Si dans le camp du gouvernement on se réjouit de cette aide, du côté des sceptiques, on s’interroge sur cette grande, très grande générosité. Quelles sont les conditions qui y sont rattachées ? Qu’attend donc la Grande péninsule en retour ?
Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell, il y a plusieurs facteurs qui expliquent cette relation privilégiée. «Nous avons un lien particulier avec l’Inde en raison de notre peuplement. Mais elle veut également affirmer sa présence dans l’océan Indien. Raison pour laquelle elle a signé un accord sur la sécurité maritime avec Maurice.»
Vijay Makhan, porte-parole du MMM sur le dossier des affaires étrangères, a une autre lecture des données. «Nous savons tous qu’il y a une course entre la Chine et l’Inde, qui veulent toutes deux faire sentir leur présence dans cette partie du monde.»
D’ailleurs, dans un article paru le 24 mai dans le journal indien Economic Times, le journaliste Dipanjan Roy Chaudhry écrit ceci : “India has a strong defence partnership with the Indian diaspora-dominated nation, and counts it among its top sources of Foreign Direct Investment”. Et de poursuivre, plus loin : “While China’s strategic partnership with Mauritius is still low key – unlike Myanmar, Pakistan and Maldives – India is in no mood to cede space to Beijing in the Indian Ocean Region. India wants to emerge as the net security provider in the IOR”
Retour à Maurice. Mahen Jhugroo soutient, pour sa part, que l’Inde a toujours répondu à l’appel du gouvernement mauricien. «Et elle a une fois de plus démontré sa grandeur d’âme envers nous.» L’Inde n’a donc pas de visée sur Agaléga ? «Non», affirme le ministre des Collectivités locales. «Elle veut simplement apporter son aide en y faisant construire une jetée et une piste d’atterrissage.»
N’empêche que les zones d’ombre demeurent nombreuses. D’autant plus que, selon des informations disponibles, hormis la piste d’atterrissage, la jetée en question sera de «world class standard» croit savoir une source bien informée. Les deux projets nécessiteront dès lors des investissements colossaux. Pourquoi injecter de telles sommes d’argent dans des infrastructures sur une île qui compte 280 âmes ? La logique voudrait donc que les Indiens puissent utiliser ces facilités, destinées probablement à simplifier le travail de leurs bateaux de surveillance.
D’autres sources du côté de la Grande péninsule, cette fois, affirment, pour leur part, que les infrastructures agaléennes seront utilisées à des fins hydrographiques (NdlR, topographie maritime qui a pour objet de lever le plan du fond des mers, notamment). L’Inde chercherait-elle du pétrole dans nos eaux, comme l’affirment des Internautes ? Mystère et boule de gomme. Pour l’instant.
On se contente de nous expliquer que, la Zone économique exclusive de Maurice étant vaste et dépourvue d’une «military defence», ces infrastructures ne peuvent «qu’aider les deux pays». Des arguments tels que la présence de pirates somaliens, de trafiquants de drogue ou encore de braconniers ont été mis en avant pour justifier la présence indienne dans la région.
Par ailleurs, pour découvrir un autre projet qui intéresse l’Inde de près, il faut se rendre à Albion. Des négociations entre les deux pays iraient bon train au sujet d’une plateforme pour le «bunkering» de produits pétroliers. Le but étant d’approvisionner des navires mauriciens, certes, mais indiens aussi…
A quoi servira l’argent?
L’argent prêté par l’Inde servira-t-il à rembourser les victimes du Su per Cash Back Gold et de Bramer - Asset Mangement, qui ont mis fin à leur grève de la faim après 13 jours, la semaine dernière Rien n’est moins sûr, même si ? Pravind Jugnauth leur avait pro mis qu’il allait «demander l’aide» - de la Grande péninsule. Quoi qu’il en soit, pour le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, «aucun ministre des Finances qui se respecte n’aurait accepté un tel prêt. Avec l’excès de liquidités dont dispose la Banque de - Maurice, on aurait pu utiliser cet argent au lieu d’aller accumuler des dettes pour le pays».