Il était prévu que le parti se dote d’un nouveau QG très prochainement, a-t-il ainsi confié au bureau politique rouge, le samedi 14 février. S’il se tient à cette version, il est fort probable que des membres de l’exécutif du parti auraient à répondre aux questions des enquêteurs.
«Si cet argent appartient bien à quelqu’un, cela veut dire que l’exécutif devrait savoir d’où il vient. Le trésorier doit bien être au courant», souligne un légiste. Le PTr tiendrait bien des comptes, confie de son côté une source au sein des Rouges. Mais, d’après celle-ci, «seuls le leader et le trésorier seraient aptes à parler de la provenance des fonds. Les autres membres du parti ne savent rien». Jusqu’en décembre 2014, le trésorier du parti était Ah Fat Lan Hing Choy. Depuis sa démission, le poste est resté vacant. «Même si l’argent appartient au parti, c’est toujours à Navin Ramgoolam d’en expliquer la provenance en tant que leader», estiment néanmoins plusieurs sources.
En attendant que l’ancien PM donne sa version des faits, le CCID a de son côté sa petite idée sur le cheminement des devises vers les coffres-forts de Riverwalk. Le service dirigé par l’assistant commissaire de police (ACP) Heman Jangi soupçonne fortement l’ex-Premier ministre d’avoir perçu des commissions de firmes étrangères ayant obtenu de gros contrats de travaux publics.
De nombreux projets ont subi d’importantes variations de prix entre le début d’un chantier et sa livraison. Le CCID va se pencher sur des cas précis, et va également entendre des promoteurs étrangers ayant bénéficié de certaines largesses du gouvernement de Navin Ramgoolam. Un promoteur aurait déjà pris contact avec les autorités mauriciennes pour soutenir qu’une enveloppe de Rs 100 millions lui aurait été réclamée pour qu’il obtienne le feu vert nécessaire pour un projet immobilier grandiose à Port-Louis.
Le CCID va également étudier le projet IRS de l’ancien secrétaire d’État français aux Affaires étrangères, Renaud Muselier. Des commissions auraient été versées à Navin Ramgoolam pour la réalisation de Belle Rivière Estate, à Bel-Ombre, chose que dément le député européen. Le nom d’un ancien conseiller en communication français, nommé à l’ambassade de Maurice à Paris par Navin Ramgoolam contre un salaire mensuel de Rs 160 000, est aussi cité dans cette affaire.
En France, cet homme a déjà fait l’objet d’une enquête dans l’affaire Liliane Bettencourt, l’héritière de l’empire L’Oréal. Celle-ci le rémunérait mensuellement à hauteur de 80 000 euros (Rs 3,2 millions) pour des conseils en communication. Il était alors rattaché à l’agence Euro-RSC G, société ayant aidé l’ex-Premier ministre pour ses campagnes de 2000 et de 2010. Proche du grand patron d’un conglomérat local, il agirait comme «facilitateur» auprès de Navin Ramgoolam lors de ses déplacements dans la capitale française.