Il s’agira de la dernière campagne de pêche à la senne, car, en plus des dégâts connus sur l’environnement, il a été noté que cette activité « ne rapporte plus ». Le ministère de la Pêche devra maintenant travailler sur des alternatives pour recycler ceux qui opèrent encore dans ce domaine. Le plan mis en place, il y a quelques années en vue d’encourager les pêcheurs à rendre leurs sennes en échange d’une compensation, n’a pas eu de succès.
La pêche à la senne est une activité traditionnelle appelée à disparaître. Déjà, depuis quelques années, les dégâts sur l’environnement marin, notamment les coraux, ont été décriés. Mais comme il s’agit du gagne-pain des pêcheurs regroupés au sein d’une douzaine de coopératives, il a été « difficile » pour les autorités d’appliquer une politique pure et dure.
Dans un premier temps, le gouvernement est venu de l’avant avec un plan en vue d’encourager les pêcheurs à rendre leurs sennes, contre une compensation de Rs 105 000. Pour ceux qui n’étaient pas propriétaires de senne, mais travaillaient avec une pêcherie, la somme était de Rs 65 000. Dans les deux cas, le chiffre n’a pas fait l’unanimité parmi les pêcheurs. Ce qui explique que la pêche à la senne a continué à faire partie du paysage mauricien, et ce en dépit des dégâts causés sur l’environnement marin.
Toutefois, la campagne 2019, ayant été en deçà des attentes, les pêcheurs ont réalisé, par eux-mêmes, que cette activité n’était plus viable. De plus, la présence des hors-bord dans le lagon rend la pêche difficile et effraie les poissons. D’où la décision de tenir une dernière campagne cette année. Sauf qu’il faudra prévoir des alternatives pour ces pêcheurs qui se retrouveront au chômage. Prenant la parole à Mahébourg hier, le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, a encouragé les pêcheurs à pratiquer la pêche semi-industrielle hors lagon. Une option qui, a-t-il dit, « a déjà donné de bons résultats ».
Il a également élaboré sur des formations pour recycler les pêcheurs dans d’autres activités de la mer, notamment, la plantation des coraux ou des algues. Mais tout ceci reste encore à finaliser.
Il faut savoir que, par le passé, le gouvernement avait déjà lancé le projet d’aquaculture aux coopératives de pêche, qui n’a pas donné les résultats attendus. Valeur du jour, la majorité de ceux, qui avaient bénéficié de cages pour cette activité, a abandonné. La raison dit-on : « Des lieux inappropriés, manque d’encadrement et vol. »
De nombreux pêcheurs font aujourd’hui remarquer que, dans les régions de Quatre-Soeurs et Grande-Rivière-Sud-Est, où étaient disposées un certain nombre de cages, il y a un problème d’eau boueuse provenant des champs et montagnes, à chaque grosse pluie. « Le cordonnier qu’on élevait dans ces cages est très sensible et ne résiste pas à ces conditions », explique-t-on.
Il y avait également un problème de stockage. Souvent, on prenait les alevins de Riambel pour les transporter au centre de recherche d’Albion et, une fois qu’ils auront grandi, ils sont transférés vers les fermes aquacoles. Dans ces conditions, beaucoup mouraient. À un certain moment, il était même question d’opter pour un seul site, avec plusieurs cages gérées par différentes coopératives. Ce qui serait alors plus facile pour l’encadrement et pour la surveillance, car le vol demeure également une des raisons de la faillite de ce projet.
Hier, l’ouverture de cette dernière saison a été précédée d’une messe dite en l’église de Notre-Dame des Anges, à Mahébourg, suivie de la bénédiction des pirogues. Un rassemblement était ensuite prévu à la Maison des pêcheurs et une régate s’est tenue dans l’après-midi. Outre le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, celui des Sports, Stephan Toussaint, ainsi que sir Anerood Jugnauth et Lady Sarojini Jugnauth ont assisté à l’événement.
S’adressant aux pêcheurs, sir Anerood Jugnauth a tenu à les remercier d’avoir fourni la population en poissons pendant de nombreuses années. Il est revenu sur les défis dans ce secteur et a invité à trouver de nouvelles méthodes, « afin que les pêcheurs puissent continuer à gagner leur vie grâce à ce métier ».