Archive Photo: Government House, Port Louis
Aussitôt entériné l’amendement de la Constitution permettant de passer d’un régime westminstérien à un régime semi présidentiel, Navin Ramgoolam, s’il est élu au suffrage universel à un tour, aura beaucoup plus de pouvoirs entre les mains. De son côté, le Premier ministre, s’il aura toujours pour tâche de diriger le gouvernement, devra le faire en consultation avec le Président. Ce dernier pourra, dans cette conjoncture, user de son influence sur n’importe quel dossier s’il le souhaite.
Sous le système actuel, le Président n’a aucun pouvoir de nomination et de pouvoir exécutif. Mais le «super Président» de la IIe République pourra nommer le Premier ministre et devra ratifier la nomination des ministres choisis par ce dernier. Il pourra également révoquer le chef du gouvernement et, à la demande du PM, les ministres.
Autres nouveaux pouvoirs : dissoudre l’Assemblée nationale, présider quant il le souhaite le Conseil des ministres et s’adresser au Parlement s’il en a envie… La politique étrangère tombera aussi dans son escarcelle, ainsi qu’une pléiade de nouvelles prérogatives de nominations.
En consultation avec le PM, le Président pourra également nommer ceux qui siégeront aux postes constitutionnels, le gouverneur de la Banque de Maurice et son adjoint, le directeur de l’Audit, le directeur général et les membres du board de la MBC, le responsable et l’exécutif du board du futur Serious Fraud Office. Il aura par ailleurs son mot à dire quant aux nominations du commissaire de police, le secrétaire au cabinet, les Senior Chief Executives, les secrétaires permanents et les assistants secrétaires permanents.
Face à un Président jouissant de tant de pouvoirs, le futur PM de la IIe République fait plutôt pâle figure. Il aura pour tâches principales de diriger le gouvernement, choisir les ministres (qui sont ensuite nommés par le gouvernement), présider le Conseil des ministres (si le Président choisi décide de ne pas le faire), et discuter des grandes orientations stratégiques nationales avec le Président. Certains pensent déjà que si le scénario ficelé par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger se réalise, ce dernier fera figure de marionnette entre les mains d’un Président tout-puissant.
Pour faire taire les sceptiques, le leader du MMM animera une conférence de presse demain, mardi 9 septembre. Le but : convaincre les partisans mauves qu’ils ne perdront pas au change en entérinant cet accord.
Cette sortie de Paul Bérenger intervient à quelques jours seulement du dernier obstacle qui se dresse devant le tsunami rouge et mauve : l’assemblée des délégués du MMM. Celle-là même qui avait voté, il y a peu, pour l’arrêt définitif des discussions d’alliance avec le PTr. Le potentiel futur ex-leader de l’opposition parviendra-t-il à ses fins ?