Le Dr Joshan Soorjee, un des 160 médecins au chômage, a raconté son histoire à l’express. Mercredi 14 mai, c’est à un entretien d’embauche dans un... centre d’appels qu’il se rendait pour espérer gagner sa croûte.
Les 160 anciens internes ont été enregistrés auprès du Medical Council le 10 février. Joshan Soorjee explique qu’il a complété son internat en décembre de l’année dernière, à l’hôpital du Nord, et que depuis, les choses sont plutôt moroses.
«Les cliniques et la Santé ne recrutent pas, donc la seule option c’est le private practice, raconte le jeune médecin, mais c’est impossible de survivre dans ce champ quand on vient de démarrer. Les gens ne vous connaissent pas et préféreront toujours celui qui a 25 ans d’expérience.»
Joshan loue un cabinet à Goodlands où il opère du lundi au samedi pendant la journée. «Le soir, ce sont des spécialistes qui sont là», explique-t-il. Mais les affaires marchent mal. «Cela fait une semaine que je n’ai pas eu un seul patient. En un mois, je n’ai pas plus de Rs 2 000 de revenus. » À Rs 300 la consultation, cela fait moins de sept patients en un mois.
La solution ? Un centre d’appels. Alternative qui devient de plus en plus la norme pour les jeunes médecins qualifiés à Maurice. «Aujourd’hui (NdlR, hier), je me rends à un entretien d’embauche à un centre d’appels qui cherche des russian speakers», révèle Joshan Soorjee.
Ses six ans d’études en Biélorussie lui donnent une chance de décrocher le job. Si c’est le cas, il mise sur le shift de nuit qui lui permettrait de continuer à exercer pendant au moins une demi-journée dans son cabinet. «Je suis déçu de cette situation, mais malheureusement, elle est loin d’être exceptionnelle, fait remarquer notre interlocuteur. Plusieurs sont dans la même
situation. Certains attendent depuis deux ans.»
Ces difficultés ont bien entendu un impact sur le reste de la famille. À 27 ans, alors qu’il est un médecin qualifié, Joshan vit encore chez ses parents, à Cottage. «Mon père a 67 ans, mais il doit continuer à travailler comme conducteur d’autobus», raconte le jeune homme.
Après avoir financé six ans d’études au coût de Rs 1,5 million et attendu presque deux ans qu’il complète son internat de janvier 2012 à décembre 2013, son père attend désespérément que son fils puisse enfin vivre de son métier.