Ce n’est pas aussi facile de limoger un président, comme c’est le cas pour un haut cadre d’un corps parapublic. La présidence est un poste constitutionnel. L’avocat Raouf Gulbul explique que c’est uniquement sous le paragraphe 30 de la Constitution que l’on peut destituer le titulaire, et les procédures sont compliquées.
L’homme de loi ajoute que pour enclencher les procédures contre celui-ci, il faudrait qu’il ait «violé la Constitution» ou qu’il soit accusé d’un «serious act of misconduct». Il peut, par ailleurs, être destitué pour cause d’incapacité physique ou mentale.
Mais avant de le faire partir, il faudra instituer un tribunal avec trois ou cinq juges mauriciens ou membres d’un pays du Commonwealth qui écouteront les divers témoignages. À l’audience, le président pourra être représenté par un avocat.
À l’issue de celle-ci, les juges statueront s’il doit partir ou pas. C’est au Speaker de l’Assemblée nationale qu’ils devront soumettre leur rapport. Et s'il doit y avoir destitution, il faudra que les parlementaires adoptent la décision du tribunal par une majorité simple.
Le départ de Kailash Purryag a été évoqué lors d’une conférence de presse le vendredi 9 décembre. A la séance de questions-réponses, le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, a soutenu que «le président a son mandat. Lui, il doit se servir de son common sense. S’il pense qu’honorablement c’est son devoir de partir, il partira. Mais s’il pense qu’il n’a aucune raison de le faire avant que son mandat se termine, moi je le respecte. Mes relations avec lui sont correctes, je travaille avec lui et, franchement, je ne lui ai pas dit de partir. Je n’ai dit à personne de lev pake ale.»
Pour sa part, le principal concerné a, dans l’édition du Week-end du 4 janvier, clairement fait comprendre qu’il ne démissionnera pas. «Non. Je fais mon travail d’après la Constitution et je rappelle que mon mandat de président de la République va jusqu’en 2017», a-t-il déclaré au journaliste qui l’interrogeait sur une telle éventualité.
Sollicitée par l’express devant ces diverses déclarations, Ameenah Gurib Fakim, la principale concernée, déclare : «Je prends note».