Xavier-Luc Duval: «8 000 Emplois Créés Dans Le Port Avec DP World»

7 years, 11 months ago - April 13, 2016
Archive Photo: Xavier Luc Duval

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Le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) organise son congrès national annuel le dimanche 17 avril. L’occasion de sonder son leader, Xavier-Luc Duval, sur l’actualité économique et politique.

À l’issue du congrès national annuel qu’il organise le dimanche 17 avril, le PMSD élira un nouveau bureau politique et lance un nouveau plan d’action. Pourquoi ce renouvellement 

C’est une tradition. Le PMSD réunit chaque année la grande famille au mois d’avril. Cela permet de resserrer les liens et de tracer notre feuille de route pour les 12 mois à venir. L’année dernière, devant 10 000 partisans enthousiastes, nous nous étions fixé l’objectif d’être un parti national activement présent dans toutes les circonscriptions. En 2014, on s’était promis de rajeunir le parti. Cette année, nous lançons un autre projet de grande envergure. Le congrès, il est vrai, est également une démonstration de force.

Ce message sur le rapport des forces s’adresse à qui ? À vos alliés ?

À nos propres membres. L’objectif est de réaffirmer notre force. Le parti consolide sa structure et sa présence dans chaque circonscription. 11 800 membres répartis à travers le pays détiennent aujourd’hui leur carte de parti. Nous espérons enregistrer 2 000 à 3 000 membres additionnels jusqu’au congrès. Ces cartes sont digitalisées. Elles nous permettent de constituer une base de données informatique. Elle servira notamment à évaluer nos forces et faiblesses dans chaque circonscription. De plus, nos membres pourront voter par voie électronique à l’occasion des régionales.

Autre avantage : cela rendra plus facile le financement des activités du parti par ses propres membres. Avec les propositions du comité ministériel sur le financement des partis, un frein sera appliqué à la contribution du secteur privé. Or, avec 15 000 membres cotisant Rs 100 par an, nous recueillons Rs 1,5 million. Si, en outre, 1 000 personnes contribuent Rs 5 000 par an, cela vaudra Rs 5 millions additionnelles. Nous pourrons aussi rechercher l’opinion de nos partisans sur l’actualité.

Bref, nous lançons le PMSD version 2.0 avec ce congrès.

Vous admettrez que le PMSD a été jusqu’ici un parti d’appoint. Change-t-il de vocation pour devenir un parti national ?
Il s’agit plutôt de devenir un partenaire dans le plein sens du mot. Il y a 20 ans on me disait que le PMSD, ce sont les cinq sous qui manquaient pour compléter la roupie. Ce temps est bien révolu. Déjà, le PMSD a franchi le cap des villes. Remarquez que ce n’était pas un choix délibéré de se cantonner dans les villes. C’est arrivé, après 1967, par la force des alliances.

Le parti se transforme, la personnalité du leader aussi. Vous restez loin des controverses. Votre discours est consensuel, mesuré… Est-ce un calcul politique ?

Non, c’est l’âge, c’est l’expérience, c’est 30 ans de métier. Je suis content de l’impact national du PMSD…

Je parlais de la personne, devenue plus consensuelle…
Il faut comprendre mon upbringing. J’ai grandi dans cette maison de Grand-Gaube avec papa. Jamais on n’a fait de différence entre les gens en fonction de leurs origines. Jamais. C’est très important. C’est naturel. C’est dans mon sang. J’ai été candidat à Montagne-Longue et Goodlands avant d’aller à Beau-Bassin, Curepipe et maintenant Quatre-Bornes.

Dans les grands débats nationaux, le PMSD semble toujours à la recherche de compromis, de positions médianes plutôt que radicales…

Nous étions vigoureux dans notre lutte en faveur de l’abolition de la peine capitale. Nous avons été très fermes pour insister sur le maintien du Best Loser System.

Venons-en justement à la réforme électorale.

Il y a plusieurs volets à la question, le financement des partis étant l’un des plus importants. Car il fallait éliminer les possibilités de corruption qui se déguise en financement politique. En ce qui concerne le Best Loser System, il faut le maintenir dans le contexte actuel. Il corrige les inégalités d’un système bancal. La délimitation des circonscriptions génère trop d’inégalités. Le nombre d’électeurs par circonscription varie de 20 000 pour le n° 3 à 60 000 pour le n° 14. Il n’y a pas beaucoup de partis qui sont d’accord avec moi mais je suis en faveur d’un nouveau recensement sur la répartition ethnique. Si on veut faire une analyse du sort de chaque groupe, il faut des statistiques ethniques. À l’étranger, c’est courant.

Concernant la représentation proportionnelle, je ne souhaite pas qu’on augmente de façon exagérée le nombre de parlementaires. Nous sommes déjà surreprésentés. C’est mon opinion personnelle car le comité ministériel n’a pas encore discuté de cela.

