Pradeep Roopun, Ministre de l’Intégration Sociale : «Les Effectifs sur le Terrain Sont Insuffisants»

> Qu’avez-vous fait depuis que vous êtes en fonction ?

J’ai commencé un état des lieux en rencontrant les fonctionnaires du ministère, en lisant des  rapports et des articles de presse des six mois derniers. J’ai pris contact avec quelques fonctionnaires de la National Empowerment Foundation (NEF) mais à ce stade, je n’ai pas eu envie de bousculer et de déranger le travail de la NEF avant que la distribution de matériel scolaire aux enfants démunis ne soit terminée. Une fois que ce sera fait, je me rendrai à la NEF pour discuter avec les fonctionnaires et voir ce qu’il y a à faire. Mais dès mon arrivée au ministère, j’ai reçu des visites de personnes me mettant en garde contre X et Y, ainsi que des lettres de dénonciation anonymes. Je suppose que cela vient avec la prise de fonctions mais je ne suis pas pour le sensationnalisme. Chacun a son style de travail. J’essaie d’être discret et de faire mon travail au mieux.

> Qu’avez-vous remarqué lors de votre état des lieux ?

J’ai noté que le problème de l’exclusion et de la pauvreté est multidimensionnel et exigera la collaboration des ministères de l’Éducation, de la Sécurité sociale, des Finances, du Logement et des Terres et même de la National Development Unit. J’ai aussi noté une absence flagrante de données. Tout comme j’ai l’impression que les effectifs sur le terrain sont insuffisants. Imaginez un Field Worker pour plus de 400 personnes ! Il y a un travail en profondeur  à faire. Je reverrai les programmes existants pour jauger de leur application et de leur efficacité auprès des bénéficiaires et là où il y a des changements à apporter pour que la justice sociale prime, je le ferai. La mission du ministère n’est pas de faire de l’assistanat mais d’autonomiser.

> Quelles seront vos priorités ?

Je mettrai l’accent sur l’éducation des enfants vulnérables et la formation continue pour ceux au bas de l’échelle afin d’améliorer leurs conditions de vie et favoriser leur autonomisation économique.

> Allez-vous recruter pour pallier le manque d’effectifs sur le terrain ?

Je vais d’abord voir s’il y a des fonctionnaires, à mon ministère et à la NEF, qui peuvent être redéployés car on ne peut recruter à tort et à travers. Mais s’il y a lieu  de le faire, je le ferai.

> Quelles ont été vos premières actions ?

Je suis en pleine distribution de matériel scolaire aux enfants défavorisés. Celle-ci se fait généralement au début de décembre mais avec les élections, l’exercice a été retardé. Nous avons démarré à Rivière-Noire où la pauvreté est plus vive et à Bambous etdepuis, nous continuons ailleurs. Jusqu’ici, 10 376 enfants en ont bénéficié. Il reste encore plus de 16 624 enfants vulnérables en attente. On veut essayer de terminer au plus tard le 15 janvier. Malheureusement la rentrée est le 12 mais nous faisons le maximum pour activer les choses.

> Votre prédécesseur tenait la presse à une distance respectable. Allez- vous faire comme lui ?

Je suis surpris car la lutte contre l’exclusion et la pauvreté demandent la collaboration de tout un chacun. J’adopterai une politique d’ouverture vis-à-vis de tous ceux qui ont à coeur la lutte contre la pauvreté et l’exclusion et la presse en fait partie.

C’est dans les journaux que j’ai récemment appris le cas d’une femme qui a un enfant handicapé et qui n’a pas de maison. Elle n’a qu’un lopin de terre. J’ai demandé un résumé du cas et j’ai dû m’y prendre à deux fois pour obtenir un résumé correct. J’ai appris que cette dame avait fait une demande de Housing Support le 25 juin 2014 et soumis tous ses documents un mois plus tard. Sa demande a été approuvée le 5 septembre mais elle n’a rien perçu en raison de contraintes budgétaires. Je vais enquêter pour voir où il y a eu des lacunes. Si la presse n’avait pas écrit sur ce cas, je n’en aurais pas été informé. Mon action nécessitera également la collaboration des organisations non gouvernementales que je compte rencontrer bientôt.