Tels sont les deux léviers capables de relancer la croissance économique à Maurice, note une étude de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice (MCCI) sur ‘‘l’évaluation de l’impact de certains coûts sur le taux de croissance de Maurice’’, qu’elle a présentée aux journalistes, lors de la 19e édition du MCCI Business Confidence Indicator, la semaine dernière. Cette étude montre des possibilités d’améliorer le climat des affaires à Maurice, en comparant Maurice à d’autres économies, tels Hong Kong et le Singapour.
Cherchant à analyser et à mesurer l’impact de certains coûts relatifs à la conduite des affaires sur le taux de croissance économique, et au final, à identifier certains leviers pour améliorer la performance économique du pays, l’étude du MCCI, dirigée par l’économiste Renganaden Padayachy, et Sanroy Seechurn, s’inspire des recherches empiriques de Saleh, qui a étudié l’impact des indicateurs du ‘Doing Business’ sur le taux de croissance du PIB égyptien. L’estimation économétrique a été réalisée avec le soutien du logiciel STATA, logiciel de statistiques et d’économétrie créé par Statacorp et adapté à la recherche et à l’estimation éco-nométrique des modèles.
L’étude analyse l’impact de cinq facteurs liés à l’environnement des affaires sur le taux de croissance du PIB. Ces facteurs sont les réglementations officielles pour la création et la gestion d’une entreprise, les taxes et impôts, les coûts liés aux commerces frontaliers (notamment, le coût à l’export et le coût à l’import, autre que le coût du fret), l’octroi des permis des construire, et l’accès au crédit. Les résultats et conclusions de cette étude sont aussi très intéressants. Selon l’étude, les coûts relatifs à la création d’une entreprise sont encore relativement élevés, par rapport à la Nouvelle-Zélande par exemple.
Et les données empiriques associent un taux de croissance plus élevé aux pays où les coûts de création des entreprises sont faibles. A Maurice, selon l’étude du MCCI, les coûts relatifs aux réglementations pour la création d’entreprise sont actuellement estimés à 2,1 % du revenu par tête, et si ces coûts relatifs diminuaient à 1,1%, toute chose égale par ailleurs, le PIB aurait pu augmenter de 50 millions de dollars américains, soit une hausse de la croissance de Maurice de 0,4 point.
Un point intéressant de cette étude du MCCI concerne la fiscalité à Maurice. Malgré la baisse du taux de taxation sur les sociétés, qui est passé de 25 % à 15 %, le taux d’imposition effectif à Maurice n’a diminué que de 2 points en dix ans, cite l’étude du MCCI. D’où l’idée de MCCI de ‘‘revoir en profondeur notre fiscalité afin de pouvoir baisser le taux de taxation effectif’’. Selon la MCCI, si on appliquait un taux d’imposition effectif de 18,4 % à Maurice, comme c’est le cas au Singapour, cela améliorerait notre taux de croissance de 0,3 point. Le Singapour a eu un taux de croissance de 2,8 % en 2014, un taux supérieur à la moyenne des économies avancées, et le taux de chômage était de 2 %.
Dans son étude, la MCCI préconise aussi donc de ‘‘baisser les coûts liés aux commerces frontaliers’’, et ‘‘de réduire les coûts relatifs à l’octroi des permis de construire’’. Et d’enclencher des réformes dans le domaine du commerce extérieur, en adoptant les mêmes structures de coût du commerce frontalier que le Singapour, car cela aurait l’effet de propulser le taux de croissance au dessus de 6 %.
Selon le MCCI, divers coûts, comme ceux liés à la préparation des documents, au dédouanement et à l’ins-pection technique sont élevés à Maurice. Enfin, s’appuyant sur le modèle hongkongais, où les coûts relatifs à l’octroi des permis de construire sont faibles, l’étude du MCCI argue que les coûts des permis pourraient aussi être davantage diminués à Maurice.