Operation « Lakaz Lerwa Lion » : Soornack Caresse l’Idée d’un Retour à Maurice

Un mois après l’arrestation de l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, avec la saisie de Rs 224 millions dans les coffres de River Walk, et trois mois après son départ en catastrophe pour l’Europe, Nandanee Soornack, l’ancienne partenaire d’affaires de Rakesh Gooljaury, prépare son retour pour Maurice. En effet, au cours de ces 10 derniers jours, et après avoir renvoyé le rouge Yatin Varma en tant que son conseil légal, celle par qui est venue la chute politique et personnelle de Navin Ramgoolam, procède actuellement à une tentative d’ouverture avec des hommes de loi mauriciens susceptibles de se présenter en tant que négociateurs pour lui « sauver la peau dans la conjoncture ». À ce stade, les consultations se multiplient, mais le détonateur de tout ce processus pourrait être la réponse que communiquera le Central CID à Me Raj Boodhoo de Raj Solicitors à Londres, dont les services ont été retenus récemment par Madam Ou Kone Ki Mwa.

Depuis ces derniers jours, le Central CID et Nandanee Soornack sont engagés dans une Psychological Warfare avec comme toile de fond le retour de la femme d’affaires à Maurice pour les besoins d’enquête suite à l’opération Lakaz Lerwa Lion du vendredi 6 février. Le Central CID détient entre ses mains une carte maîtresse sous la forme du Red Notice d’Interpol en vue de l’arrestation à l’étranger de l’ancienne partenaire d’affaires du patron de Fashion Style. Il ne reste qu’une dernière procédure officielle pour que la photo de Nandanee Soornack soit affichée sur le site web d’Interpol avec un “Wanted” inscrit.

« Avec les échanges de correspondance entre la police mauricienne et Interpol depuis le début de l’année, Nandanee Soornack a été fichée par cette organisation, même si à ce jour, aucun mandat d’arrêt international n’a été lancé. La principale concernée et ses conseils légaux savent pertinemment bien que tôt ou tard cette étape sera irrémédiablement franchie, avec pour conséquence la bataille pour l’extradition. C’est ce qui explique le dernier “Move” de Nandanee Soornack au sujet d’un éventuel retour à Maurice », fait-on comprendre dans certains milieux, qui se disent confiants que très bientôt « Nandanee Soornack, who knows that she is on watch, is going to surrender herself ».

Du côté des Casernes centrales, l’on évite de commenter ce volet de l’enquête, avec pour explications que les limiers de la Special Cell, sous la supervision de l’assistant-commissaire de police Heman Jangi, sont déjà très pris avec différentes enquêtes impliquant l’ancien Premier ministre. Toutefois, la dernière correspondance émanant de Raj Solicitors à Londres, avec Me Raj Boodhoo en tant que Leading Solicitor, confirme l’intention de retour de Nandanee Soornack.

Les conseils légaux mauriciens à Londres veulent obtenir confirmation officielle du Central CID des charges criminelles qui pèsent sur Nandanee Soornack. Au début de la semaine dernière, il y avait deux principales inculpations provisoires, Conspiracy dans le Cover-Up de l’agression dans le campement de Roches-Noires dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011 et Money Laundering. Toutefois, le Central CID fait durer le suspense, car à ce matin, les conseils légaux à Londres n’étaient pas encore en présence de la réponse officielle des autorités mauriciennes.

Dans une tentative de faire accélérer les choses avant qu’il ne soit trop tard, des proches de Nandanee Soornack, agissant sur la base de ses instructions, ont pris contact avec une série d’hommes de loi, considérés comme étant en mesure de « break the deadlock of her return to Mauritius ». Un premier homme de loi approché a imposé certaines conditions alors qu’un autre serait actuellement en pourparlers avec des intermédiaires pour préparer ce retour même si elle sait pertinemment bien qu’elle ne pourra pas échapper à des inculpations provisoires dès le début de son interrogatoire.

Néanmoins, depuis la semaine dernière, les révélations de commissions de Rs 100 M versées par la société helvétique Drufy AG à Frydu, compagnie incorporée par Nandanee Soornack, sont venues compliquer ce projet de retour. Tout semble indiquer que l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) se penchera sur les documents compromettants au sujet de ces versements de ces commissions sur la base d’un Sales Agency Agreement.

Les prochaines révélations sur le partage des commissions versées par Dufry AG au cours de ces dernières années et aussi sur l’identité des bénéficiaires constituent la clé pour mieux comprendre le réseau mis en place dans ce cas et probablement répliqué pour d’autres importants contrats, comme l’achat d’Airbus pour le compte d’Air Mauritius au coût de Rs 75 milliards, faisant l’objet d’enquêtes du nouveau gouvernement. Ces détails pourraient être confirmés soit par le truchement d’Audit Trail à partir des Judge’s Orders pour accès aux comptes bancaires des protagonistes et des prête-noms, soit sous forme d’aveux en écrit de suspects voulant doubler les autres.

En ce début de semaine, le calme apparent prévaut vu que Navin Ramgoolam ne reviendra dans les locaux du Central CID que demain pour reprendre le bras de fer avec le Central CID au sujet de la formule de son interrogatoire. L’ancien Premier ministre veut rédiger personnellement son Statement alors que le Central CID objecte à cette formule et exige le traditionnel jeu de questions/réponses.

Il y a encore à venir le Ruling de la juge Rita Teeluck, siégeant en référé, sur le décryptage des six téléphones cellulaires de Navin Ramgoolam pour la nuit du 2 au 3 juillet 2011…