Blanchiment d’argent: les courses hippiques dans le box des accusés

6 years, 9 months ago - June 19, 2017
Blanchiment d’argent: les courses hippiques ...
Les rumeurs sur le monde hippique vont bon train. Elles font état de courses truquées, de blanchiment d’argent, de liens obscurs avec les barons de la drogue…

Mais depuis quelque temps, ces bruits se font plus insistants, au fur et à mesure que les saisies de stupéfiants se multiplient. Le problème a pris une telle ampleur que dans son discours budgétaire, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a pris des mesures pour limiter le blanchiment d’argent dans ce milieu. Mais qu’en pensent réellement ceux qui fréquentent assidûment le Champ-de-Mars.

Pour les témoignages, il faut dire que l’on ne se bouscule pas au portillon. Si ceux que nous avons interrogés parlent bien de «malversations», ils sont peu loquaces lorsqu’il s’agit de préciser les procédés utilisés ou de citer des noms. Il faut dire que ce milieu est sans pitié. «J’ai grandi à Port-Louis, pas loin du Champ-de-Mars. J’ai toujours été passionné de courses et du plus loin que je me souvienne, il y a toujours eu des magouilles», explique un habitué des lieux. Lesquelles ? Le mal qui ronge les courses, selon notre interlocuteur qui a requis l’anonymat, est le blanchiment d’argent. Et d’où vient cet argent? «De la drogue et de la politique. Mais c’est tellement complexe qu’on n’arrive pas à savoir comment cela se passe», poursuit-il.

Pour en savoir plus, galopons vers l’hippodrome. Les bookmakers vaquent à leurs occupations, en occultant le problème. Un seul d’entre eux accepte de livrer le fond de sa pensée, mais encore une fois de manière anonyme. Un autre fléau qui mène au blanchiment est le dopage. «Le dopage se fait sur une base hebdomadaire. Tout le monde le sait et personne ne fait rien», affirme-t-il.

Selon ce bookmaker installé là depuis plusieurs décennies, ces pratiques ont cours au vu et au su de tous. «Il y a certaines injections qui sont administrées aux chevaux le jour même des courses alors qu’ailleurs, cette pratique est interdite. Personne ne sait ce que ces produits contiennent», dit-il. L’explication tient au fait que ces «médicaments» sont importés de pays connus pour la contrefaçon.

Il raconte que certaines injections qui arrivent sous un nom contiennent en fait un tout autre produit. Mais quid des contrôles? «Les vétérinaires sont sur place, mais le temps de procéder aux tests et d’obtenir des résultats, la course est déjà terminée. Si jamais il y a maldonne, personne ne vient de l’avant car les responsables eux-mêmes feront partie des coupables pour avoir laissé participer le cheval», lâche notre interlocuteur. Qui compare tout cela à un cercle vicieux «qui dure depuis la nuit des temps».

Notre homme va plus loin en affirmant détenir des preuves quant à la pratique du dopage. Produisant une liste, il montre du doigt certains noms de chevaux. «Voyez ces dernières semaines. Tous ces ‘petits’ chevaux qui ont gagné alors qu’ils n’ont pas couru depuis des jours, voire des mois. Par la suite, nous n’entendons plus parler d’eux.» Autre indice : ces chevaux qui ont été battus à plate couture et qui remportent une course deux semaines plus tard. Les exemples sont nombreux, selon le bookmaker, qui s’interroge sur le fait que des sommes faramineuses sont misées sur certains chevaux qui, pourtant, ne partent pas favoris. «Pendant les entraînements, tout le monde peut voir que les chevaux en question sont ‘faibles’. Donc la question est : qui va miser de grosses sommes sur eux ? Ces parieurs doivent savoir par avance qu’ils vont gagner.» Sa théorie ? C’est par le biais du dopage que l’argent provenant de la vente de drogue est blanchi.

Le financement des partis serait aussi compris dans cette équation «malsaine», fait valoir cet observateur averti. Il se dit du reste convaincu de ce qu’il avance. «Tant que les autorités ne s’attaqueront pas à ce problème de dopage, la situation va perdurer.»

Qui fait partie de cette mafia à l’origine des «intrigues» alléguées. Aucun nom n’est mentionné par notre interlocuteur qui nous invite à faire notre propre constat. «Venez au Champ-de-Mars ou analysez les résultats. Vous allez le savoir très vite. Quant aux institutions, même si elles ne sont pas complices, elles ne prennent pas les mesures nécessaires.»

Bookmakers clandestins : pari perdu d’avance

Dans le discours du Budget, le Premier ministre a annoncé une mesure qui vise justement à mettre un terme à ce fléau qu’est le blanchiment, lien principal entre le monde de la drogue et les courses hippiques. Mais cette mesure fait rire un bookmaker. Pour lui, cela va augmenter le nombre de bookmakers clandestins et ainsi, permettre à l’argent sale de circuler. «Vous croyez que j’aurai le temps de remplir un formulaire pour chaque client qui veut miser plus de Rs 2 000 ?» Son calcul est simple. Cet exercice lui prendra trois minutes. De ses 5 000 à 7 000 clients, environ une cinquantaine mise des sommes de Rs 2 000 et plus. «Je vais devoir employer plus de gens pour remplir les formulaires. Je ne vais pas m’en sortir et je vais devoir mettre la clé sous le paillasson.»

De plus, comme chaque bookmaker propose sa propre cote, notre source se demande si la carte émise chez chacun d’eux sera utilisable chez un autre, qui propose, lui, un cheval particulier à moins cher. «De plus, lorsqu’un favori est ‘vendu’, par exemple, à Rs 250 pour 1 500, personne ne jouera pour moins de Rs 2 000, et les clandestins vont les récupérer car ils n’auront pas de temps à perdre avec la paperasse.» Avec toutes ces complications, les turfistes se tourneront vers les bookmakers clandestins qui opèrent impunément. «Ils seront encore plus nombreux. Essayez alors de contrôler les sommes qui sont misées chez eux», met-il en garde. Cet argent, explique-il, sera ensuite misé officiellement chez un bookmaker pour le faire fructifier et par la même occasion, le blanchir.

La solution ? Selon lui, il est possible de conserver le principe de la carte mais de l’utiliser pour des sommes plus importantes. «Par exemple, si un client veut miser Rs 50 000, un contrôle est justifié. Et il y a moins de joueurs qui parient ces sommes, remplir les formulaires pose moins de problèmes. Ensuite, le paiement des gains se fait par chèque. Personne ne pourra alors prétendre avoir obtenu de fortes sommes si ce n’est pas le cas.»

Text by lexpress.mu

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