L'ACIM Evalue le Coût du Métro Léger à Rs 40 Mds

9 years, 5 months ago - October 28, 2014
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Jayen Chellum, secrétaire général de l’ACIM, propose que le projet de Mauritius Light Rapid Transit fasse l’objet de débats approfondis dans la nouvelle Assemblée nationale

L’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM), historiquement un des plus ardents opposants au projet de métro léger, monte au créneau dans une ultime tentative de faire obstacle à la réalisation de cet ambitieux projet dans le domaine de l’infrastructure. Après la publication dans l’édition de dimanche dernier de Week-End à l’effet que les procédures pour l’adjudication de ce contrat d’une valeur de Rs 24,8 milliards ont été déjà enclenchées, le secrétaire général de l’ACIM, Jayen Chellum, a adressé deux lettres offi cielles au président de la République, Kailash Purryag, et au Premier ministre, Navin Ramgoolam, respectivement pour leur demander offi ciellement de geler ces procédures. Il soutient que de nombreuses zones d’ombre demandent à être éclaircies et souhaite voir la nouvelle Assemblée nationale débattre de ce projet après les prochaines élections avant toute nouvelle décision.

L’ACIM s’insurge de façon véhémente contre le fait que l’allocation de ce contrat, l’un des plus coûteux de l’histoire des infrastructures publiques à Maurice, intervient à une période où l’Assemblée nationale a été dissoute et que le pays se prépare à aller aux élections. « We question the timeliness of going ahead with the most massive fi nancial project this country is embarking upon when Parliament has been dissolved and election is due at any time », écrit le secrétaire général de l’ACIM à l’intention du Premier ministre.

Le point de contention le plus fondamental avancé par l’ACIM pour remettre en question la mise à exécution du chantier du métro léger porte sur les estimations du coût. Jayen Chellum conteste de manière catégorique le chiffre de Rs 22 milliards avancé offi ciellement par les autorités jusqu’à tout récemment. Le chiffre avancé par l’ACIM est quasiment le double. « Whereas the government has systematically led the population to believe that the project cost will be Rs 22 billion, this organisation has scientifi cally and systematically argued that it would cost upwards of Rs 40 billion », fait-il comprendre en s’appuyant sur le Reference Class Forecasting.

Sonnette d’alarme

Ainsi, l’ACIM avance qu’il faut tenir en ligne de compte que les dépassements de coûts (Cost Overruns) lors de la réalisation de projets dans des économies émergentes sont de l’ordre de 65% et qu’à Maurice ce facteur atteint les 80%. « Hence, ACIM’s conservative estimate of the cost of implementing this project of around Rs 40 billion is nearer reality. This is easily one third of our national budget », devait-il ajouter.

Jayen Chellm s’interroge si desl’Allemagne sont susceptibles de s’engager dans une telle voie avec un tiers du budget national finançant un projet sans un débat national. Il tire la sonnette d’alarme sur les conséquences de ces dépenses qualifi ées d’excentriques, que ce soit sur le plan de la gestion du budget ou des services sociaux. « As a result of the massive fi nancial burden of this project, government may need to bring major cuts in the welfare services and the revamping thereof. Hence, quality and costs of these services will suffer and may cost more and would probably reduce in the extent of its provision », prévient-il.

Sérieux doutes

L’ACIM n’écarte pas la possibilité que le gouvernement soit appelé à identifi er de nouvelles sources de fi nancement pour accroître ses recettes avec les dépenses encourues pour le métro léger. « Taxes, duties and levies will be increased. A case in point is the price of petroleum product which costs much more than it should as a result of the heavy taxes on diesel and gas oil which are used as contributions to other fi scal measures », s’appesantit-il.

Auparavant, le secrétaire général de l’ACIM a exprimé de sérieux doutes au sujet des estimations des coûts d’opération de Rs 800 millions annuellement. Il maintient que le coût du ticket du métro pourrait être cinq fois supérieur aux tarifs d’autobus en vigueur en 2018. « Such a fare would be unsustainable without subsidies », dit-il en citant le cas du métro de Kuala Lumpur en Malaisie, où le ticket est fi xé à deux fois le coût du bus pour se retrouver avec des pertes de Rs 43 milliards après six ans d’opération.

Les hypothèses retenues par les consultants pour les besoins de l’étude de fi abilité sont contestées par l’ACIM, qui rappelle que le corridor entre Curepipe et Port-Louis comprend une population de 400 000 habitants pour une distance d’une trentaine de kilomètres. La rentabilité d’un tel projet est assurée avec une population d’au moins deux millions sur la moitié de la distance. « Clearly, there would not be enough patronage/ travellers to break-even, even taking into account an estimated tourist arrival of 1,5 million », avance-t-il en rappelant que même en 2050, la population de Maurice ne dépassera les 1,4 million.

Avant de s’attaquer à d’autres lacunes majeures dans le projet, l’ACIM attire l’attention sur le fait que trois passagers sur quatre voyageront debout, soit style portemanteau, dans les rames du métro léger et que la durée du trajet sera d’une heure au lieu des 32 minutes prévues sur le site web du gouvernement.

Dans la lettre au Premier ministre, l’ACIM critique le track record de la fi rme indienne choisie, Afcons Infrastructure Ltd, qui n’aurait construit qu’une station du métro de New Delhi. Jayen Chellum met en garde le gouvernement « not to link the LRT with other issues such as tax treaty on offshore and development of petroleum refi nery in their negotiations with the Indian minister ».

En conclusion, le secrétaire général de l’ACIM demande au chef du gouvernement de ne pas aller de l’avant avec la signature du contrat de métro léger et de donner une chance à la prochaine Assemblée nationale de débattre de la question et d’introduire des paramètres comme le Reference Class Forecasting et un Strategic Enviromental Assessment.

Au président de la République, l’ACIM souligne que « this project could bring an important divide in the unity of the country in the sense that the MRT would be a major transport system that would be urban based with fundamental socio-economic impacts that will affect the whole population, urban and rural ». Le secrétaire général de l’ACIM sollicite un entretien avec Kailash Purryag pour aborder le dossier du Mauritius Light Rapid Transit Project.

 

Text by Le Mauricien

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