Certification: le «Made in Moris» veut aider les petites entreprises

6 years, 11 months ago - May 11, 2017
«Made in Moris» veut aider les petites entreprises
Un accompagnement des entrepreneurs permettra d’élargir le champ d’application du label local tout en maintenant sa qualité.

Partenariat avec le NPCC

Le label «Made in Moris», lancé par l’Association of Mauritian Manufacturers, souhaite s’ouvrir davantage aux petites entreprises (NdlR : les entreprises ayant un chiffre d’affaires de moins de Rs 10 millions). L’association a signé à cet effet une entente avec le National Productivity and Competitiveness Council (NPCC) au début du mois de mai.

Cette démarche s’inscrit dans une volonté de contribuer à l’amélioration continue des PME mauriciennes. Depuis le lancement du label, l’adhésion des petites entreprises était freinée par la nécessité de respecter un cahier des charges rigoureux.

«Jusqu’à présent, le processus était le suivant : le demandeur remplit un formulaire d’adhésion et une fiche d’autoévaluation. Après l’analyse de la fiche d’auto-évaluation, une visite de conformité (par SGS et «Made in Moris») a lieu dans les locaux de l’entreprise pour déterminer si elle respecte notre cahier des charges. Il faut atteindre un score de 60 % pour obtenir le label», explique Shirin Gunny, directrice et planificatrice stratégique de «Made in Moris».

Elle explique à ce propos que le comité de «Made in Moris» a rencontré au cours de ses différentes interactions avec les PME, des entreprises qui fournissent des produits de qualité mais qui doivent prendre des mesures correctives pour atteindre ce score de 60 %. Avant la signature de ce protocole d’entente, les entreprises qui ne parvenaient pas à atteindre les 60 % se voyaient remettre un rapport avec des recommandations pour apporter des améliorations à leurs activités. Elles pouvaient, par la suite, postuler à nouveau après avoir mis en oeuvre les changements nécessaires pour répondre au cahier de charges.

«Nous avons cherché une solution pour leur permettre d’atteindre les 60 % et d’obtenir le label. Ainsi, à partir de ce mois-ci, nous proposons, en partenariat avec le NPCC, un accompagnement des PME, si nécessaire, pour leur permettre de répondre au cahier des charges de «Made in Moris». Ce nouveau partenariat permettra d’aider les PME à monter en compétence», explique Shirin Gunny. Et d’ajouter que, dans la pratique, cela signifie que toutes les PME ayant fait la demande d’adhésion au «Made in Moris» et qui respectent les deux critères d’éligibilité essentiels, soit la valeur ajoutée et la transformation, se verront octroyer le label à un moment, grâce à l’accompagnement du NPCC.

Autre changement : un nouveau processus pour une demande d’adhésion au label. «Auparavant, la visite de conformité se faisait uniquementaprès l’étape d’auto-évaluation. Or, cette visite de terrain est essentielle pour comprendre les activités de l’entrepreneur, l’histoire de son entreprise, ses forces et ses faiblesses et aussi pour déterminer la motivation de l’entrepreneur à obtenir le label. Désormais, cette visite de conformité se fait dès lors que la PME atteste des deux critères d’éligibilité», explique la directrice du label.

Qui sont les candidats au Label ?

Des entreprises, Rosida Dhookhun, Senior Lead Auditor and Trainer chez SGS, en a visité beaucoup depuis le lancement du label en 2013. Sa première observation : ce n’est pas tant la taille de l’entreprise qui détermine sa capacité à respecter le cahier des charges. Si les grands industriels ont souvent un circuit bien rodé, certaines petites entreprises parviennent tout de même à sortir leur épingle du jeu. Cela dépend surtout du secteur et des marchés sur lesquels elles opèrent, dit-elle. «J’ai eu l’occasion de visiter des microentreprises qui sont dans l’exportation et qui maîtrisent très bien les procédures», affirme-t-elle.

Parmi les secteurs qui affichent les plus forts taux d’adhésion, il y a celui des produits chimiques et industriels, la production dans ce secteur exigeant de facto le respect des dosages, des normes de sécurité, tout en ayant un certain nombre de permis.

Le parcours professionnel d’un entrepreneur joue également un rôle important. «Ceux qui ont travaillé dans plusieurs entreprises avant de se lancer à leur propre compte ont tendance à mieux maîtriser les procédures que ceux qui n’ont connu que leurs entreprises », explique-t-elle. Le secteur dans lequel elle a souvent observé des lacunes est surtout celui de l’alimentation dans lequel oeuvrent de nombreuses entreprises familiales.

Les manquements récurrents observés au cours de ses visites, tous secteurs confondus, sont : la maintenance des machines, le contrôle au cours du processus de production, notamment dans la production d’aliments, ainsi que la planification de la production pour répondre au carnet de commande. Ce qui est important, dit-elle, c’est que les entreprises planifient leur développement sur le long terme, que ce soit en termes d’infrastructure, de diversification de marchés, de la relève au niveau de la main-d’oeuvre, surtout dans les entreprises familiales.

