Dr Barbara C. Samuels II: «Maurice est une destination privilégiée pour l’investissement»

5 years, 12 months ago - March 22, 2018
Dr Barbara C. Samuels II

Dr Barbara C. Samuels II

Du 14 au 16 mars 2018, Maurice a accueilli la deuxième édition de la conférence sur les «Pension Funds and Alternative Investments Africa». Que symbolise ce secteur d’investissement pour le pays ? Comment mieux développer les fonds de pension et gérer les risques ? Le Dr Barbara C. Samuels II, une des conférencières, nous livre son analyse.

>Quelles sont les retombées de la conférence sur les fonds de pension organisée à Maurice ?

Cet événement est extraordinairement important car il réunit l’écosystème pour le développement de l’Afrique. Comment les pays travaillentils avec leur capital ? Il n’y a pas suffisamment de capital émanant du secteur public pour le financement de la croissance économique. Le secteur privé en est le moteur.

Dans cette conférence, nous avons des leaders du secteur financier d’Afrique, et notamment des fonds de pension associés à cet écosystème d’asset management. Et, bien sûr, les fonds de pension représentent le capital requis à long-terme pour le développement économique.

Donc, la principale retombée est cette capacité de regrouper les gestionnaires de ces fonds de pension et les Asset Managers qui doivent travailler ensemble, apprendre des uns des autres pour bâtir les capacités. L’autre retombée relève de la mobilisation de l’intérêt face aux compétiteurs dans ce milieu. Et Dieu sait combien l’Afrique en a.

Par exemple, il y a un déficit énorme dans l’infrastructure. Il faut discuter de ces enjeux. Et la conférence est l’espace idéal pour cela. De plus, ces échanges permettent d’élaborer des stratégies applicables sur le plan national.

>Avec la population vieillissante, pensez-vous que les fonds de pension deviennent un investissement plus que nécessaire ?

Chaque société a le devoir de protéger ses citoyens. Peu importe où vous vivez, que ce soit en Europe, aux États-Unis, vous êtes tous vulnérables. Toute personne doit travailler dur, indépendamment de sa localisation. Il est impératif de procurer une certaine sécurité à sa famille et lui donner accès aux soins médicaux. C’est donc vital d’avoir des fonds de pension qui couvrent ces aspects.

>Quelle est l’utilité de tels investissements à Maurice et en Afrique plus précisément ?

Il est vital que les partenaires puissent investir de manière responsable dans le secteur des retraites. Le meilleur investissement à faire se trouve dans les piliers économiques comme l’infrastructure, l’énergie, le transport, l’eau, la technologie, etc. Il nous faut du financement sur les 10 à 20 ans. Et les fonds de pension nécessitent aussi ces efforts à long terme.

En fait, cela est vital pour que les personnes retraitées puissent bénéficier de cet investissement à cette cruciale étape de leur vie. Présentement, les fonds de pension représentent 379 milliards de dollars en termes d’actifs sous gestion. Les décideurs politiques doivent étendre ces services.

De plus, pendant des périodes économiques difficiles, il existe une large palette de fonds qui peuvent être utilisés pour améliorer les infrastructures et le développement social. Évidemment, cela génère parallèlement des retours sur investissements et permet de développer davantage le potentiel de l’industrie dans les pays développés et moins développés.

>Pourtant, aux yeux du monde, le continent africain n’est pas perçu comme une destination viable ou un partenaire de confiance face à sa réputation de corruption. Qu’en est-il des risques ?

Aucun investissement ne doit se faire si le créneau est perçu comme étant «non investissable». Il y a, évidemment,de meilleures pratiques internationales pour ce type de transaction dans les fonds de pension. Si ces conditions sont respectées, ces investissements sont protégés des pertes et assureront la diversification.

D’ailleurs, un des objectifs de la conférence concerne la mise sur pied des règlements afin que ce créneau soit plus fructueux et offre des opportunités de financement responsable. Et, bien sûr, que cela privilégie l’intérêt des retraités.

