Ce rapport de 25 pages en date du 4 août 2016, porte, comme tout indiquait jusqu’ici, la signature de Gérard Sanspeur. Il a été soumis au ministre des Finances, Pravind Jugnauth, et au secrétaire financier Dev Manraj, à la veille de la réunion du Conseil des ministres du 5 août. Réunion houleuse où le gel du projet a été avalisé.
Ce rapport final vient authentifier les huit arguments du Senior Adviser du ministre des Finances circulés jusqu’ici. Arguments visant à faire remonter à la surface la mauvaise gestion du projet Heritage City.
Toutefois, ce rapport n’est que la suite d’une série d’échanges entre Pravind Jugnauth, Dev Manraj et Gérard Sanspeur sur ce projet aujourd’hui mort-né. Des échanges qui ont démarré peu après le retour du leader du Mouvement socialiste militant aux Finances, le 25 mai.
De source autorisée à l’hôtel du gouvernement, on parle même de «pressions» exercées avant la présentation du Budget pour que la totalité des Rs 12,7 milliards reçues de l’Inde soit injectées dans Heritage City. Gérard Sanspeur y a objecté. Dans un courriel en date du 18 mai (NdlR : dont l’express a pu se procurer une copie) et adressé au secrétaire financier, le Senior Adviser du ministre des Finances lui fait une série de propositions pour le financement de Heritage City autre que de recourir au don indien de Rs 12,7 milliards.
Il propose notamment, l’adoption du plan de financement initial. En l’occurrence, des syndicated loans et des redeemable preferential shares (actions privilégiées rachetables). Ou de permettre au secteur privé de développer les infrastructures commerciales.
Gérard Sanspeur suggère dans le même courriel que : «the one-off grant can therefore be judiciously used for other national projects of strategic importance namely, social housing and poverty alleviation, road decongestion programme, modernisation of the country’s infrastructure set-up (water, port, airport, road), education and health sectors».
Pravind Jugnauth, conciliant, comme le décrit son entourage, a, lui, voulu y voir plus clair. Il a demandé des chiffres. Notamment le montant des économies que réalisera l’État lorsque plusieurs ministères déménageront à Heritage City. Cet argument avait été avancé par un haut officiel des Finances pour justifier la raison pour laquelle il fallait allouer les Rs 12,7 milliards à Heritage City.
Cependant, le ministre des Finances n’obtiendra aucun chiffre. On lui informera seulement que le ministère des Infrastructures publiques n’est pas au courant des travaux additionnels d’infrastructures qui auraient coûté Rs 1,8 milliard. Voire, que cette somme n’a pas été budgétée dans l’exercice 2016-2017.
La suite, on la connaît. Pravind Jugnauth finira, après l’intervention de higher quarters, par faire des concessions. D’où les Rs 2,7 milliards initialement allouées à Heritage City dans le Budget.
Il a fallu deux semaines après le Budget pour que le projet soit enterré définitivement et que les Rs 2,7 milliards soient réallouées au projet Metro Express. Comme l’a annoncé le grand argentier à l’Assemblée nationale, mardi 16 août, lors de son résumé des débats budgétaires.
L’instigateur du projet Heritage City, le ministre Roshi Bhadain, a, quant à lui, fait une déposition contre Gérard Sanspeur, le jeudi 18 août.
Rapport Sanspeur : les huit arguments qui ont signé l’abandon du projet
Allouer le contrat du schéma directeur à Stree Consulting n’est pas justifié. L’accord G to G (Government to government) ne tient pas puisque le projet ne bénéficie d’aucun don des Émirats arabes unis.
«Flooding from failure of dam» n’est pas pris en compte dans le schéma directeur de Stree Consulting «who does not take any responsibility».