Les deux associations ont mis sur pied une Commission mixte textile et habillement Maurice-Madagascar (CMTH) en vue de formaliser leurs synergies et mieux déployer leurs ambitions. Le plan d’action a été présenté aux médias des deux pays simultanément par visioconférence.
Madagascar et Maurice se complètent dans différents secteurs, et plus particulièrement dans celui du textile et de l’habillement, qui reste d’ailleurs l’un des principaux moteurs de croissance de l’économie mauricienne et malgache. Les deux pays sont d’ailleurs dotés d’une solide industrie textile, créant des emplois significatifs, générant des revenus d’exportation, principalement en termes de devises étrangères, ainsi que des retombées dans des secteurs auxiliaires, tels la logistique, les banques et autres services.
Les exportations de textile et d’habillement de Maurice et de Madagascar génèrent un chiffre d’affaires d’environ USD 1,5 milliard par an. Les deux pays sont signataires de plusieurs accords commerciaux communs, incluant l’iEPA (UE), l’AGOA, le COMESA, la SADC et l’UK-ESA. Ils disposent aussi d’un avantage concurrentiel majeur en termes d’accès préférentiel à nos principaux marchés d’exportation.
Aujourd’hui, Maurice et Madagascar travaillent avec un groupe de clients relativement commun, qui considèrent que leurs offres sont complémentaires, plutôt que concurrentes. La MEXA et le GEFP expliquent qu’en combinant les forces de nos deux pays, notre région devient une réponse rapide, viable, qualitative et Socially Compliant pour de nombreux clients sophistiqués du monde entier.
Par ailleurs, depuis la fin de la pandamie du Covid-19, de nombreuses entreprises manufacturières se sont délocalisées de la Chine vers d’autres parties du monde. Alors qu’avant le Covid-19, il y avait une énorme concentration de production en Chine, les acheteurs cherchent aujourd’hui des alternatives d’approvisionnement, et l’Afrique représente à ce titre une nouvelle opportunité.
Dans ce contexte en profonde mutation, la CMTH, Maurice-Madagascar, s’est fixée plusieurs objectifs, soit :
Des initiatives communes seront ainsi lancées dans divers domaines, tels le marketing et la promotion de l’industrie régionale du textile et de l’habillement, la connectivité entre Maurice et Madagascar, l’établissement de Maurice et de Madagascar en tant que Regional Hub en Afrique, les besoins en ressources humaines pour les secteurs textile et habillement des deux pays et le transfert d’expertise et de savoir-faire.
Arif Currimjee, président de la MEXA, souligne d’emblée que Madagascar est le deuxième plus grand marché d’exportation pour Maurice. Tandis que Hery Lanto, président du GEFP, dresse un état des lieux des exportations malgaches. « Comme Maurice, nous avons eu une baisse avec le Covid, mais après, elles ont bondi de 25% en 2021 et de 16% en 2022. C’est le moment de collaborer avec la MEXA afin de voir comment nous pouvons faire rebondir nos exportations dans le temps », dit-il.
Hery Lanto rappelle que beaucoup d’entreprises mauriciennes opèrent déjà à Madagascar, et ce, depuis la fin des années 90’. « Nos deux pays sont complémentaires sur le plan du textile, pas compétiteurs », reprend Arif Currimjee.
Les deux hommes ont expliqué que depuis la fin de la pandémie, les pays occidentaux cherchent des alternatives à la Chine. « Ce serait une opportunité pour nos deux pays de s’approprier cette part du gâteau dans un contexte de réorganisation du commerce mondial post-Covid. »
Avec ces changements qui se mettent en place, le président de la MEXA estime qu’il est clair qu’ils déboucheront sur des ajustements au niveau de l’approvisionnement, et que l’Afrique est appelée à devenir une source importante pour le textile mondial. « Aujourd’hui, Maurice et Madagascar ont une avance sur les pays africains, notamment ceux de l’Afrique subsaharienne. Nous devons conserver cette avance. D’où l’importance de travailler avec Madagascar. »
Commentant les différents axes de collaboration qui seront mis en œuvre entre nos deux pays, Hery Lanto parle d’une plateforme digitale commune « pour mettre en lumière notre écosystème textile » et convaincre les acheteurs et investisseurs de venir visiter notre région. A ce stade, Maurice et Madagascar ont des stratégies promotionnelles indépendantes, mais le président de la MEXA estime que certaines initiatives communes pourraient se mettre en place dans le futur, dans l’objectif de promouvoir et développer le secteur textile.
La collaboration se fera aussi sur le plan de la main-d’œuvre. Une analyse des besoins en formation sera effectuée dans nos deux pays pour ensuite créer un Skills Matrix pour faciliter le Matchmaking des ressources.
Et le développement durable ne sera certainement pas négligé, puisque la MEXA et le GEFP comptent travailler sur des KPIs pour valoriser la protection de l’environnement, le social et les meilleures pratiques. Les deux regroupements du secteur privé espèrent également développer une position commune au niveau de l’AGOA, avec l’objectif de mutualiser les efforts de lobbying. « Au niveau du secteur privé, nous adopterons une position commune. Nous espérons convaincre nos gouvernements d’avoir les mêmes positions », affirme Arif Currimjee.