Il a dorénavant à sa charge les postes de Premier ministre, ministre de la défense, de l’intérieur, de Rodrigues, des Finances, avec aussi sous sa tutelle la NDU, Air Mauritius, la MBC et l’ICTA.
Vishnu Lutchmeenaraidoo a été recasé aux Affaires étrangères, intégration régionale et commerce international. Dans la foulée, Étienne Sinatambou passe au ministère de la Technologie, de la communication et de l’innovation. Que pensent les politiciens, entre autres, de ce remaniement? Tour d'horizon.
Le MMM : «Cela ne se limite pas à Vishnu Lutchmeenaraidoo»
Sollicités par l’express lundi, Paul Bérenger et Ajay Gunness, leader et secrétaire général du MMM, ont indiqué que le parti se prononcera officiellement mardi lors d’une conférence de presse. Selon une source au sein des mauves, «ça ne se limite pas à Vishnu Lutchmeenaraidoo, la situation politique a été discutée en long et en large. Nous avons partagé des informations et nos analyses de cette situation».
Si on parle au MMM d’une sanction contre Vishnu Lutchmeenaraidoo, cette annonce du Premier ministre ne serait pas non plus à l’avantage de Roshi Bhadain et d’Étienne Sinatambou. «Bhadain a perdu la MBC et Sinatambou sera ministre des TCI sans l’ICTA sous sa responsabilité», fait ressortir notre interlocuteur.
Nando Bodha, ministre du Transport et secrétaire général du MSM: «Tout ira vite»
«Un tête-à-tête entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et le Premier ministre était nécessaire. Des réunions ont eu lieu et la décision a été prise par le PM. Il a développé deux choses aujourd’hui (NdlR lundi 14 mars). La première c’est qu’il va accomplir son mandat politique et moral comme le lui a accordé la population le 10 décembre 2014. Il assure son leadership. Et puis, il y a l’investissement et la création d’emplois, les projets que le PM lui-même pilotera personnellement, dont le Road Decongestion Programme. C’est une excellente chose car tout ira vite.»
Xavier-Luc Duval, ministre du Tourisme et leader du PMSD : «Heureux»
«Je suis heureux qu’une solution satisfaisante ait été trouvée. Le travail continue.»
Roshi Bhadain, ministre des Services financiers : «Il n’y a jamais eu de froid»
«À deux reprises, j’ai répondu à des questions des journalistes. Il n’y a jamais eu de froid entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et moi.» C’est ce que Roshi Bhadain a affirmé sur les ondes de Radio Plus, lundi après-midi. Il a expliqué que le ministère des Finances a un agenda économique et que celui des Services financiers a un agenda propre à lui. Roshi Bhadain a également soutenu que c’est la presse qui a créé des spéculations et qui a commenté ces mêmes spéculations.
Ivan Collendavelloo, ministre de l’Énergie et leader du ML : «Le PM m’a juste informé»
«Le Premier ministre m’a informé de sa décision. Je fais bien la nuance. Il ne m’a pas consulté, mais il m’a informé. C’est sa prérogative. Nous prenons acte. Je n’ai aucune intention de m’exclure du Cabinet.»
Vishnu Lutchmeenaraidoo : «SAJ a utilisé ses prérogatives de Premier ministre»
«Sir Anerood Jugnauth a utilisé ses prérogatives de Premier ministre pour procéder à un mini remaniement ministériel. Il m’a relevé de mes fonctions de ministre des Finances et m’a confié le ministère des Affaires étrangères que j’ai accepté.» C’est par le biais de sa page officielle Facebook que l’ex-ministre des Finances a réagi, quelques heures après l’annonce du Premier ministre. Sollicité quelques minutes après l’annonce, le service de communication de Vishnu Lutchmeenaraidoo n’avait pas fait de commentaires, arguant que la réaction du ministre allait se faire sur sa page Facebook officielle.
Alain Wong, ministre de la Fonction publique : «Il est temps de regarder devant»
«Je suis heureux qu’une solution ait été trouvée. Il est maintenant temps de regarder devant et continuer le travail qui a été entrepris.»
Sunil Bholah, ministre des Coopératives: «On a une belle équipe»
«Je suis de tout cœur avec le Premier ministre. Je suis d’accord avec les décisions qu’il a prises. On a une belle équipe. Mes relations avec Vishnu Lutchmeenaraidoo sont très professionnelles.»
Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie : «SAJ pourra assumer le poste aux Finances»
«Ce que le Premier ministre a fait est juste. Vishnu Lutchmeenaraidoo a dit qu'il était fatigué. Le travail se poursuivra en équipe. Le Premier ministre pourra assumer le poste de ministres des Finances, il en a les compétences. Il l'a d’ailleurs prouvé dans le passé.»
Soodesh Callichurn, ministre du Travail : «Nous sommes d’accord»
«Je fais confiance au Premier ministre. Nous sommes tous d’accord avec cette décision.»