>Comment ce marché financier a-t-il évolué sur le plan régional ?

À mesure que l’Afrique croît, les fonds de pension lui emboîtent le pas. Je crois que 90 % des fonds de pension sont dans ces pays, dont le plus grand investissement est pour l’Afrique du Sud.

Ayant travaillé en Afrique

de l’Est, j’ai constaté que l’Ouganda peut représenter un milliard de dollars en termes de fonds de pension et pour son développement économique. Pour d’autres pays, il faut atteindre les besoins de diversification économique. Il y a un potentiel énorme pour l’Afrique d’aller au-delà des profits réels et d’investir dans la productivité.

>Vous mentionniez le potentiel africain. Qu’en est-il de celui de Maurice dans ce secteur ?

C’est une success story hors du commun. L’île s’est internationalement positionnée dans l’écosystème. En fait, Maurice est une destination privilégiée pour l’investissement. En sus de son parcours atypique sur le plan économique, le pays se distingue par le partenariat remarquable entre l’État et le secteur privé.

Par exemple, regardez la façon dont les chambres économiques collaborent constamment avec le gouvernement et contribuent au développement national. Ils travaillent ensemble sur les règlements et programmes. Cela, de concert avec les organisations professionnelles.

L’approche est un bon modèle. De ce fait, cela a permis à Maurice de devenir une plateforme internationale et de servir de point d’entrée pour l’Afrique. D’ailleurs, vous le voyezici, avec les différents partenaires régionaux présents à la conférence.

>Comment développer davantage ce créneau à Maurice ?

Je n’ai pas réalisé d’étude sur les fonds de pension à Maurice. Donc, je peux vous dire que, sur le plan général, il faut travailler, consolider l’écosystème national. Les décideurs politiques nationaux et régionaux doivent s’y atteler. Car j’insiste sur cet aspect : les fonds de pension peuvent être utilisés pour booster le développement économique. Il faut des rôles et des responsabilités mieux définies.

Par exemple, ces fonds peuvent investir dans des projets Brownfields, comme pour les produits énergétiques et du transport, s’ils sont dotés d’un grade d’investissement et sont de très bonne qualité. Il faut, pour cela, que la base de l’investissement soit performante et bien établie.

Ainsi, les investisseurs potentiels, les gouvernements et les banques commerciales pourront travailler ensemble et favoriser la mondialisation. Qui plus est, nous pourrons créer la mobilisation responsable de ces ressources pour l’infrastructure en Afrique et dans le monde entier.

Contexte

Le Dr. Barbara C. Samuels II a participé à la conférence sur les fonds de pension du 14 au 16 mars. Le 15 mars, elle faisait partie du panel de discussion sur le thème suivant :

«The potential impact of pension funds on Africa’s economic development». La conférencière est responsable de la «Global Clearinghouse for Development Finance» (GlobalDF). Il s’agit d’une association oeuvrant à la mobilisation du secteur privé pour le développement.

Parallèlement, elle occupe le poste de vice-présidente au «United Nations Business Steering Committee on Financing for Development». Elle compte plus de 30 ans de service dans le monde des finances, du crédit et des stratégies. Le Dr Barbara C. Samuels a exercé comme «Director of Country Assessment» à la Chase Manhattan Bank. Elle aégalement été directrice du «Moody’s Emerging Markets Service et directrice de projet au Council on Foreign Relations’ Roundtable» sur «Country Risk in the Post Asia Crisis: Identifying Risks, Strategies, and Policy Implications». Elle a également été professeur à la «School of International and Public Affairs» de l’université de Columbia.

Sur le plan académique, la spécialiste détient un doctorat en «Management et Political Science du Massachusetts Institute of Technology» (MIT), une maîtrise en «Business Administration» de la Sloan School of Management et une maîtrise en science politique également du MIT.

Text by lexpress.mu

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