Cela, alors qu’en 2015, il y a eu une décroissance de 4,9 %. Cette absence de croissance en 2016 inquiète les opérateurs, qui craignent des conséquences sur les emplois dans le secteur.
Pour les opérateurs de la construction, il est clair que cette situation affectera les grandes comme les petites compagnies, qui risquent de devoir licencier leurs employés ou même fermer leurs portes. L’économiste Éric Ng souligne que cela aura aussi un impact négatif sur le pouvoir d’achat des Mauriciens.
Selon notre interlocuteur, «les années précédentes, nous avions eu droit à une croissance négative, ce qui est pire. Et cette année, il n’y a ni croissance ni décroissance. Il n’y a donc pas d’amélioration. La situation reste compliquée». Le promoteur Bhooshan Ramloll abonde dans le même sens. Il soutient que «rien n’a changé au fil des années. Le secteur reste toujours en difficulté».
Plusieurs facteurs ont mené aux difficultés que rencontre le secteur de la construction. Parmi eux, le fait qu’il n’y a aucun chantier lancé, que ce soit dans le secteur privé ou public, indiquent les opérateurs. «Il n’y a aucune tentative sérieuse pour essayer de remédier à la situation, ni un plan de redressement du secteur à long terme. Il y a trop de bureaucratie, mais aucun projet. Je p e n s e que nous pourrions même aller vers une décroissance», explique Bhooshan Ramloll.
Du côté de l’Association des petits entrepreneurs, le président, Gérard Uckoor, déclare que la situation est catastrophique. «Les petits ‘contracteurs’ sont encore plus à risque de fermer, surtout que bon nombre d’entre eux sont presque en faillite. Jusqu’à quand pourront-ils résister ?» s’interroge-t-il. Selon lui, le gouvernement annonce plusieurs projets, mais rien de concret n’en ressort. «Il y a un réel manque de vision.» Nous avons essayé d’avoir l’avis du président de la Building and Civil Engineering Contractors Association, en vain. Il nous revient que plusieurs réunions ont eu lieu entre le ministère des Infrastructures publiques, des banques, les acteurs de la construction, entre autres, dans une tentative de redresser le secteur. Le but étant que les banques puissent accorder plus de facilités pour le financement des projets. Or, les promoteurs insistent que cette initiative ne sert à rien s’il n’y a pas de projet.
Taux de croissance
Contactée, une source du ministère affirme que pour le financement, «la balle est dans le camp des banques, mais c’est compliqué. En ce qui concerne le taux de croissance du secteur dans le rapport de Statistics Mauritius, il faut se demander sur quoi celui-ci se base pour calculer qu’il est de zéro. Il y a beaucoup de projets à l’agenda, certains ont été lancés et d’autres pas encore».
Par ailleurs, une étude menée par des compagnies de construction a révélé que 18 contrats ont été alloués par le Central Procurement Board en septembre 2015, mais qu’un seul projet a été concrétisé à ce jour.