Vous présidez un nombre impressionnant de comités ministériels…

Relevons celui qui a pour but de proposer des mesures pour rendre les exercices de recrutement dans la fonction publique et les organismes parapublics visiblement plus indépendants. Ce comité se réunira pour la première fois cette semaine (NdlR : la semaine du 11 avril 2016). Ensuite, il y a un comité sur le Law and Order. Ici, nous voulons voir comment mieux équiper la police.

En matière de recrutements, êtes-vous satisfait du bilan de l’alliance Lepep jusqu’ici ?

Dans les secteurs que je contrôle, je me suis assuré que les règles de méritocratie sont rigoureusement respectées. Je parle de postes de Chief Executive Officer bien évidemment. Pour les Chairmen, c’est différent, car ils doivent représenter le ministre.

La dernière nomination effectuée dans un département tombant sous ma tutelle est celle de l’ex-n° 2 du Board of Investment, Khoudijah Maudarbocus Boodhoo, à la tête de la Tourism Authority. Le PMSD est déterminé à «walk the talk» et honorer les engagements en faveur de la méritocratie.

Le clientélisme, c’est le fléau qui a longtemps gangrené les corps parapublics. Ne faut-il pas revoir ce modèle d’institutions créées dans les années 70 ?

Au fil des années, il y a eu de mauvaises expériences. La CWA n’a pas toujours réussi sa mission. Les casinos continuent à engloutir des fonds publics. Je peux citer d’autres exemples. Il faut avoir le courage à un moment donné de réformer ou de privatiser les secteurs qui ne sont pas performants…

...dont le port ?

Non, la situation du port est différente. Pendant des années, le port a très bien fonctionné. La MPA et la CHC ont fait de gros investissements. Depuis des années nous avons deux pôles de développement dans le port. La première concerne le captive cargo, c’est-à-dire les marchandises transportées pour les Mauriciens et l’industrie. La seconde, c’est le transbordement, un conteneur passe d’un navire à l’autre. Aujourd’hui, nous voulons changer le mode d’opération du port.

On fera toujours le captive cargo et le transbordement mais on crée une nouvelle activité dans la zone économique spéciale qui occupe 175 arpents à Jin Fei. Cette zone devrait attirer des investissements de $ 450 millions. À son apogée, elle emploiera 8 000 personnes. Calquée sur le modèle du port de Jebel Ali à Dubai, elle générera des tonnes de produits qui vont être réexportées vers l’Afrique. Des produits qui vont être stockés, réparés, manufacturés ou réemballés en petites quantités.

Avec DP World, on parle d’un nouveau business model. Elle apporte du capital et son savoir-faire.

DP World veut que la performance du port soit à la hauteur de ses ambitions pour la zone spéciale. Si elle tient à gérer la CHC, c’est pour rendre toute la chaîne efficiente, sans aucun goulet d’étranglement. Le concept original de Jin Fei a été un échec parce qu’il manquait la connectivité avec l’Afrique. Cette situation va changer.

Sur quoi repose votre optimisme concernant la connectivité ?

La connectivité viendra avec la masse critique. Il y a beaucoup d’actions convergentes qui sont menées pour accroître nos échanges avec l’Afrique. Citons le couloir aérien mis en place par Air Mauritius et Changi Airport. Ce projet est habilement piloté par le bureau du Premier ministre. Il fera de Maurice le point de transit le plus facile de l’Afrique vers l’Asie. Il y a aussi notre stratégie africaine.

Cela étant, rien n’est décidé en ce qui concerne DP World. Quand tout sera finalisé, les détails seront communiqués au public. Il y aura des garde-fous. Si dans trois ans le projet ne progresse pas à notre satisfaction, nous pourrons revenir en arrière.

Quelle est l’idée derrière cette stratégie africaine ?

Maurice a toujours acheté ses matières premières en Asie et exporté ses produits finis vers l’Europe. Nous pouvons aujourd’hui acheter des matières premières en Afrique et exporter nos produits vers l’Afrique. Le continent africain sera à la fois une source d’approvisionnement et un marché.

L’avenir nous le dira. Parlons d’un secteur où des résultats tangibles sont disponibles. Je parle du tourisme.

