morts à Belle-Rive: le Gourou Entendu par les Enquêteurs

Dix personnes ont été découvertes inanimées dans un temple à Belle-Rive, vendredi après-midi. Quatre d’entre elles sont mortes. Admis avec des rescapés à l’hôpital de Flacq, le gourou Devanand Mannick a signé une «discharge against medical advice», le samedi 13 juin, afin de pouvoir assister aux funérailles de son épouse, à Curepipe. Il a été entendu par les enquêteurs sur les circonstances du drame.

Selon une source policière, il a indiqué que les personnes présentes au temple et lui faisaient leur prière et chantaient quand ils ont été pris de vertige. Mais, a-t-il dit, il ne se souvient pas de ce qui s’est passé par la suite.

Enquêteurs et policiers se donnent la main

De leur côté, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du service médicolégal de la police, et Vidhu Madhub-Dassyne, la patronne par intérim du Forensic Science Laboratory (FSL), ont tout mis en œuvre afin de déterminer au plus vite la cause des décès. Ayant déjà travaillé dans une affaire quasi similaire survenue à St-Paul, tous deux ont fait de sorte que différentes équipes d’experts de la police scientifique travaillent de concert avec la Criminal Investigation Division (CID) de Flacq et de Quartier-Militaire pour examiner au plus vite les moindres indices pouvant expliquer comment les quatre victimes sont mortes.

Une équipe du FSL et du Scene of Crime Office (SOCO) a été dépêchée au temple, une deuxième à la morgue de l’hôpital Candos alors qu’une troisième était en stand-by au siège du FSL pour effectuer dans les plus brefs délais les tests toxicologiques.

Dès le départ, enquêteurs et experts avaient deux thèses en main: soit ils avaient affaire à un suicide collectif causé par une ingestion de cyanure, comme dans le cas de St-Paul, soit Gendhary Mannick, 54 ans, Sharmila Hemraz, 44 ans, Devi Samoo, 55 ans et Oodesh Kasseeram, 56 ans, ont été victimes des émanations du «delco» utilisé pour fournir de l’électricité au temple. Le générateur a attiré l’attention des policiers et des experts car il servait aussi à faire fonctionner un «heater», la température étant très basse dans cette partie de l’île en cette saison hivernale.

Le policier Oodesh Kasseeram a été le premier à être autopsié. Il était aux alentours de 22 heures lorsque son sang ainsi que d’autres échantillons ont été dirigés vers le laboratoire de Réduit. Moins de trois-quarts d’heure plus tard, le résultat est tombé, sans appel : il y avait 65 % de monoxyde de carbone dans le sang de la victime.

Asphyxie accidentelle

Les autres victimes présentant les mêmes symptômes que le policer, le FSL et le service médicolégal ont conclu que la mort est due à une asphyxie accidentelle. Depuis cette affaire, le service médicolégal et la police scientifique espèrent avoir recours au même protocole pour éviter que les résultats ne soient connus que plusieurs jours plus tard. Une meilleure synergie entre les deux groupes permettrait également de mieux élucider certaines affaires sensibles.

D’autres tests seront effectués dans le courant de la semaine pour vérifier la nature de la substance que les victimes ont ingéré avant de s’endormir jeudi soir. C’est en effet très tôt que ces adeptes du tantrisme se sont rendus dans ce temple, situé en retrait du village, pour des séances de prière et de méditation.

Membres du Chinnamasta Maha Kali Sthann qui voue un culte à la déesse hindoue de la vie et de la mort, ils mettaient leur endurance physique à l’épreuve à travers des marches sur le feu ou sur des sabres. Jeudi, ils devaient ingérer une décoction particulière devant les aider à être plus en harmonie avec la déesse qui, selon la mythologie, a le contrôle sur le désir sexuel.

Un rescapé raconte et écarte la thèse de l’empoisonnement par le générateur

On croyait le mystère résolu, mais le témoignage d’un rescapé vient tout remettre à plat. L’autopsie a beau attribuer le décès à une asphyxie, Girish Hemraze, lui, n’y croit pas. Il pense que les quatre fidèles, dont son épouse, sont morts de froid.

Cet habitant de Camp-Thorel soutient que le générateur qui a été mis en cause n’y est pour rien. Il affirme que celui-ci se situe à l’extérieur du «hall» dans lequel ils pratiquent la méditation et ne peut donc être la cause des décès.

Girish Hemraze est un habitué du centre de Chinnamasta Maha Kali Sthann. Il s’y rend tous les jeudis, à 22 heures, sans faute, et ce depuis sept ans.

Ce jour-là, le rescapé explique qu’après avoir chanté et fait des mouvements, les adeptes se sont sentis las et du coup se sont allongés. Sauf que ce n’est que le lendemain qu'il s’est réveillé, lui, et a vite remarqué que les autres membres du groupe étaient inconscients. Pris de panique, il s’est alors chargé de les transporter tous à l’hôpital dans le van de l’un d’eux. Il explique qu'ils étaient tous inertes, allongés à même le sol, recouvert de carrelage froid. Ce qui le pousse à dire que c’est le froid qui a eu raison de ces personnes.

Toutefois, sa version ne corrobore pas avec les résultats de l’autopsie et la thèse privilégiée par la police, c’est-à-dire, une asphyxie due au monoxyde de carbone causée par les émanations du générateur. Le générateur sera analysé lundi.

Text by lexpress.mu

We also recommend