Le cas le plus récent concerne la construction de la route Terre-Rouge–Verdun. Quand le contrat a été alloué à la firme Colas en 2012, le projet était estimé à Rs 2,16 milliards. Toutefois, quand les travaux ont été achevés, cette route a coûté pratiquement Rs 4 milliards au gouvernement. Anil Bachoo, ministre des Infrastructures publiques d’alors, avait mis à l’index la topographie pour expliquer ce surplus. Le constructeur parlait, lui, d’«unforeseen circumstances». Le nouveau ministre de la Bonne gouvernance Roshi Bhadain a annoncé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur les raisons ayant occasionné ce surplus.
Autre exemple de projet ayant dépassé le budget alloué : la construction du Bagatelle Dam. Le chantier est devenu un véritable gouffre financier. Quand les travaux ont débuté en 2011, le gouvernement d’alors avait prévu un budget de Rs 3,3 milliards. Toutefois, à la fin des travaux, l’État aura à dépenser Rs 5,6 milliards. Ce projet n’est pas passé par un exercice d’appel d’offres. Après un accord entre l’ancien régime et la Chine, le gouvernement chinois avait imposé la firme China International Water and Electric comme constructeur.
Le nouveau terminal de l’aéroport de Plaisance a également fait sauter le budget établi par le gouvernement. Quand le projet a été initié en 2010, cet aéroport moderne devait coûter Rs 11 milliards à l’État. Cependant, à son ouverture en 2013, il avait coûté au total Rs 14 milliards.
Le bureau de l’Audit a aussi noté des «variations» dans d’autres projets. Dans un rapport publié en 2011, les auditeurs notent que pour le projet de tout-à-l’égout dans la région de Baie-du-Tombeau, le contrat avait été alloué pour la somme de Rs 464 millions. Il a finalement coûté Rs 750 millions. Toutefois, le Central Procurement Board (CPB) n’a pas autorisé le paiement de cette somme, indiquant que les frais supplémentaires s’élevaient à environ 30% de plus. Le CPB avait estimé que c’était contraire à la loi. Le gouvernement a alors payé la somme de Rs 603 millions.
À maintes reprises, Joe Lesjongard, député du MMM, a soulevé la question des «variations» au Parlement. «La loi est claire. Si la variation dépasse les 15%, il faut lancer un nouvel exercice d’appel d’offres. Mais dans la pratique, cela ne se passe pas ainsi.» Il laisse comprendre qu’une certaine flexibilité est indiquée. «Si la variation atteint 17% par exemple, on peut toujours faire appel à la clémence du CPB au lieu de recommencer des procédures qui prendront beaucoup de temps. Mais quand c’est énorme, il faut respecter la loi», dit-il.