Dopage: le Champ-de-Mars a des allures d’Alcatraz

6 years, 10 months ago - June 26, 2017
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Les règlements y sont aussi stricts que le protocole au Palais de Buckingham. Au Champs-de-Mars, on a rendez-vous avec Benoît Halbwachs, le directeur des courses au Mauritius Turf Club (MTC). Il est souriant. Jusqu’à ce que le dopage ne vienne sur le tapis.

Il affirme d’emblée que Rs 20 millions sont dépensées annuellement pour des analyses et autres mesures visant à mettre un frein à ce problème. Les analyses sont faites par Quantilab, un laboratoire dont la réputation internationale n’est plus à faire. Les échantillons sont prélevés sur les chevaux le vendredi matin et expédiés au laboratoire.

Dès cet instant, les écuries se transforment en Alcatraz. Chaque mouvement est scruté, les caméras ont l’œil à tout. Personne ne peut s’approcher d’un cheval sans raison valable. Il y a déjà eu des licenciements, donc autant dire que rien n’est pris à la légère. Dès vendredi matin, «plus rien» n’est administré aux chevaux, contrairement à ce qu’affirment les mauvaises langues.

Saignements

«Il y a bien le produit anti-saignement qu’on leur donne par voie orale, le samedi matin, mais il est connu et n’a aucun effet sur leur performance», explique Benoît Halbwachs. Cette étape est nécessaire car, à Maurice, les chevaux évoluent dans des espaces restreints et sont, de ce fait, sujets aux saignements. Le crack Hillbrow a d’ailleurs rendu l’âme jeudi, à cause d’un problème de cette nature.

Mais, un palefrenier mal intentionné ne peut-il pas mélanger un produit dopant à ce médicament qui se présente sous forme de pâte ? «Il peut. Mais, comme tous les tubes contenant ces produits sont conservés au cas où un problème est détecté par la suite, il se fera très vite prendre.» Si une analyse est réalisée après la course et qu’un produit quelconque est décelé, le MTC préfère avoir tous les éléments sous la main, d’où le stockage des tubes de médicaments, même vides.

Qu’en est-il des autres produits administrés pendant les jours précédents ? Peut-on tricher, là ? «Le vétérinaire fait une injection. Il note le nom du produit dans un registre. Le reste est mis sous scellés. À chaque fois qu’il en a besoin, c’est toute une procédure. On ne va pas laisser n’importe qui injecter n’importe quoi aux chevaux», fait valoir Benoît Halbwachs. Le produit injecté est contrôlé dès son arrivée, jusqu’à l’utilisation «totale» et même là, encore une fois, les emballages sont stockés. De toute façon, répète le directeur des courses, il est impossible de pénétrer dans l’enclos, encore moins faire sortir un cheval sans se faire prendre par la caméra.

Médicaments mal dosés

N’empêche que, malgré toutes les précautions, il arrive que, parfois, les analyses soient positives. «Mais même là, il faut faire attention. Dans la plupart des cas, il s’agit de médicaments mal dosés», précise notre interlocuteur. Les sanctions sont quand même lourdes pour ces cas de dopage «involontaire» : Rs 25 000 à Rs 50 000. Dans les cas de dopage intentionnel, le palefrenier est suspendu pendant un an. Les coupables doivent s’acquitter d’une amende de Rs 250 000. Dans tous les cas, une enquête est initiée et le cheval dopé, volontairement ou pas, est retiré de la course.

Qu’en est-il des canassons qui parviennent à battre les favoris ? Situation normale, affirme-t-on. Le directeur des courses dégaine les statistiques : seuls 33 % des favoris sortent vainqueurs des courses. «Maurice présente un taux de réussite très décent en ce qui concerne les favoris, face aux autres pays. C’est aussi là, la beauté des courses. Si les champions gagnaient tout le temps, où serait le fun ?»

Et puis, tout dépend de la forme affichée par le cheval le jour des courses. Si jamais il se sent mal, ou souffre d’une petite douleur, sa performance sera affectée. Comme pour les humains.

Les analyses

Les analyses d’échantillons de sang sont effectuées par Quantilab, qui travaille aussi avec des pays comme la France, l’Inde et l’Uruguay. Le laboratoire n’a rien à envier à ceux de la NASA. Des hommes en blouses blanches, entourés d’appareils avec des bras qui bougent, des termes scientifiques lancés à tout-va et des fioles partout.

Mais le directeur ne parle pas de conquérir le monde. Bertrand Baudot préfère se focaliser sur le dopage hippique. Chez lui, les analyses sont capables de détecter quelque 11 000 produits dopants. La marge d’erreur ? Faible. De plus, la base de données est mise à jour chaque année. «Depuis le début de l’année, j’ai eu 47 tests positifs. Seulement deux concernaient le MTC», souligne Bertrand Baudot.

Les analyses sont faites sur des échantillons de sang qui arrivent tous les vendredis matins. Si une anomalie est détectée, un autre échantillon est demandé et les analyses sont effectuées sur place. Si le résultat reste positif, le cheval est tout simplement retiré de la course. Pas moyen de tricher, assure notre homme, car tout se fait de manière anonyme. «Nous recevons les échantillons avec un code. C’est le MTC qui a le code et le nom. En cas de problème, nous ne savons pas de quel cheval il s’agit», confie Mahmoud Kamel, Support Section Manager de Quantilab. Et comme le dopage est un sujet sérieux, des garde-fous supplémentaires ont été mis en place.

Ainsi, Quantilab a contracté un partenariat avec dix autres laboratoires à travers le monde. Tous s’échangent des échantillons pour contre-vérifier les résultats. «Jusqu’ici, nous n’avons jamais eu de résultats divergents.»

Text by lexpress.mu

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