Echouage Du MV Benita: Virgin Oil À La Rescousse Des Huiles Lourdes

C’est la même scène qui se déroule au quotidien. Vers 10 heures, l’hélicoptère Dhruv et le Chetak soulèvent une tonne de fioul du vraquier pour la déposer sur le terrain de foot à quelques mètres de la plage publique. Ensuite, ces Cubitainers (récipients de plastique servant au transport des liquides) sont entreposés avec la plus grande précaution dans des camions. Direction: la raffinerie Virgin Oil (Mauritius) Ltd, dissimulée dans les champs de canne de Montagne-Blanche.

Que devient cette huile lourde transportée à la raffinerie? Où est-elle stockée? Quelles sont les précautions prises? L’express s’est rendu à la raffinerie pour une visite des lieux, le jeudi 30 juin.

Jayesh Ajwani, Chairman de Virgin Oil Company (Mauritius) Ltd, nous explique que Virgin Oil, qui existe à Maurice depuis 2012, est l’unique raffinerie qui traite de l’huile, des huiles usées et du cambouis sur l’ensemble du pays. «Nous collectons l’huile et la raffinons selon les normes internationales et les lignes directrices des raffineries. La technologie est mise en valeur par la Banque mondiale. C’est 100% eco-friendly avec zéro déchet.»

Dans la cour, à côté des cuves pour la raffinerie sont entreposés des Cubitainers remplis à 85%. Sur chacun d’eux sont inscrits lisiblement le nom du vraquier et la date exacte de dépôt. Chaque Cubitainer est scellé et posé sur du plastique, afin de prévenir toute fuite. À l’ouverture de l’un d’eux, l’odeur de l’huile lourde titille les narines. La couleur noirâtre du liquide visqueux fait frémir. «Si l’huile s’était déversée dans la mer, cela aurait été une vraie marée noire. Une catastrophe pour l’environnement marin, le tourisme», affirme le Chairman.

C’est le département Shipping du ministère de la Pêche qui s’est tourné vers la raffinerie Virgin Oil pour le stockage des huiles lourdes. «On nous a dit de prendre toute la cargaison d’huile. Nous attendons de la recevoir. Jusqu’aujourd’hui, nous avons 132 cuves. Nous attendons le feu vert des autorités pour aller de l’avant avec le raffinage.»

«Le seul choix»

Selon le Chairman, Virgin Oil a été «le seul choix» car il y a une «seule raffinerie». De plus, la décision du Conseil des ministres du 6 mai stipule que toutes les huiles du pays doivent passer par une seule raffinerie. «C’est pour cela qu’on est le seul choix.» Autre particularité: Virgin Oil est la seule raffinerie d’huile de l’océan Indien, fait valoir Jayesh Ajwani.

Pour ce ressortissant indien, originaire de l’État du Gujerat, récupérer l’huile du vraquier «n’est pas un business» mais vise à assurer «la sécurité du pays». Sa raffinerie a une capacité de stockage de plus de 500 000 litres pour le moment. Dans trois mois, elle atteindra les deux millions de litres. «Peu importe le désastre qui se produit en mer, on peut le gérer.» Toutefois, il faut facturer le raffinage d’huile du MV Benita. «Ce n’est encore pas très clair. Il faut attendre les autorités.»

Aussitôt le feu vert des autorités reçu, chaque cuve d’huile du MV Benita aura un testing report. Après l’analyse, les huiles seront envoyées à la raffinerie. Notre interlocuteur explique qu’il faut tout d’abord enlever l’eau qui s’est mélangée, les polluants et les solvants. Ensuite, chauffer l’huile à 320 degrés Celsius à travers une distillation sous vide (vacuum distillation).

Virgin Oil (Mauritius) Ltd produit 50 000 litres d’huile lourde raffinée, de diesel et de lubrifiants par jour et qui sont commercialisés sur le marché local à travers Hassamal Petro. S’agissant de l’exportation, le commerce se fait à travers Dubaï.