Basse saison difficile pour les petits hôteliers

Les petits établissements hôteliers broient du noir en cette basse saison. Acculés par la guerre des prix avec les gros hôtels et un taux de remplissage médiocre, ils s’attendent à des mois pénibles. 

Pas un seul client pendant deux semaines à Kuxville Beach Hotel. Pour Andrea Kux, la gérante de l’établissement, la basse saison s’annonce « difficile ». « C’est le calme plat depuis quelque temps. C’est maintenant que les choses commencent à reprendre gentiment. Toutefois, nous serons loin d’être remplis aux mois de juin et juillet », explique-t-elle. Ajay Jhurry, président de l’Association des opérateurs touristiques, prévoit d’ailleurs un taux de remplissage de 10 à 15 % pendant cette basse saison.

Il faut dire que les touristes misent actuellement sur les destinations européennes. « Il n’y a pas beaucoup de visiteurs qui feront douze heures de trajet pour venir à Maurice quand il fait déjà beau en Europe », souligne Andrea Kux. 

Un autre opérateur abonde dans le même sens. « La basse saison se présente mal. Elle sera plus longue et difficile que les années précédentes vu la situation actuelle en Europe. Tout semble indiquer que la crise va perdurer. D’ailleurs, la clientèle européenne n’est pas optimiste en ce moment ». Il craint même que la prochaine saison touristique risque d’être en péril surtout en ce qui concerne la clientèle européenne. 

Devra-t-on miser sur des touristes orientaux ? « La destination n’est pas vraiment prisée par les Indiens et les Chinois. Notre parc hôtelier n’est pas adapté pour ce type de clientèle. Nous risquons définitivement d’avoir une saison difficile. »  Pour attirer les visiteurs, les hôtels ont revu leurs tarifs à la baisse tout en multipliant les promotions. Pour Ajay Jhurry, ce sont les gros hôteliers qui sortiront gagnants dans cette guerre des prix. « Ils ont beaucoup de chambres et peuvent donc jouer sur les tarifs sans faire de perte. 

C’est loin d’être le cas des petits et moyens opérateurs », soutient-il. Cette guerre ouverte entre les gros et petits établissements a lieu chaque année parce que, selon lui, il n’y a pas un ‘Price Regulatory Body’ à Maurice. « Cet organisme aurait pu fixer les prix pour les différents catégories d’hôtels. Toutefois, beaucoup de gros opérateurs s’opposeront à une telle éventualité car ce n’est pas dans leur intérêt. Les petits opérateurs sont donc appelés à toujours souffrir pendant la basse saison », regrette Ajay Jhurry.  

Les hôteliers déplorent également un certain ‘mismatch’ entre les différents opérateurs de l’industrie. « Il n’y a pas une seule ligne de conduite. Alors que les hôteliers baissent leurs prix, les compagnies aériennes ne font rien pour aller dans cette direction. Puisque les différents acteurs ne sont pas alignés sur la baisse des prix, cela rend les choses encore plus difficiles en cette saison », conclut un opérateur.