La réflexion a changé fondamentalement dans ce secteur. Autrefois, l’industrie imputait le manque de succès aux campagnes de promotion ou à l’accès aérien inadéquat. J’ai changé cette approche. L’essentiel, c’est le produit. La promotion n’est pas le plus important. Nous avons recentré la stratégie sur le produit : classification des hôtels, plages plus propres, qualité des services, etc. Puis on a arrêté de construire des hôtels pour que les prix augmentent, donnant plus de moyens financiers à l’industrie. Les prix sont remontés. Nous avons également réaménagé le budget de promotion. Fini les dépenses sur les inaugurations d’hôtels, etc. On concentre nos ressources sur les gros événements : golf, Festival kreol, Porlwi by light, rugby… Maurice sera bientôt sur CNN et Eurosport. Finalement, on s’est dit qu’il faut combler la basse saison. C’est le nerf de la guerre. On s’est focalisé sur le taux de remplissage pour les mois de mai à septembre. En 2014, les résultats sont positifs. Cette année, l’effort se poursuit à travers la campagne Mauritius 365.

Que répondez-vous à l’argument sur l’accès aérien ?

Conservons cette approche pragmatique et graduelle en laissant chaque fois un espace pour permettre à MK de s’adapter. L’ouverture faite envers Turkish Airlines est un grand succès. Ils transporteront cette année 50 000 passagers, essentiellement des Turcs, des Européens de l’Est et, bientôt, nous l’espérons, des Russes.

J’ai plusieurs nouveaux projets en tête pour le tourisme : un aquarium au Caudan, un téléphérique sur un site pas encore identifié, des musées culturels, une meilleure night life, des centres de shopping de haut niveau, etc. Je dois ajouter que je donne la plus grande attention aux ressources humaines. Le tourisme est appelé à connaître une croissance exponentielle.

Outre le tourisme que considérez-vous comme les secteurs les plus porteurs ?

Les services financiers vont faire un bond grâce à la stratégie africaine. Cela n’a rien à voir avec la fiscalité, ou très peu. Imaginons un joint-venture entre des Chinois et des Malgaches. Ils ont intérêt à s’implanter à Maurice. Notre judiciaire, nos banques, la Bourse, la sécurité, la stabilité monétaire… Ce sont autant de raisons qui pousseront les joint-ventures à s’enregistrer ici. Parmi les autres secteurs émergents, citons l’éducation supérieure et les TIC. L’aquaculture, dans les eaux très pures de St-Brandon, par exemple, devrait prendre de l’essor.

Heritage City, vous y croyez ?

Il y a plusieurs aspects à cette question. La dimension du développement foncier, l’aspect financier et l’utilisation des bâtiments. J’ai fait mes observations au Conseil des ministres et ne souhaite pas en parler davantage.

Le miracle économique est-il un mirage ?

Nullement. De toute façon, cela nous oblige à nous concentrer sur l’économie, ce qui est une excellente chose.

Pas tant que ça. La crise politique entrave le bon fonctionnement du gouvernement.

Il suffit de lire le communiqué du Conseil des ministres chaque vendredi pour se rendre compte à quel point on travaille d’arrache-pied. Ces embrouilles n’affectent pas le travail. Pour autant, il faut une bonne cohésion au niveau du gouvernement pour travailler. Je fais confiance au Premier ministre pour que la situation retourne rapidement à la normale. Le PM détient toutes les informations et saura gérer la crise. Il en a l’expérience. Il prendra les décisions qu’il faut quand il faut.

Vishnu Lutchmeenaraidoo doit-il démissionner ?

Je laisse la prise de décision à celui qui a toutes les données nécessaires.

Anerood Jugnauth a-t-il toujours la poigne pour trancher dans le vif ?

Il est très sharp. Cela se voit au Parlement. Il est écouté. Il est respecté et il a de l’autorité. Son âge ne se voit pas dans ses aptitudes à gérer. À voir sa vivacité d’esprit, on dirait qu’il a 68 ans.

Vous avez travaillé sous deux Premiers ministres différents. Quels sont les traits distinctifs de ces deux dirigeants ?
Le point fort du Premier ministre actuel, c’est qu’il sait prendre des décisions. Il faut aussi reconnaître que l’appartenance politique n’est pas un critère qui affecte ses décisions. Il n’est pas un dirigeant qui pénaliserait un projet positif pour le pays si le promoteur est d’un bord politique différent. C’était une des faiblesses du passé. SAJ est accessible, direct et très franc.

Vous considérez-vous Premier ministrable ?

Je crois profondément à la méritocratie et à l’égalité des chances.

Vous énoncez un principe général. J’aurais préféré une réponse directe. Avez-vous l’ambition d’être Premier ministre ?
Ce n’est pas à moi de dire si demain je vais être Premier ministre. Je fais mon travail.

Maurice est-il prêt à se débarrasser des critères ethniques et religieux pour désigner son Premier ministre ?
Non seulement le pays est prêt, mais il doit le faire. C’est impératif. Si aux États-Unis Obama a pu accéder à la présidence, il n’est pas imaginable qu’en 2016 Maurice soit limité par des considérations autres que le bien commun.

Text by lexpress.mu

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