René Leclézio: «Notre plateforme va générer de l’emploi dans les arts»

5 years, 7 months ago - September 06, 2018
René Leclézio: «Notre plateforme ...»
D’ici le 1er décembre 2018, le Caudan Arts Centre sera déjà sur les planches. Pour René Leclézio, directeur général de Promotion and Development Ltd et initiateur du projet, l’objectif est de multiplier les recettes par trois dans ce secteur économique émergent. Et de contribuer au développement de Port-Louis. Le point.

Où en est l’avancement du projet Arts Centre ?

Pour le bâtiment, on est arrivé à environ 75 %. En ce qui concerne le théâtre, les aires de stationnement, le bistrot «L’Entracte» et les salles de conférence, ce sera fonctionnel le 1er décembre 2018. Une autre partie comprenant des bureaux et des parkings sera prête en mars prochain. Les travaux vont continuer sur le bâtiment. Les contracteurs vont «hand over» à la première semaine de novembre. Ils ont pris un peu de retard mais cela nous donnera le temps de mettre au point les équipements.

Sur quels facteurs repose la décision d’orienter les activités de Promotion & Development sur la création d’un Arts Centre ?

Nous nous sommes inspirés de plusieurs modèles dont, entre autres, celui du Cape Town Waterfront basé sur le concept «Live, work, play». L’élément «live» est très important. Auparavant, les cinémas avaient du mal à redécoller à Maurice et sur le plan mondial, notamment avec l’arrivée de Netflix et le «streaming». Avec ce creux, on s’est demandé si cela valait la peine de renouveler le contrat pour les cinémas. On avait envisagé de reprendre une des salles mais ce n’était pas conçu pour du «live». Cela fait des années qu’on en parle, qu’on y pense et c’est désormais la réalité. Cela vient com- bler un vide qu’il y avait dans le «live» à Port-Louis. C’est la première fois qu’il y aura une salle avec une sonorisation conçue professionnellement par une équipe en Angleterre et dotée d’équipements très sophistiqués. Par exemple, il y aura plus de 100 haut-parleurs, plus de 100 lumières intelligentes. On entendra les gens sur scène parler sans micro. C’est du jamais-vu à Maurice.

D’autant que la réhabilitation des théâtres existants ne semble pas être prioritaire…

La réhabilitation des théâtres de Rose-Hill et de PortLouis implique d’énormes budgets qui ne sont probablement pas rentables pour l’État, à moins qu’il y ait un surplus d’argent pour dépenser dans le patrimoine. Cela viendra peut-être un jour. Quand on est dans une phase «d’emerging economy», il est difficile de justifier les grosses dépenses. Pour la première fois dans le Budget, je vois un «art fund». On commence à avoir un engagement de l’État pour les arts et la culture. C’est un très bon signe. Je crois que 5 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. L’objectif de- vrait être de 0 %. L’État a vraiment d’autres chats à fouetter que de revoir probablement un théâtre pour du loisir. Il y a beaucoup de concurrence pour les dépenses de l’État, et donc d’autres priorités.

Vous voilà projeté dans la filière de l’économie du patrimoine et de la créativité où peu d’opérateurs osent se lancer. Quels sont les risques associés à une telle initiative ?

Sur Rs 1 milliard, ce bâtiment-là compte d’autres sources de revenus dont plus de 400 parkings, 2 000 m² de bureaux, cinq salles polyvalentes dont certaines peuvent être utilisées pour des répétitions et des conférences. De ce coût, environ 40 % sont liés au théâtre pur, équivalant à Rs 350 à Rs 400 millions. Est-ce rentable ? Voyons cela dans l’ensemble du Caudan où il faut avoir dans le temps du résidentiel. Avec tous les travaux en cours à Port-Louis, il y aura une telle demande d’ici quelques années.

Ce qui rejoint le concept de smart cities ?

Nous ne faisons pas une ville. Les promoteurs ont besoin de prendre un «green field site» et le convertir en une ville. Cela prend des années. Nous avons la richesse de PortLouis avec 150 000 habitants, 26 écoles. Notre marché de proximité est déjà là.

Revenons-en aux risques…

Le risque est qu’on ne fasse pas un retour adéquat sur le bâtiment. Nous avons levé Rs 1 milliard avec une augmentation de capital avec nos actionnaires et cette somme était dédiée à ce nouvel édifice. Nous n’aurons donc pas d’endettement sur cette phase. On peut tenir très longtemps tant qu’on ne fait pas de perte majeure. C’est vrai qu’il s’agit d’une nouvelle activité à Maurice. Où on est peut-être un peu pionnier. On est devant l’inconnu. Mais nous venons créer une plateforme pour inspirer les artistes à venir avec la créativité et de la production.

Et les opportunités ?

Il y aura des créations d’emplois directs dans le domaine technique, administratif, de la restauration, des salles de conférence, etc. En fait, notre plateforme va générer de l’emploi dans les arts. Nous estimons que le chiffre d’affaires des arts à Maurice sera de l’ordre de Rs 350 millions par an. Moi, mon objectif est d’aider à le multiplier par trois pour les prochaines années. Car à Rs 350 millions, les artistes ne peuvent pas gagner leur vie. Il y a 4 500 artistes à Maurice dont 60 % sont des musiciens.