Dev Manraj, secrétaire financier : «Business more than usual»
S’il existait un point commun entre Vishnu Lutchmeenaraidoo et Roshi Bhadain jusqu’à lundi, c’est bien Dev Manraj. Le secrétaire financier, qui est aussi le président de la Financial Services Commission, jongle entre les Finances et les Services financiers. Avec la mutation de Vishnu Lutchmeenaraidoo aux Affaires étrangères, c’est désormais avec le Premier ministre que Dev Manraj est appelé à travailler. D’ailleurs, les échanges entre les deux hommes ont déjà démarré. «Nous avons parlé des rouages de l’administration du ministère des Finances. Nous sommes bien partis pour travailler pour le développement du pays.»
Malgré la réattribution des cartes au ministère des Finances, pour le secrétaire financier, c’est «business more than usual». Les consultations pré-budgetaires sont enclenchées. «Aux Finances, nous avons toujours séparé la politique et le fonctionnement du ministère», a-t-il tenu à préciser. Selon lui, les Finances seront dans les temps pour la présentation du budget en juin.
Navin Ramgoolam, leader du PTr : «Il faut qu’on analyse»
Interrogé peu après l’annonce du léger remaniement ministériel, le leader du PTr Navin Ramgoolam a dit ne pouvoir réagir à chaud à l’évènement. «Je dois rencontrer le bureau politique du PTr avant de pouvoir réagir. Il faut qu’on analyse les tenants et aboutissants de cette décision avant de donner notre point de vue.»
Shakeel Mohamed, chef de file travailliste au Parlement : «Une farce»
«Ce remaniement est une farce. Nous avons assisté à une séance de chaises musicales ministérielles. Le peuple est comme zako dan lamizik. Mais la stratégie du Premier ministre est claire. Roshi Bhadain a été décoré de la plus haute distinction car le PM savait qu’il n’allait pas lui donner le portefeuille des Finances et qu’il allait lui enlever le ministère de la TCI et la MBC. Avec ce plan, Vishnu Lutchmeenaraidoo est aussi apaisé et ne démissionne pas, car en cas d’élection partielle au n° 7, l’alliance Lepep allait échouer.»
Arvin Boolell, membre du PTr : «Une moquerie»
«Ce n’est pas un remaniement, c’est une moquerie, une rupture totale par rapport aux promesses électorales. Si ces dirigeants avaient un peu de décence, ils auraient demandé la dissolution du Parlement.»
Désormais, vous vous retrouvez à la tête du portefeuille du ministère de la Technologie, de la communication et de l’innovation. Votre réaction ?
Si l’on écoute la conférence de presse du Premier ministre, on comprend bien qu’il a reçu une requête du ministre des Finances, M. Lutchmeenaraidoo, pour être relevé de ses fonctions. Le Premier ministre détient toutes les prérogatives en ce qui concerne les nominations et il a accédé à la requête de M. Lutchmeenaraidoo. Mon ami et collègue M. Lutchmeenaraidoo a aussi émis le souhait de devenir ministre des Affaires étrangères et le Premier ministre a accédé à sa demande.
À présent, il faut comprendre que les deux sont mes seniors. Le Premier ministre a plus de 85 ans et il a toutes les prérogatives, pour moi c’est automatique. La question ne se pose même pas. Similairement, le ministre Lutchmeenaraidoo a 70 ans et il est mon senior. C’est avec un grand plaisir que j’accueille la décision.
Si je peux être utile à mon pays et montrer mon respect à ma hiérarchie, envers mon Premier ministre, je le fais avec plaisir.
Quel est le sentiment qui vous anime en pensant que vous irez possiblement vous heurter à des fonctionnaires mécontents ?
Premièrement, je ne sais pas d’où vous tenez cela. Parce que je suis connu pour être un hardworker. Donc, les seuls fonctionnaires qui sont mécontents sont ceux qui ne sont pas des hardworkers. Au cas contraire, tous les fonctionnaires get along avec moi. Je peux vous donner un exemple, au ministère des Affaires étrangères, il y a à peu près 200 diplomates et tout le monde sait qu’il n’y a que quatre personnes qui ne s’entendent pas bien avec moi. C’est parce qu’avec elles, j’ai eu des divergences sur leur méthode de travail, sur leur attitude au travail. Sinon les autres font un travail excellent. Ils sont satisfaits de mon travail.
Je ne crois pas qu’au ministère de la TCI, il y ait des fonctionnaires mécontents, sauf s’ils ne veulent pas travailler. Moi, je pense que je peux dire avec sérénité que si je vais au ministère de la TCI à la demande du Premier ministre, c’est un honneur. Quand vous êtes au service du pays, peu importe votre fonction, c’est un honneur.
Un pincement au cœur de quitter les Affaires étrangères quand même ?
S’il y a eu un pincement au cœur, je dirais que c’est par rapport aux jeunes que j’ai rencontrés ici. Surtout les seconds et les premiers secrétaires. Ils m’ont toujours dit qu’ils ont apprécié l’équité, la transparence que j’ai apportée au ministère. Que ce soit en ce qui concerne les cours, les missions ou les conférences, pour leur affectation aux ambassades de Maurice à l’étranger. C’était un plaisir de travailler avec ces jeunes. On voit bien leur volonté de servir leur pays. C’est le seul pincement au cœur mais cela dit, je pense qu’il y en aura autant au ministère de la TCI. Je pense que c’est un ministère qui regroupe beaucoup de jeunes et ce qui me manque ici, je le retrouverai là-bas.