«Notre rôle chez SGS n’est pas de faire des inspections «punitives’ »mais plutôt d’aider les entreprises à améliorer leurs activités. Nous nous posons, à ce titre, comme des coachs auprès des entrepreneurs», avance la Senior Lead Auditor and Trainer de SGS.

Promotion

Il semblerait que le label ait un agenda bien rempli pour cette année, voire l’année prochaine. «Made in Moris» sera, en effet, parmi les exposants du SME Technology and Innovation Fair qui se tiendra de vendredi à dimanche au Swami Vivekananda International Convention Centre (SVICC). «Il faut souligner que c’est le label «Made in Moris» qui participe au Salon. Cette fois, il ne s’agit pas de faire la promotion des marques labellisées mais plutôt la promotion du label lui-même. C’est l’occasion pour le label de se positionner comme un outil innovant pour la valorisation des PME. Nous voulons nous rapprocher davantage des entrepreneurs, de ceux qui aspirent à créer des entreprises, des startups», explique Shirin Gunny. Une deuxième édition du Grand Jeu «Made in Moris» est également prévue cette année, tout comme le lancement d’une application ainsi que la mise en place de partenariats stratégiques. L’AMM compte, par ailleurs, élargir l’offre des marques labellisées et accroître la visibilité des entreprises locales. C’est sans compter la création d’une plateforme de formation pour les PME et l’élaboration d’une stratégie d’exportation pour les marques labellisées vers le continent africain «Nous commençons à préparer le Salon «Made in Moris» 2018 où nous célèbrerons les 50 ans de la production locale», annonce Shirin Gunny.

Mode d’emploi

Pour obtenir le label «Made in Moris», le demandeur doit d’abord remplir un formulaire d’adhésion et une fiche d’auto-évaluation. «Après analyse de la fiche d’auto-évaluation, une visite de conformité (par SGS et «Made in Moris») a lieu dans l’entreprise pour déterminer si elle respecte notre cahier des charges. Il faut atteindre un score de 60 % pour obtenir le label», explique la directrice du label. Les critères à respecter appartiennent à deux catégories : ceux qui sont obligatoires et qui s’appliquent à toutes les entreprises, et ceux qui sont spécifiques à chaque secteur représenté. Ils se déclinent comme suit :

Les critères obligatoires s’appliquant à l’entreprise

Les critères obligatoires doivent être respectés dans leur totalité par ceux qui souhaitent être éligibles à la marque, et comprennent l’ensemble des éléments suivants :

(i) Compagnie, à Maurice justifiant d’un Business Registration Number (BRN), d’un certificat d’incorporation, d’un permis d’opération, d’une licence de commerce et des numéros «VAT» et «Taxe». Pour les industries créatives, association ou fondation dûment enregistrée au Registrar of Associations.

(ii) Compagnie ou association ou fondation en règle vis-à-vis de ses obligations légales.

(iii) Compagnie justifiant de la propriété ou du contrat de licence de la marque pour laquelle est formulée la demande.

(iv) Certificat de dépôt de l’oeuvre auprès des sociétés d’auteurs

(Ex: MRMS) ou contrat de cession de droits entre le producteur ou l’auteur.

Critères obligatoires s’appliquant aux produits agro-alimentaires et industriels :

  • Au moins 80 % du chiffre d’affaires de la marque de produit qui sollicite le logo est fabriqué localement.
  • Taux minimum de valeur ajoutée de 25 % (selon un calcul comptable).
  • Ou changement de code tarifaire (HS Code) entre les intrants majeurs et le produit fini attestant de la transformation.

Les critères obligatoires s’appliquant aux produits des industries culturelles et de la création

  • 80 % des dépenses de la production sont réalisées à Maurice.
  • Volonté affichée de mise en valeur des artistes ou créateurs de Maurice.

L’aspect qualité

L’entreprise aura à justifier d’une démarche de qualité avérée selon les critères vérifiés lors de la visite d’inspection qui précède l’adhésion.

L’amélioration continue

La fiche d’inspection est dotée d’un système de notation afin d’aider l’entreprise à savoir où elle se situe par rapport à l’attribution de la marque, et ainsi de s’améliorer. Le rapport d’évaluation nécessite les minima suivants : 100 % pour les critères obligatoires. 60 % pour les critères liés au système de production. 60 % de moyenne générale.

Source : «Made in Moris»

Qu’est-ce que c’est ?

Lancé en 2013 par l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM), le «Made in Moris» est un logo qui atteste de l’origine locale d’un produit, selon des critères de transformation et de valeur ajoutée. Il est soumis à un cahier des charges précis. Le processus est réalisé avec le soutien de SGS, un des leaders mondiaux en matière d’inspection, de vérification, d’analyse et de certification. Cinq secteurs sont représentés sous le label «Made in Moris», à savoir : l’agroalimentaire, le secteur industriel, le textile, les industries culturelles et créatives et le secteur agricole, tout dernier secteur à avoir été labellisé. Les marques internationales fabriquées sous franchise sont également éligibles pour la labellisation. Pourquoi ? «Parce que nous défendons avant tout les emplois. C’est pour cela que nous accueillons des marques franchisées», explique Shirin Gunny.

Text by lexpress.mu

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