Quand on divise Rs 350 millions par le nombre d’artistes, ce n’est pas assez pour un père ou une mère de fa- mille pour vivre. On veut donc offrir un outil aux metteurs en scène, musiciens, etc. Pourquoi avoir un concert à Rs 300 le billet comme cela se fait en boîte de nuit ou à l’hôtel ? Il faut un spectacle. Pourquoi ne pas ajouter 15 ravannes à des chants indiens, un sitar ou du tabla avec des jeux de lumière et l’acoustique ? Cela va rehausser la créativité. Beaucoup de Mauriciens ont énormément de talent et n’arrivent pas à l’exprimer faute d’espace requis.

Qu’est-ce que l’Arts Centre apportera de plus à Port-Louis et surtout à Maurice ?

Cela coule de source pour Port-Louis. Nous travaillons déjà avec des écoles de la capitale. Nous avons un fonds permettant à une trentaine de jeunes de suivre des cours professionnels avec des pédagogues. Déjà un jeune a décroché une bourse américaine. Le talent est là. Il y a des choses de base que la municipalité a besoin de comprendre et que nous sommes en train d’appuyer…

Lesquelles ?

La Landlord and Tenant Act a été dévastatrice. Cela a causé la ruine de Port-Louis. Hormis cela, la municipalité aurait pu prendre des actions qui ne coûtent pas grand-chose. Par exemple, refaire les trottoirs, l’éclairage de la route, aménager des caméras de sécurité, avoir des patrouilles la nuit. Cela, afin que tous les citoyens de Port-Louis puissent redescendre vers le Caudan et profiter du live, des spectacles avec l’arrivée du Metro Express à côté. Ce n’est pas si onéreux mais ça a l’air d’être une montagne pour la mairie. Il faut travailler avec l’État et qu’il soit conscient que les artistes sont la clé d’une société stable et équilibrée.

Après la promotion du front de mer, le Caudan Waterfront a dû braver la montée en puissance des centres commerciaux. Quel a été leur impact sur le Caudan Waterfront et comment faites-vous face à cette concurrence ?

Cela fait dix ans que nous avons eu plusieurs problèmes au Caudan, notamment un retard pour le rond-point. Un projet qui devait prendre six mois a finalement nécessité un an et demi. Puis, il y a eu la catastrophe du 30 mars 2013 avec des décès. Cela a amené un nuage sur la ville. Troisièmement, nous avons assisté à une prolifération de centres commerciaux à Bagatelle, Cascavelle, La Croisette, etc. On a refait ceux de Jumbo Phoenix, Riche-Terre et à Trianon. Nous, qui étions quasiment seuls, avons eu une concurrence énorme sur un marché qui n’a pas forcément évolué. À cela s’est rajoutée la crise économique. On commence à voir une reprise. On est plus qu’un centre commercial. On est sur l’eau. Les magasins ne constituent qu’une partie des activités. Dans cinq ans, Port-Louis ne sera plus la ville qu’on connaît aujourd’hui…

Comment le percevez-vous justement au futur ?

Il y a déjà une rénovation du Port-Louis Waterfront en cours. L’aquarium du groupe Eclosia est aussi en route. Tout comme le Metro Express et la gare Victoria. J’espère que cela va inciter les Portlouisiens qui ont quitté leur ville à y revenir. C’est LA capitale et le point où il y a le plus de brassage culturel.

Comment l’Arts Centre va-t-il s’intégrer dans ce nouveau paysage ?

On continue notre petit bonhomme de chemin. Dans une quatrième phase, il y aura des appartements, entre autres. Tous les services annexes comme le Metro Express apporteront de l’eau à notre moulin.

Le projet de balcon qui devait être intégré à votre nouvelle infrastructure n’a pu se faire pour nonconformité à l’article 25 de la Rivers and Canals Act. Comment cette difficulté a-t-elle été surmontée ?

Au fait, on a été induit en erreur. Il nous avait été dit que c’était une simple réglementation. On a alors prévu le bâtiment avec son balcon. Puis, il a fallu que cela passe par le Parlement. Mais on avait déjà créé une base temporaire. Les autorités étaient déjà au courant. Finalement, quand c’est passé avec beaucoup de retard au Parlement, l’opposition a soulevé des points sur la Rivers and Canals Act. On a été obligé d’aller sur un Plan B et de retirer la plateforme. Malgré l’autorisation après le Parlement, nous n’avions plus les outils pour pouvoir le faire. Il fallait nous rabattre à l’intérieur de notre terrain.

Avez-vous d’autres projets ?

Malheureusement, la plupart des bâtiments intéressants à Port-Louis appartiennent à l’État. On a eu plusieurs conversations. J’essaie de passer au gouvernement ce message pour faire revivre la ville de Port-Louis depuis très longtemps. Par exemple, il est prévu que les policiers bougent des Casernes pour Côte-d’Or. Les Casernes pourraient être converties en université technologique pour 3 000 jeunes. Ces derniers ont besoin de logements et de loisirs. Cela ferait décoller PortLouis. Ce serait fantastique pour Port-Louis car on a un skills gap qu’il faut combler. On peut coupler cela à une École des métiers. C’est à l’État de décider.

Contexte

De Lloyds à PAD

Créée depuis les années 1980, Promotion and Development Ltd (PAD) est une initiative de la Mauritius Commercial Bank. Maurice était alors en plein boom économique. René Leclézio exerçait alors au sein de la Lloyds Merchant Bank à Londres. Puis au lancement de PAD, il s’y est consacré. Parallèlement, l’entreprise fait la promotion du Caudan, de Médine et du Mauritius Freeport Development (MFD). René Leclézio occupe présentement le poste de «Managing Director».

Text by lexpress.mu

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